Publié le 30 Jul 2024 - 18:21
INTRODUCTION DE L'ANGLAIS À L'ÉCOLE PRIMAIRE

Go for English pour les élèves de CM1 et de CM2

 

La décision du gouvernement sénégalais d'introduire l'enseignement de l'anglais dès les classes de CM1 et CM2 est une initiative louable qui s'inscrit dans une dynamique de modernisation de l'éducation et d'ouverture sur le monde. Cette mesure, portée par le chef de l'État Bassirou Diomaye Faye, témoigne de la volonté politique d'équiper les jeunes générations pour les défis d'un marché du travail de plus en plus internationalisé.

 

La maîtrise de l'anglais est devenue un prérequis incontournable dans de nombreux secteurs d'activité. En initiant les élèves dès le primaire, le Sénégal vise à doter les futurs diplômés d'un avantage compétitif sur le marché de l'emploi, analyse A. Barry, coach en développement personnel.

En effet, sous l'impulsion du chef de l'État Bassirou Diomaye Faye, le Sénégal s'apprête à introduire l'enseignement de l'anglais dans les classes de CM1 et CM2 dès octobre 2024. Cette initiative, annoncée par Pape Kandji, directeur de l'Enseignement au ministère de l'Éducation nationale,  sur les ondes de la RFM, hier lundi 29 juillet 2024, vise à moderniser le système éducatif et à offrir aux jeunes élèves de meilleures aptitudes dans la maîtrise de la langue de Shakespeare dans un monde globalisé.  

Dans cette première phase, l’enseignement de l’anglais concernera les classes de CM1 et de CM2. Cette décision marque une étape significative vers une éducation plus internationale, visant à doter les jeunes élèves de compétences linguistiques dès leur plus jeune âge.

Afin de garantir une mise en œuvre efficace de ce programme, certains enseignants du primaire ayant un bon niveau en anglais seront chargés de dispenser les cours. Cette solution temporaire vise à pallier le manque de professeurs d’anglais spécialisés tout en assurant un enseignement de qualité aux élèves, selon Seneweb.

L’introduction de l’anglais à l’école primaire reflète la volonté du gouvernement de moderniser et de diversifier l’éducation nationale. À terme, cette initiative pourrait s’étendre à d’autres niveaux de l’enseignement, renforçant ainsi la compétitivité des élèves sur le plan international.

Cette réforme promet d’ouvrir de nouvelles opportunités pour les jeunes générations, leur offrant les outils nécessaires pour réussir dans un monde de plus en plus globalisé. L’enseignement de l’anglais dès le primaire représente un pas en avant vers une éducation plus inclusive et tournée vers l’avenir.

Défis et opportunités de l'Initiative

Certains professionnels se posent des questions sur la faisabilité de ce projet éducatif qui nécessitera sans doute beaucoup de ressources humaines. Pour Bassirou Dieng, professeur d’anglais au lycée de Kaolack, l’enseignement de la langue de Shakespeare est possible dans les écoles primaires, mais il faut y mettre les moyens.

Par contre, il souligne qu’il n’y a pas encore de manuels spécifiques pour les élèves à l’école primaire. ‘’C’est de l’initiation avec une ou deux heures par semaine. Il faut compléter avec des recherches sur Internet. Mais c’est un bon projet qui peut être un atout pour les élèves’’,  confie ce professeur au lycée Ibrahima Diouf de Kaolack. Cette initiative est l'aboutissement d'un processus longtemps enclenché au niveau de certaines structures scolaires privées du niveau élémentaire. Avec cette mesure, la dynamique encourageant l'équité dans l'accès à une éducation de qualité pour tous sera réalisée.

Cependant, cela demande une approche inclusive et participative de toutes les parties prenantes afin d'élaborer des manuels didactiques officiels harmonisés, de recruter et de former des enseignants qualifiés en quantité suffisante. La langue de Shakespeare : un atout pour l'avenir. Depuis longtemps, la promotion de la langue anglaise au Sénégal tient à cœur les professeurs qui enseignent cette matière.

Selon eux, quand un pays tend vers l'émergence, l'anglais demeure une langue incontournable. Elle est la deuxième langue la plus parlée dans le monde, particulièrement dans les domaines de la technologie et des échanges internationaux. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle ils proposent son introduction au primaire.

‘’Des recommandations ont été faites à la tutelle pour que l'anglais soit introduit dans le cursus dès l'école primaire. Actuellement, les élèves commencent l'anglais de la 6e à la terminale. Mais considérant l'anglais comme LV1 en classe de 6e, arrivé en classe de seconde jusqu'en terminale, l'élève a la possibilité de faire autre chose que LV1, parce qu'ils considèrent cela comme étant difficile’’, indique le président de l'Association des professeurs d'anglais au Sénégal (Ates). Il s'exprimait lors de la 22e édition de la Journée de la langue anglaise, célébrée samedi dernier à l'Ucad.

Comparaison avec l'enseignement de l'arabe

Dans la plupart des écoles privées à Dakar ou dans d’autres centres urbains, l’enseignement de la langue anglaise est effectif depuis le préscolaire, avec des cours d’une à deux heures dispensés. Cependant, les niveaux des enfants diffèrent d’un institut à l’autre, constatent beaucoup de parents d’élèves.

Selon un ancien directeur d’école, M. Guèye, l’introduction de l’anglaise devrait être précédée par une évaluation de l’enseignement de la langue arabe qui, à son avis, n'a pas encore été réalisée correctement. ‘’Il est d’habitude un enseignant pour une école, sans que le directeur puisse le superviser ou l’évaluer, car il n’a pas les compétences nécessaires. Il faut que les inspecteurs aient l'habitude d’évaluer les programmes, mais la plupart de leurs revendications ne sont que d’ordre pécuniaire. Il est rare de voir un enseignant invité à la télévision craie en main parlant de pédagogie’’.

Pourtant, l'introduction de l'enseignement de l'arabe dans les écoles laïques sénégalaises, bien qu'initiée en 1963, a longtemps souffert d'un manque de régulation. Ce n'est qu'en 2002 que des réformes significatives ont eu lieu, augmentant le temps d'enseignement de l'arabe à quatre heures par semaine et intégrant une politique de recrutement d'enseignants qualifiés.

Depuis, le nombre d'enseignants en arabe est passé de huit en 1962 à 13 358 en 2020 au niveau élémentaire et à 2 307 au niveau du moyen-secondaire. Le nombre d'inspecteurs a également augmenté de 19 en 2000 à 108 en 2022.

Ces réformes ont amélioré la situation professionnelle des enseignants d'arabe et ont mis fin à une longue période d'incertitude et d'injustice sociale. Aujourd'hui, l'arabe est la langue officielle de 22 États et est enseignée dans les grandes universités mondiales. L’introduction de l’anglais à l’école primaire est une étape importante vers une éducation plus inclusive et tournée vers l’avenir au Sénégal.

Cependant, cette initiative nécessite une planification rigoureuse, des ressources adéquates et une formation appropriée pour les enseignants. Le gouvernement devra également veiller à élaborer des manuels didactiques harmonisés et à recruter des enseignants qualifiés pour garantir le succès de cette réforme. Bien que l'anglais soit la deuxième langue la plus parlée au monde avec plus de 1,7 milliard de locuteurs, son introduction dans le système éducatif sénégalais représente un défi majeur.

Toutefois, avec une mise en œuvre efficace, cette réforme pourrait transformer l'éducation au Sénégal et préparer les jeunes générations à un avenir prospère dans un monde globalisé.

Amadou Camara Gueye

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