Publié le 23 Jul 2024 - 13:28
RAPPORT ONUSIDA 2023

Le VIH poursuit son carton

 

En 2023, il y a eu 450 000 personnes infectées par le VIH et 260 000 morts. Face à ces drames, l’ONUSIDA a fait de nouvelles recommandations, pour l’élimination définitive du sida, d’ici 2030.

 

Le rapport de l’ONUSIDA 2023 a été rendu public, hier. Les chiffres montrent globalement un mieux dans le nombre de nouvelles infections, le traitement des patients séropositifs et une baisse du nombre de décès. Quatre cent cinquante mille personnes ont été nouvellement infectées par le VIH. Mais l’agence n'est pas satisfaite, parce que l'objectif de seulement 330 000 infections en 2025 semble inatteignable.

Ainsi, en 2023, un peu moins de 40 millions de personnes vivaient avec le virus du sida, le VIH, révèle le rapport annuel de l'organisation. Environ 1,3 million de personnes ont été nouvellement infectées en 2022, soit quelque 100 000 de moins qu'un an plus tôt. C'est 60 % de moins que lors du pic de 1995, quand 3,3 millions de personnes avaient attrapé le VIH.

Le sida tue aussi beaucoup moins, avec 630 000 morts en 2023, contre 670 000 décès l'année précédente. C'est aussi 69 % de moins qu'en 2004, l'année noire de la pandémie. ‘’L'accès à une thérapie antirétrovirale est l'enjeu majeur, parce que très efficace aujourd'hui. A fin décembre 2023, 30,7 millions de personnes avaient accès à une de ces thérapies, contre seulement 7,7 millions en 2010, mais ce chiffre demeure en deçà de l'objectif 2025 fixé à 34 millions de personnes. Et surtout presque un quart des personnes infectées par le virus n'ont pas de traitement. L'Afrique orientale et australe reste la région la plus touchée : 20,8 millions de personnes y vivent avec le VIH, 450 000 ont été infectées l'année dernière et 260 000 en sont mortes. Les chiffres sont éloquents : dans le monde, la prévalence médiane du VIH chez les adultes âgés de 15 à 49 ans était de 0,8 %’’, renseigne le document.

La prévalence est de 2,3 % chez les jeunes femmes et les filles âgées de 15 à 24 ans en Afrique orientale et australe. Elle est de 7,7 % chez les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, de 3 % chez les travailleurs et travailleuses du sexe, de 5 % chez les consommateurs et consommatrices de drogues injectables, de 9,2 % chez les personnes transgenres et de 1,3 % chez les personnes en prison. À l’échelle mondiale, les nouvelles infections à VIH chez les enfants âgés de 0 à 14 ans ont diminué de 38 % depuis 2015 et les décès liés au sida ont diminué de 43 %.

En Europe de l'Est et en Asie centrale, seulement la moitié des personnes infectées par le VIH sont traitées et en Afrique du Nord et Moyen-Orient, c'est seulement 49 %.

Le rapport informe que les programmes ciblant la transmission verticale du VIH ont permis d’éviter 4 millions d’infections chez les enfants âgés de 0 à 14 ans depuis 2000.

Parmi les douze pays de l’Alliance mondiale, plusieurs ont atteint une forte couverture du traitement antirétroviral à vie chez les femmes enceintes et allaitantes vivant avec le VIH, l’Ouganda approchant les 100 %, la République unie de Tanzanie 98 % et l’Afrique du Sud 97 %. Le Mozambique a atteint une couverture de 90 %, la Zambie à 90 %, l’Angola à 89 %, le Kenya à 89 %, le Zimbabwe à 88 % et la Côte d’Ivoire à 84 %.

D’ailleurs, l'agence de l'ONU rappelle que la pandémie a déjà tué plus de 42 millions de personnes et que ces progrès restent fragiles.

‘’Accélérer la fourniture et l’utilisation des services de lutte contre le VIH pour les enfants et les adolescents est une obligation morale et un choix politique’’

Selon le rapport, pour en finir avec le sida chez les enfants d’ici 2030, il est urgent d’intensifier les services de lutte contre le VIH dans les pays les plus touchés par la pandémie. ‘’J’applaudis les nombreux pays qui ont réalisé des progrès dans le déploiement de services de lutte contre le VIH pour garder les jeunes femmes en bonne santé et protéger les bébés et les enfants contre le VIH. Avec les médicaments et la science disponibles aujourd’hui, nous pouvons faire en sorte que tous les bébés naissent et restent sans VIH et que tous les enfants vivant avec le VIH suivent et restent sous traitement. Les services de traitement et de prévention doivent être renforcés immédiatement pour s’assurer qu’ils atteignent tous les enfants partout dans le monde. Nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers. La mort d’un enfant de causes liées au sida n’est pas seulement une tragédie, mais aussi un scandale. Là d’où je viens, tous les enfants sont nos enfants. Le monde peut et doit tenir sa promesse de mettre fin au sida chez les enfants d’ici 2030’’, déclare la directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, dans le rapport.

Les pays de l’Alliance mondiale, poursuit le document, innovent pour surmonter les obstacles et accélérer les progrès vers l’élimination du sida chez les enfants.

Cependant, malgré les progrès réalisés, ni le monde ni les pays de l’Alliance mondiale ne sont actuellement en voie d’atteindre les engagements liés au VIH en faveur des enfants et des adolescents, et le rythme des progrès dans la prévention des nouvelles infections à VIH et des décès liés au sida chez les enfants a ralenti ces dernières années.

‘’Accélérer la fourniture et l’utilisation des services de lutte contre le VIH pour les enfants et les adolescents est une obligation morale et un choix politique. Douze pays démontrent qu’ils ont fait ce choix, mais des défis importants demeurent. Nous devons renforcer davantage la collaboration et la portée de l’Alliance mondiale, et nous devons faire ce travail avec détermination et solidarité avec toutes les mères, tous les enfants et tous les adolescents touchés’’, indique, pour sa part, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS.

Environ 120 000 enfants âgés de 0 à 14 ans ont été infectés par le VIH en 2023, dont environ 77 000 dans les pays de l’Alliance mondiale. ‘’Les décès liés au sida chez les enfants âgés de 0 à 14 ans se sont élevés à 76 000 dans le monde, les pays de l’Alliance mondiale représentant 49 000 de ces décès inutiles. Les taux de transmission verticale restent extrêmement élevés dans certaines localités, en particulier en Afrique de l’Ouest et centrale, avec des taux supérieurs à 20 % dans des pays comme le Nigeria et la République démocratique du Congo’’, déplore le rapport.

Ainsi, l’ONUSIDA juge préoccupant de constater que l’écart de traitement entre les adultes et les enfants continue de se creuser. ‘’Seulement 57 % des enfants vivant avec le VIH reçoivent un traitement vital, contre 77 % d’adultes. Sans dépistage et traitement précoces et efficaces, le VIH reste une menace persistante pour la santé et le bien-être des enfants et des adolescents, et les expose à un risque de mort. Pour combler le fossé thérapeutique, nous devons aider les gouvernements à intensifier les approches de dépistage innovantes et à veiller à ce que les enfants et les adolescents vivant avec le VIH reçoivent le traitement et le soutien dont ils ont besoin’’, prévient Anurita Bains, la directrice adjointe de l’UNICEF pour le VIH/sida.

CHEIKH THIAM

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