Scandale au cœur de l’ambassade du Sénégal au Canada
Un grave scandale s’est produit à l’ambassade du Sénégal au Canada. L’ordinateur contenant tous les logiciels de chiffrement, des archives de plus de 10 ans et des documents confidentiels de l’État du Sénégal a été volé. Ces révélations ont été faites par Boubacar Diallo, chef de section des chiffres à l’ambassade, qui informe le président de la République que ses communications ne sont protégées ni de l’intérieur ni de l’extérieur du pays. Accusé par la direction générale du chiffre dans l’affaire du vol de la machine, M. Diallo dit être menacé de prison à vie par le ministre secrétaire général de la présidence.
Dans une vidéo publiée sur sa page Facebook, Boubacar Diallo a révélé que l’ordinateur contenant tous les logiciels de chiffrement, des archives de plus de 10 ans et des documents confidentiels de l’État du Sénégal a été volé durant le week-end de la Pentecôte. M. Diallo, étant en congé et hors du Canada au moment des faits, est accusé par la direction générale des chiffres d’avoir emporté la machine avec lui, alors que son intérimaire travaillait avec cette même machine en son absence, selon lui. Les papiers de son véhicule et d’autres documents ont également été dérobés.
"Lorsque cela est arrivé, nous avons rendu compte à l’autorité, mais vu qu’au Sénégal, on essaie toujours de déplacer les problèmes, les autorités de la direction générale des chiffres logées à la présidence ont tenté de m’accuser et de me diaboliser auprès de l’autorité, en insinuant que j’avais emporté l’ordinateur avec moi en partant en congé. Comment cela peut-il être possible, sachant que mon intérimaire travaillait avec cet ordinateur ?", s’est défendu Boubacar Diallo. Malgré que les faits se soient produits en son absence, les autorités ont décidé de le sanctionner. "Je ne suis pas responsable de la sécurité de l’ambassade. Si cela est arrivé, ils doivent interpeller l’ambassadeur, qui est chargé de la sécurité de l’ambassade et qui a installé le matériel dans des locaux dépourvus de toute sécurité. Ils n’ont pas non plus interpellé mon intérimaire, qui était présent au moment des faits. Mais je ne vais pas l’accepter", a-t-il déclaré.
Après avoir pris connaissance des accusations de la direction générale du chiffre à son encontre, Boubacar Diallo affirme avoir également adressé une correspondance à leur ministre de tutelle, le ministre secrétaire général de la présidence, pour lui rendre compte de la situation. Mais, regrette-t-il, ce dernier, au lieu de se prononcer sur l’affaire, lui a répondu en le menaçant : "Il m’a dit : 'Le jour où tu vas te prononcer publiquement sur cette affaire, on t’emprisonnera à vie.' Mais je n’ai pas peur de ses menaces. Ma dignité prime sur la prison ou autre. J’ai aussi écrit à la ministre des Affaires étrangères, mais elle n’a pas répondu. Ils veulent me sacrifier, mais je ne vais pas laisser faire", a-t-il prévenu.
“Monsieur le Président, vos communications ne sont pas protégées de l’intérieur comme de l’extérieur du pays”
Dans la même vidéo, Boubacar Diallo a fait d’autres graves révélations. Selon lui, il y a eu d’autres scandales majeurs à la direction générale des chiffres au fil des ans. En effet, il a rappelé que cette direction a pour rôle de protéger les secrets de l’État, ainsi que les communications du président de la République, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Étant bien informé sur le réseau et ayant une grande expertise en la matière, il a souligné que la direction ne remplit pas correctement son rôle. Sur ce point, il a lancé un appel au chef de l’État : "Monsieur le Président, vos communications ne sont pas protégées de l’intérieur comme de l’extérieur du pays. Je suis un agent assermenté, je suis aux chiffres, et je sais comment ils travaillent, donc je maîtrise ce que je dis". À titre d’exemple, il a expliqué qu’à son arrivée à l’ambassade, en juin 2023, il a constaté qu’ils utilisaient un ordinateur sous Windows XP (celui qui a été volé) pour protéger les communications du président. Or, a-t-il précisé, "ceux qui ont une petite expérience en cybersécurité et en sécurité des systèmes d’information savent que Windows XP est interdit dans le réseau, surtout pour protéger des communications d’État. Monsieur le Président, vos agents ne travaillent pas pour protéger vos communications et celles de l’État". Et cela, déplore-t-il, le directeur général en est parfaitement conscient.
En effet, dit-il, "lorsque je suis arrivé, je lui ai écrit pour demander le remplacement de la machine, car elle ne respecte aucune norme en matière de sécurité. Mais il ne l’a pas fait, et d’ailleurs, c’est cette même machine qui a été volée. Les logiciels que nous utilisons ne sont pas conformes en matière de sécurité". Dans le même sillage, Boubacar Diallo a invité les autorités à procéder à un audit des systèmes d’information au niveau de la présidence, de la direction générale des chiffres ainsi que de la gestion des ressources humaines. Il a jugé nécessaire de faire une vidéo qu’il a publiée sur sa page Facebook, car il estime que les Sénégalais doivent savoir ce qui se passe aux chiffres et que c’est injuste.
FATIMA ZAHRA DIALLO