Le ouf de soulagement des populations

La région de Kolda est désormais dotée de personnel qualifié et équipée de matériel de dernière génération, pour une meilleure prise en charge des populations. De plus, les progrès réalisés en matière de santé ont permis de réduire la mortalité néonatale et infantile. Mais de nombreux défis restent à relever, notamment le manque d’ambulances, de motos, d’incinérateurs ainsi que le recrutement de contractuels et de pharmaciens dans la Fonction publique.
Après plusieurs années de galère, les malades de Kolda ou ceux venant des pays limitrophes n’ont plus besoin de se rendre à Sédhiou ou à Ziguinchor pour se faire soigner. La région est désormais dotée de personnel de qualité. Selon le directeur de l’hôpital régional de Kolda, docteur Fallou Niang, sa structure est bien pourvue en personnel qualifié et en matériel. ‘’Nous avons pu acquérir de nombreux spécialistes. Nous avons un médecin anesthésiste-réanimateur, un médecin urgentiste, deux ophtalmologues, un médecin endocrinologue-diabétologue, une dermatologue, un chirurgien-pédiatre, un médecin radiologue, un néphrologue, deux cardiologues et un médecin neurochirurgien pour la prise en charge de certaines urgences’’ renseigne le Dr Niang.
Kolda dotée de matériel de dernière génération
Le directeur du centre hospitalier régional de Kolda (CHRK) ajoute que ‘’pour une meilleure prise en charge des patients, l’hôpital régional est également équipé de matériel de dernière génération. Le ministère de la Santé nous a octroyé des matériels chirurgicaux, un scanner fonctionnel, une mammographie, une imagerie numérique opérationnelle, entre autres matériels modernes’’, informe-t-il.
D’après le docteur Fallou Niang, l’État du Sénégal, à travers son ministère de la Santé, est très sensible au fait que l’hôpital régional de Kolda reçoit des populations de Gambie, de Guinée et de Guinée-Bissau. Fort de ce constat, le gouvernement met en place les moyens nécessaires pour que la région de Kolda atteigne le concept de souveraineté sanitaire.
Baisse de la mortalité maternelle, néonatale et infantile
Ces dernières années, la région de Kolda a enregistré une réduction significative de la mortalité maternelle, néonatale et infantile durant la période de 2017 à 2023, selon le docteur Bocar Samba Ly, médecin de santé publique et spécialiste en santé de la mère et de l’enfant au ministère de la Santé. ‘’D’abord, sur le plan national, la mortalité maternelle est passée de 236 décès pour 100 000 naissances vivantes à 153 décès pour 100 000 naissances vivantes. Pendant ce temps, la région de Kolda est passée de 588 décès pour 100 000 naissances vivantes chez les mères à 317 décès pour 100 000 naissances vivantes’’, indique le Dr Ly.
Le spécialiste en santé de la mère et de l’enfant poursuit : ‘’Pour la mortalité néonatale, le Sénégal est passé de 58 à 23 décès pour 1 000 naissances vivantes, alors que dans la même période, la région de Kolda est actuellement à 39 décès pour 1 000 naissances vivantes. Enfin, pour la mortalité des enfants de moins de 5 ans, notre pays est passé de 60 à 40 décès pour 1 000 naissances vivantes, mais la région de Kolda est présentement à 77 décès pour 1 000 naissances vivantes. Des efforts considérables ont donc été réalisés tant pour le Sénégal que pour la région de Kolda.’’
Les principales causes des décès
Le docteur Bocar Samba Ly souligne que les principales causes des décès maternels, néonatals et infantiles sont multiples. ‘’La principale cause de mortalité maternelle est l’hémorragie, car beaucoup de femmes perdent du sang durant les grossesses ou lors de l’accouchement. Les femmes souffrant d’hypertension durant la grossesse peuvent également rencontrer des complications. Pour la mortalité néonatale, les principales causes sont la prématurité et les problèmes d’asphyxie. Pour les enfants de moins de 5 ans, les principales causes de mortalité sont les infections respiratoires aiguës (IRA) et la diarrhée, souvent négligée, qui fait partie des principales causes de mortalité. Malgré les efforts consentis par l’État du Sénégal, de nombreux défis restent à relever.’’
Plusieurs défis à relever
Selon le docteur Bocar Samba Ly, pour que le Sénégal atteigne ses objectifs en termes de prestation, d’accès aux soins de santé et de services obstétricaux, prénataux et néonatals, il doit, entre autres, renforcer le personnel qualifié, former des techniciens de la santé, et doter en quantité suffisante les postes de santé et les hôpitaux en médicaments et en produits.
Il est également crucial de disposer d’unités néonatologiques fonctionnelles, qu’elles soient complètes dans l’EPS ou légères dans les centres de santé et d’assurer la disponibilité de produits suffisants dans tous les centres de santé et hôpitaux pour traiter les infections respiratoires aiguës et la diarrhée.
De plus, la région de Kolda rencontre des difficultés pour conserver son personnel de santé. ‘’Il y a des spécialistes qui viennent dans la région, mais au bout d’un an ou deux, ils partent. Le personnel paramédical (infirmiers et sages-femmes) peut également rester une ou deux années avant de quitter la région. Nous devons nous assurer que le personnel en charge des patients travaille dans de bonnes conditions et qu’il soit également soutenu sur le plan des rémunérations et motivations, qu’elles soient monétaires ou non’’.
Hormis ces difficultés, il est à noter l’absence d’incinérateur dans la plupart des structures sanitaires de la région, ce qui expose les populations à des produits toxiques biomédicaux. À cela s’ajoutent le manque d’ambulances et de motos, l’absence de motivation du personnel communautaire et le non-recrutement de contractuels et de pharmaciens dans la Fonction publique.
NFALY MANSALY