Publié le 22 Jul 2025 - 20:44
TRAQUE CONTRE LA PRESSE - SOCIETE CIVILE

Les dérives verbales de Waly Diouf Bodiang

 

Ceux qui ont connu l’homme dans une autre vie ont du mal à le reconnaître depuis que Pastef est arrivé au pouvoir. Directeur général du Port autonome de Dakar, Waly Diouf Bodiang ne rate presque jamais une occasion de tirer sur la presse, les organisations de la société civile et autres voix non soumises à l’idéologie de Pastef. L’inspecteur des Impôts s’en est même déjà pris à des décisions du président de la République.

 

C’est comme s’ils s’étaient passé le mot. Quand ils ne s’en prennent pas à la société civile, c’est tout simplement la presse qui est prise pour cible. Parmi les champions dans cet exercice, il y a le directeur général du Port autonome de Dakar. Waly Diouf Bodiang accuse la presse de complicité dans l’amplification des propos du ministre Birame Souleye Diop. « Dans la presse, les réactions coordonnées et alignées suite à la déclaration de Birame Souleye en disent long sur l’entreprise largement financée et conduite contre le projet. Il serait naïf de penser que ces gens ne s’organisent pas pour manipuler l’opinion », écrit-il.

Ancien chargé de la sécurité d’Ousmane Sonko dans le parti Pastef, il a une façon bien singulière de traiter toutes les voix discordantes dans l’espace public. À l’entendre, c’est comme si tous ceux qui n’adoubent pas le “projet” sont de mauvais patriotes qu’il faut combattre. Outre la presse, il semble aussi en vouloir sérieusement à certaines organisations de la société civile qui, pour lui, sont « l’illustration parfaite d’une forme ancienne de parasitisme ».

Il déclare que l’activité de cette société civile « se résume à se mêler très opportunément des questions pour en tirer un profit inavouable ». Le sieur ne s’en est pas limité là. Il n’a pas été très tendre avec les membres de cette société civile qui se sont pourtant bien battus aux côtés de Pastef lors des temps de galère. « Ses membres ne sont ni acteurs, ni spectateurs. Ils profitent, récupèrent, vivent aux crochets des situations. C’est un regroupement de politicards et de profitards encagoulés », sifflait le responsable politique.

En fait, chez Waly, tout est politique. C’est à croire qu’il a la hantise de la perte de pouvoir ou des privilèges. Il est convaincu que, pour rester au pouvoir jusqu’en 2050, comme Pastef le souhaite, il faut surtout régler leurs comptes aux dignitaires de l’ancien régime, en sus de neutraliser les forces non soumises. Au-delà des crimes qu’il ne cesse d’invoquer, en bafouant les principes découlant de la présomption d’innocence, il n’hésite pas à coller aux anciens dirigeants le “délit de richesse”. « Pour la première fois dans l’histoire du Sénégal, nous avons une opposition qui a plus de moyens que le régime en place, parce qu’ils ont puisé dans les caisses de l’État pendant 12 ans. Quand on a des adversaires qui ont autant de moyens, si on est là à parler de rupture… Nous devons tous les poursuivre, pour récupérer aussi bien ce qu’ils ont dans leurs poches que dans leurs comptes bancaires. Tant qu’on ne le fera pas, nous aurons des problèmes », requiert le “procureur” de Pastef.

Pour réaliser le projet, selon lui, il faudra non seulement de la détermination, mais aussi de la radicalité dans la traque. « Si Sonko n’avait pas été radical, on n’aurait pas le pouvoir aujourd’hui. Nous avons conquis le pouvoir dans la radicalité, il faut le gérer dans la radicalité », fulminait-il dans une vidéo encore mise en exergue sur sa page Facebook.

Waly Diouf Bodiang aura même poussé le bouchon un peu plus loin, en s’en prenant à des décisions du président de la République, notamment dans l’affaire Samba Ndiaye. Aujourd’hui, ils sont de plus en plus nombreux, les “pastefiens”, à plaider sa nomination à la tête de départements aussi stratégiques que la Justice ou le ministère de l’Intérieur. C’est que Waly a tout simplement réussi son coup. Dans un écosystème où la radicalité représente le meilleur instrument de promotion, lui l’a compris et a rangé dans les tiroirs les règles de bienséance et d’honorabilité acquises dans la prestigieuse École nationale d’administration.

Sur Sénégal 7, l’ancien ministre Yoro Dia lui donnait des conseils. « Je demande à mon ami Waly, que je connais très bien, de redevenir naturel. Le Waly que je connais n’est pas comme ça. Il joue au dur, alors qu’il n’est pas comme ça. Je lui conseille, parce que c’est mon ami, de s’occuper du Port et d’arrêter ce spectacle », disait l’ancien ministre. Il convient de rappeler que, depuis son arrivée au Port, ils sont nombreux les acteurs portuaires à se plaindre. Pour eux, l’activité a considérablement ralenti. Des témoignages confortés par les chiffres de l’ANSD en 2024, contestés à l’époque par le directeur général.

Mor Amar

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