Publié le 16 Apr 2025 - 02:09
THIÈS - DANGERS DE LA MIGRATION IRRÉGULIÈRE

Encore une séance de sensibilisation !

 

Un panel de réflexion sur les dangers de la migration irrégulière, un fléau qui continue de coûter la vie à des milliers de personnes chaque année, s'est tenu à Thiès.

 

Autorités locales, membres de la société civile, représentants de l'État,  jeunes, religieux… Tous réunis autour d’un seul mot d’ordre : ‘’Stopper la migration irrégulière.’’ L’événement, organisé par l’association Sénégal Mo Gueun, en partenariat avec le Comité interministériel de lutte contre la migration irrégulière (Cilmi) et la mairie de Thiès, a pris la forme d’un panel de réflexion.

Mais bien au-delà des mots, c’est un cri du cœur qui s’est exprimé. Le général Modou Diagne, qui présidait la rencontre, a ouvert les débats avec des chiffres glaçants : ‘’Entre 2014 et 2024, plus de 71 000 personnes ont perdu la vie en tentant de rejoindre l’Europe par la mer. Rien qu’en 2024, 104 corps de Sénégalais ont été retrouvés.’’ Le silence pesant qui a suivi cette déclaration témoignait de la gravité du sujet.

Le secrétaire permanent du Cilmi n’a pas mâché ses mots : ‘’Ces traversées sont des cimetières flottants. Derrière chaque chiffre, il y a une famille, un quartier, une communauté dévastée.’’ Il a aussi mis en lumière un phénomène encore peu évoqué : la féminisation croissante de l’émigration irrégulière. ‘’La migration irrégulière engendre non seulement des pertes en vies humaines, mais elle est aussi jalonnée de violations graves des droits humains : violences physiques, abus sexuels sur les femmes, violences contre les enfants…’’, a-t-il souligné, tout en tirant la sonnette d’alarme sur une nouvelle tendance : la participation croissante des femmes à ces périples dangereux à bord d’embarcations de fortune.

Face à cette tragédie, l’État sénégalais a durci le ton avec une loi de 2005 qui criminalise l’organisation de voyages clandestins.

Mais au-delà de la répression, une dynamique collective est en marche. L’armée, la gendarmerie, la police, les sapeurs-pompiers, les élus locaux, les ONG, les partenaires techniques et financiers, la Der et même les guides religieux s’activent ensemble. ‘’Il faut aller à la base. Travailler avec les ‘Bajenu Gox’, les chefs de quartier et les associations sportives. C’est là que tout commence’’, a insisté un des intervenants. L’approche communautaire est désormais au cœur des politiques publiques.

Pour le président de l’association organisatrice, Adiouma Dia, cette initiative se veut, avant tout, citoyenne. ‘’Il ne s’agit pas de faire un grand discours, mais d’ouvrir un espace d’écoute et d’action. Nous tendons la main aux autorités, aux jeunes, aux anciens migrants… Ensemble, trouvons des alternatives’’. Son plaidoyer est clair : créer des opportunités pour la jeunesse. Insertion socioprofessionnelle, entrepreneuriat, formation… autant de pistes pour ‘’susciter l’espoir au lieu de laisser la mer décider du destin de nos enfants’’.

En outre, ce panel à Thiès n’était qu’une étape, mais une étape symbolique. Il marque une prise de conscience : la solution ne viendra pas seulement d’en haut, mais d’un maillage entre institutions et citoyens, pour qu’enfin plus aucun jeune Sénégalais ne soit contraint de chercher au-delà des vagues ce qu’il aurait pu construire chez lui.

Ndeye Diallo ( Thiès)

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