Le manque d'autonomie financière freine les femmes

L'Association des juristes sénégalaises (AJS) a présenté, hier, les résultats du projet dénommé " Politisons les femmes et les jeunes", qui vise à renforcer la participation politique de ces deux couches de la société dans les instances politiques de décisions. Il a été révélé que le manque d'autonomie financière sape à 78 % la représentation des femmes et l’analphabétisme les freine à 60 %.
Dans le cadre du projet "Politisons les femmes et les jeunes", l'Association des juristes sénégalaises (AJS), en partenariat avec l’ambassade du Royaume des Pays-Bas, a ciblé trois régions que sont Dakar, Ziguinchor et Matam pour y mener un projet visant à renforcer la participation politique des femmes et des jeunes dans les instances politiques de décision. Hier, au cours d'un atelier de partage des résultats dudit projet, il a été révélé que le manque d'autonomie financière affecte 78 % des femmes et l’analphabétisme 60 %.
Par exemple, d'après l'AJS, les réalités socioculturelles, quant à la gestion des terres familiales, favorisent les hommes au détriment des jeunes et des femmes. De même, indique-t-elle, "les lois sociales relatives à l'héritage excluent les femmes dans certaines communautés ou traditions. Dans la région de Matam, fait-on savoir, les barrières socioculturelles sont des freins à la volonté des femmes de faire manifester leurs droits et prérogatives que leur offre la loi sur la parité. Elles refusent de faire des recours, par peur d'être stigmatisées".
Ainsi, a souligné l'AJS, "les pressions familiales, sociales et la corruption exercées auprès des femmes les empêchent d'occuper les postes préposés dans les bureaux des conseils municipaux". Par la même occasion, l'Association des juristes sénégalaises a soulevé les défis à relever dans le cadre de la participation politique des femmes et des jeunes dans les instances politiques de décision.
Il s'agit de la réduction des impacts liés aux pesanteurs socioéconomiques, de l'intégration de la dimension religieuse dans l'application de la loi sur la parité, du soutien des femmes sous le poids des responsabilités ménagères, de l'élimination progressive de l'analphabétisme, entre autres.
Dans le même ordre d'idées, pour améliorer la participation des femmes dans les instances de décision, l'AJS recommande l'intégration du respect de la parité dans les processus ou projets d'autonomisation des femmes ainsi que la mise en place d'un mécanisme d'appui pour le suivi des recours. Elle pense également qu’il faut favoriser la mutualisation et le partage d'expériences entre les femmes élues et renforcer les initiatives locales existantes.
De même, l'AJS recommande de mener des études qualitatives dans les zones rurales et religieuses, pour mieux cerner les obstacles socioculturels et renforcer le plaidoyer auprès des autorités religieuses et coutumières.
FATIMA ZAHRA DIALLO