Quatre mille personnes ont déjà signé la pétition
Dans le souci d’attirer l’attention des autorités sénégalaises et consulaires sur les nombreuses difficultés rencontrées par nos concitoyens désireux de se rendre en Europe pour obtenir un visa, le Réseau migration développement (Remidev) a initié une campagne avec une pétition qui a déjà été signée par plus de 4 000 personnes, avec un objectif de 5 000 en quelques jours.
Depuis quelques jours, une campagne principalement menée sur les réseaux sociaux dénonce les conditions difficiles d’obtention de visas. Le combat est porté par le Réseau migration développement (Remidev) souhaite attirer l’attention des autorités sénégalaises et consulaires sur les nombreuses difficultés rencontrées par nos concitoyens désireux de se rendre en Europe pour obtenir un visa.
‘’Nous aimerions partager quelques idées de solutions, espérant qu'elles seront prises en considération par les autorités consulaires. L’histoire et la géographie ont rapproché le Sénégal et les pays de l’Occident, ce qui explique la fréquence et le volume des déplacements de nos populations respectives. Mais autant les Sénégalais accueillent, dans la pure tradition de la Téranga, leurs frères et sœurs, autant il leur est difficile, voire impossible d’obtenir le visa, ce fameux sésame qui peut leur permettre de fouler le sol de l’Occident pour visiter un parent, participer à des rencontres scientifiques, approfondir leurs connaissances, faire des affaires, ou tout simplement faire du tourisme et apprendre à mieux connaître l’autre pour un brassage culturel’’, dénonce le Remidev dans un communiqué parvenu à ‘’EnQuête’’.
Si le réseau peut comprendre que, dans un monde de moins en moins sûr, un État puisse mettre en place des procédures assez sophistiquées pour s’assurer que les personnes qui entrent sur son territoire ne mettent pas en danger la vie de ses citoyens, il n’en dénonce pas moins des abus. ‘’Lorsque le parcours du demandeur de visa est fait d’incompréhensions, de vexations, voire d’humiliations, il ne peut qu’alimenter le sentiment de rejet ressenti par les demandeurs de visa, alors que les citoyens de ces pays vivent en toute quiétude et fraternité sur le sol sénégalais’’, regrette le Remidev.
En effet, s’appuyant sur les témoignages recueillis auprès des demandeurs, il fait remarquer le nombre important de compatriotes ayant fait l'objet de refus de visa non suivi de remboursement des frais. L’organisation dénonce une vraie mafia sur le dos des demandeurs de visa. ‘’Actuellement, l’obtention d’un rendez-vous constitue le problème majeur, faute de disponibilité de créneaux en ligne ou d’indisponibilité de la plateforme. Pire, un véritable trafic s’est installé avec des intermédiaires qui ‘gèrent’ les rendez-vous de visa et les revendent à prix d’or, jusqu’à 400 000 F CFA, transformant ainsi la procédure en un ‘commerce’ très lucratif’’, révèle-t-on.
Avant de poursuivre : ‘’Car si l’on ajoute ces frais à ceux de la prestation due à l’intermédiaire et du visa lui-même, on en arrive à une situation où la demande de visa devient un investissement si onéreux pour le Sénégalais moyen qu’il ne peut que penser que la finalité de cette monétisation du visa est de le faire renoncer à son projet de voyage et donc d’aider à la maîtrise de l’immigration.’’
Le Remidev y voit une manière d’encourager et d’inciter les jeunes à emprunter d'autres voies de migration au péril de leur vie. ‘’La persistance de la migration irrégulière, avec son lot de morts et de disparus en mer, est une préoccupation majeure qui devrait interpeller tous ceux qui sont soucieux de promouvoir des relations entre les États et les peuples fondées réellement sur les droits humains. (…) Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays’’.
Ce principe, souligne l’organisation, est renforcé par d’autres instruments internationaux et régionaux souscrits par de nombreux États, dont le Sénégal.
D’où l’invite à promouvoir des mécanismes de promotion de la migration régulière comme alternative à la situation actuelle à laquelle nos sociétés sont confrontées.
Ainsi, le Remidev exhorte l’État à mener des concertations avec les pays d’accueil en vue d’une réforme sur les procédures. Il recommande, entre autres, de meilleures conditions d’accueil et de traitement pour les demandeurs de visa, l’assouplissement des procédures administratives de délivrance des visas, le remboursement des frais de visa en cas de refus, le paiement des frais uniquement pour les bénéficiaires, la suspension de l’externalisation des démarches, la réduction de la durée d’attente pour le visa, etc.
CHEIKH THIAM