Elle perd son enfant en accouchant sur l'autoroute
Le drame relance le débat sur les déserts médicaux. La maternité de sa petite ville dans le Lot ayant fermé en 2009, la mère avait pris la direction de Brive, soit un trajet d'un peu plus d'une heure. François Hollande a exigé une enquête administrative.
Une mère a perdu vendredi son enfant en le mettant au monde dans sa voiture sur l'autoroute A20 alors qu'elle faisait route vers une maternité de Brive, en Corrèze, faute de maternité dans le nord du département du Lot où elle réside. La jeune femme, enceinte de sept mois, a accouché dans la voiture. À leur arrivée, les pompiers n'ont pu que constater le décès du nouveau-né.
La jeune femme, accompagnée de son compagnon, avait pris la direction de Brive, soit un trajet d'un peu plus d'une heure, sur les conseils de son gynécologue qu'elle avait consulté peu avant à Figeac, dans l'est du Lot.
François Hollande a demandé une enquête administrative afin de «tout connaître des circonstances de ce drame». «Ce drame nous appelle une nouvelle fois encore à ne rien accepter en matière de désert médical», a déclaré le président devant le congrès de la Mutualité française réuni à Nice. «Aucun Français ne doit se situer à plus de 30 minutes de soins d'urgence», a-t-il ajouté, répétant un engagement de sa campagne présidentielle.
Pour un médecin lotois, ce drame pose en effet la question du manque de maternités dans le Lot. Ce département de 170.000 habitants ne compte qu'une maternité à Cahors, depuis la fermeture en 2009 de celle de Figeac et de celle de Gourdon quelques années plus tôt.
Lors de la fermeture de la maternité de Figeac en 2009, de nombreux médecins et agents hospitaliers du Lot avaient alerté contre les risques liés à la désertification médicale.
Moratoire demandé sur la fermeture de maternités
«L'accouchement dramatique» de cette femme illustre «l'aspect néfaste des regroupements de maternité», a estimé samedi la coordination nationale pour la défense des hôpitaux et maternités de proximité. La réorganisation de l'offre de soins privilégie de fait le regroupement de services médicaux et chirurgicaux, dotés d'équipements modernes, souvent dans des établissements neufs ou rénovés, situés la plupart du temps dans les grandes villes ou dans leur périphérie.
Selon le président de la coordination, Michel Antony, «les deux-tiers des maternités ont fermé depuis 20 ans». «On est devant une idéologie dominante, selon laquelle les concentrations sont la solution: ce qui est faux. Si on avait conservé une autre maternité dans le Lot, le drame d'hier ne se serait peut-être pas produit», estime-t-il.
Selon une étude publiée ce mois-ci par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES), le Lot se classe parmi les huit départements dans lesquels «plus de la moitié des femmes accouchent à une demi-heure ou plus de leur domicile alors que moins de 15% sont dans ce cas en Île-de-France et dans le département du Nord». La même étude, qui note qu'un cinquième des maternités ont fermé entre 2001 et 2010, établit qu'en France, la moitié des femmes sur le point d'accoucher accèdent à une maternité en moins de 17 minutes.
Il y a un peu plus d'une semaine, le gouvernement a annoncé son intention d'envoyer 200 médecins dans les déserts médicaux.
LeFigaro.fr