Publié le 27 Mar 2024 - 18:30
PREMIER DISCOURS DU NOUVEAU PRÉSIDENT ÉLU

La nouvelle profession de foi de Bassirou Diomaye Faye

 

Élu au premier tour avec 57 % des voix, selon les résultats provisoires, Bassirou Diomaye Faye a marqué les esprits par son discours inaugural qui fut un savant mélange de critiques et d'éloges ciblés.

 

Bassirou Diomaye Faye, le futur 5e président du Sénégal, s'est exprimé devant la presse pour la première fois, au lendemain du scrutin présidentiel du 24 mars 2024. Le président nouvellement élu, qui n'a pas encore pris ses fonctions, a prononcé un discours de remerciements et de reconnaissance à l'endroit des Sénégalaises et des Sénégalais, toutes obédiences confondues, avant d’afficher sa volonté de respecter ses promesses et de maintenir les acquis du Sénégal dans le domaine des relations internationales.

Une première sortie qui a suscité bien des réactions. Tous ses faits et gestes ont été scrutés à la loupe par des experts ou des profanes en communication politique. Des critiques objectives, constructives ou le contraire sont entendus de tout bord.

Son discours inaugural a été marqué par une salve de critiques et d’éloges entraînant des prises de position diverses. Souleymane Jules Diop, un des collaborateurs du président Macky Sall, est sorti de ses gonds pour recadrer certains internautes qui s’en sont pris ouvertement au comportement jugé ‘’timide’’ et amateur du plus jeune président de l’histoire du Sénégal.

Sur sa page Facebook, il appelle au respect et au soutien du président nouvellement élu, malgré les divergences et les critiques. Un rappel puissant de l'importance de la cohésion nationale et de la responsabilité partagée dans la construction d'un avenir meilleur pour tous. ‘’Je suis choqué, indigné par les premières critiques portées contre le nouveau président de la République avant même son installation. Nous l'avons élu largement ; il est le choix des Sénégalais. Il est maintenant notre président, que nous ayons voté pour lui ou pas. Nous devons le respecter, l'encadrer pour qu'il sorte ce qu'il a de mieux en lui, son humilité et son empathie, et l'aider à gommer ses défauts. Il va apprendre comme tout le monde et la qualité de ses décisions dépendra de la qualité de ses conseillers, de ses ministres et de son administration. Mais des défauts, il en restera toujours. Nous n'avons pas élu le bon Dieu’’.

Une remarque qu’il partage avec le professeur de sciences du langage à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, Kalidou Sy. ‘’Je ne pense pas qu’on puisse dire que Diomaye manque de charisme ou que son discours ne répond pas aux enjeux actuels’’. Pour lui, il faut du temps pour qu’il s’adapte à ses nouvelles fonctions.

Djibril Diallo, journaliste et politiste, va plus loin en jetant l'opprobre sur ceux qui critiquent ce premier discours et remettent en cause les qualités de prise de parole en public de Diomaye Faye.

‘’Certes, une bonne communication est un atout pour un chef d'État. Mais le Sénégal a perdu énormément de temps que les attentes sont plus tournées vers la capacité du président à redresser le pays que sur ses aptitudes communicationnelles’’, lâche-t-il, avant de rappeler les priorités du Sénégal. ‘’L'heure est au travail et à l'éveil des consciences. Les tâches qui attendent le nouveau gouvernement sont nombreuses et seul, il n'y arrivera jamais’’.

Au-delà de la forme et du gestuel, le professeur en sciences du langage à l’UGB, Kalidou Sy, insiste dans le fond qui est plus intéressant, pour lui. Il pense que son laïus a eu l’écho favorable sur le plan international. ‘’Je crois, dit-il, que chaque chose en son temps. Quand on regarde le cheminement de l’homme, à sa sortie de prison et la fin de la campagne, ce premier discours est tout à fait compréhensible. Toutefois, je reconnais qu’il y a de petites choses à apprendre. Il ne faut pas oublier qu’il était candidat, il y a 24 heures. La transition est assez difficile. Dans le fond, c’est bon. Son discours en wolof est meilleur que celui en français’’.

Dans ce sillage, beaucoup de ses militants expliquent que le premier discours de Bassirou Diomaye Faye, entre critiques et louanges, reflète une approche équilibrée et nuancée de la politique. En soulignant à la fois les défis auxquels le pays est confronté et ses nombreux atouts, Faye s'érige en porte-voix d'un changement inclusif, rappelant que le progrès est non seulement nécessaire, mais aussi possible, à condition de travailler ensemble pour le bien commun. ‘’Dans peu de temps, il va s’adapter et apprendre de nouveaux codes’’, déclare l’analyste.

Au regard de l’écho du discours sur le plan international, le directeur de publication de la revue internationale d'analyse du discours, ‘’Konngol’’, relève que ‘’les médias internationaux, presse burkinabé, malienne et ivoirienne ou française, ont repris ce premier discours. À l’unanimité, ces pays ont salué les accents réconciliateurs et surtout patriotiques. Même la communauté internationale ne s’est pas sentie visée en termes de ‘France dégage’. Elle a saisi le premier message en termes de coopération. Il les a rassurés. Cette première prise de parole, en dépit de tous ces petits manquements, a été bonne dans l’ensemble’’.

AMADOU CAMARA GUEYE

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