La CSS engage le chantier

La Caisse de sécurité sociale du Sénégal (CSS) a ouvert, ce mardi, son tout premier Forum international sur la sécurité et la santé au travail dans le secteur de la construction. L'événement prend fin ce mercredi.
La prévention durable des risques professionnels dans le secteur stratégique de la construction, la santé mentale des travailleurs et à forte exposition : voici les principales thématiques de l'événement inédit.
Car, dans un contexte marqué par des défauts de construction avec les nombreux effondrements de bâtiments relevés cette année, le forum semble venir à son heure. “Cette rencontre servira donc de cadre pour évoquer la prévention des risques dans un secteur aussi stratégique que la construction. Nous parlons souvent de la prise en charge des accidentés, mais moins de la prévention. Or, mieux vaut prévenir que guérir”, expose de façon brève le ministre du Travail et des Relations avec les institutions.
Selon Abass Fall, il faut se pencher sur la question, dans la mesure où “la construction est l'un des secteurs les plus accidentogènes. Avec pas moins de 9 % accidents constatés rien qu'en 2024”.
Pour marquer le pas dans ces mesures préventives, l'ancien député suggère le renforcement des dispositions judiciaires. “De nouveaux textes vont venir pour donner plus de moyens aux inspecteurs du travail. Car si l'on veut être efficace sur le terrain, nous devons outiller les acteurs qui doivent veiller au respect des règles”, dit-il.
‘’Ces dernières années, des accidents de plusieurs formes sont notés, relevant des défaillances techniques et du fait de l'homme. Pour renverser cette tendance, nous travailleurs avons intérêts à ce que les acteurs - État, bailleurs et sachants - prennent des mesures. Car la sécurité des futurs occupants en dépend’”, souligne le représentant de l'Intersyndicale des travailleurs Cheikh Mbacké Diop.
Toutefois, il invite l'autorité, représentée par Abass Fall, à l'application de sanctions. “Malgré les nombreux accidents, parfois, il n'y a pas de coupables. Il faut situer les responsabilités, car plusieurs corps de métiers composent la construction. Si un malheur se produit, ce que personne ne souhaite, on doit être en mesure de nous dire qui n'a pas fait correctement son travail. C'est en sanctionnant aussi qu'on atteint parfois plus de rigueur dans la construction”.
Dans son propos, M. Diop a un peu pris le contre-pied du ministre, quand il dit que le Sénégal n'a pas un problème de lois, de codes ou de toute autre disposition. Le seul hic, à son avis, est dans l'application ou l'applicabilité.
Lors de cette journée inaugurale, il était aussi question de la santé mentale dans les chantiers. “La santé mentale est un sujet très important, mais souvent négligé dans les chantiers. La santé mentale est silencieuse, mais quand elle vacille, tout s'écroule. C'est ainsi que les hauts responsables doivent veiller au grain, être à l'écoute et attentifs en même temps”, plaide la directrice de Nab Medical Tourism, Djenabou Doumbouya.
Elle souligne qu'une santé mentale qui n'est pas au beau fixe affecte négativement la “productivité” et développe une “agressivité”, chez le concerné.
MAMADOU DIOP