Belle, seule, et malheureuse
Partagée entre la misère d'un manque d'enfant et la ménopause, Yacine Touré vit l'enfer. Aujourd’hui, la vieille fille ménopausée n’épate plus les hommes qui la fuient à cause de ses sautes d'humeur.
Taille élancée, nez pointu, yeux perçants, Yacine Touré, 57 ans, est l'aînée d'une fratrie de trois personnes. Sa minceur, sa noirceur d'ébène et sa taille fine qui dégage des hanches bien garnies ont de quoi troubler sur son passage. Dans son jean bleu et son débardeur de même couleur, Yacine paraît aisée dans son salon modeste à la Sicap Liberté 6. Elle a tout pour plaire aux hommes. Mais son joli sourire cache une vie rongée par l'amertume.
L'assistante sociale de profession n'a jamais connu les délices du mariage ni de la maternité. Elle est donc demeurée vieille fille, ménopausée et exposée aux risques de ne jamais se marier, en plus de ne plus pouvoir avoir d'enfants. Yacine confie n'avoir jamais eu de proposition en mariage. Aujourd'hui, elle semble avoir perdu espoir, puisque les hommes la fuient comme la peste. Aux bouffées de chaleurs nocturnes s'est greffée la solitude. ''La ménopause est déjà une période infernale pour la femme. Donc, que direz-vous pour une vieille fille ? A vrai dire, je suis fatiguée de vivre. Les hommes me fuient comme si je portais la poisse à cause de mon comportement'', lâche Yacine Touré qui cherche les mots pour expliquer son mal. Aujourd'hui, son plus grand regret est de n'avoir pas fait un enfant avant ses 50 ans.
''La faute à papa''
Son malheur, elle l'impute à son papa. ''J'ai trop attendu. Je ne faisais que satisfaire les désirs de mon père. J'ai perdu du temps à choisir l'homme idéal. Je n'avais pas droit à l’erreur. Je devais poursuivre mes études. Et voilà le résultat. C'est le seul résultat qu'on peut attendre quand on a un papa autoritaire et qui ne cherche jamais à comprendre ses enfants. Si c’était hier, j'allais me faire un enfant'', se lamente-t-elle.
Aujourd'hui, elle a un travail comme le voulait son père mais elle avoue n'être pas du tout heureuse. ''Je ne dors pas la nuit. Je peux me lever quatre fois quand la sueur nocturne me fatigue. Et je me mets à pleurer quand j'ai des crises ménopausiques. J'ai perdu tous mes petits amis à cause de mon état. Ils ne comprenaient jamais. Et moi, comme une hyène, je n'arrêtais pas de leur sauter dessus, les accuser à tort et à travers. Et finalement, les séparations s'ensuivent'', se plaint Yacine. S'il y avait à choisir entre le travail et avoir un enfant, Yacine dit être preneuse de la seconde option.
A cause de son calvaire, elle quitte parfois sa maison pieds nus et erre dans la rue. Sa petite sœur qui veille sur elle avise alors ses amis qui vont à sa recherche. ''On la traite de folle dans le quartier. Il lui arrive maintes fois de quitter la maison pour aller à des destinations inconnues. Même dans la nuit, elle s'enferme dans sa chambre et se met à crier'', raconte Aïcha Touré, la petite sœur. Selon elle, la ménopause et le manque d'enfant ont bouleversé la vie de sa grande sœur. Aujourd'hui, celle-ci se dit prête à se battre pour que sa frangine ne connaisse pas le même sort. Et quitte à être déshéritée.
Viviane Diatta
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