Publié le 19 Jul 2025 - 21:09
L’ADMINISTRATION LOCALE RETROUVE SA VOIX  

Un protocole d’accord qui change tout

 

Après trois années de paralysie, les agents des collectivités territoriales du Sénégal reprennent enfin le chemin du travail. À l’origine de ce dégel, un protocole d’accord jugé « historique », signé entre l’État et les syndicats, consacrant des hausses salariales substantielles, une indemnité transitoire et la mise en place d’un fonds spécial de soutien. Une victoire syndicale, mais aussi un soulagement national.

 

Un vent de soulagement souffle sur les citoyens sénégalais depuis ce début de semaine. Après trois longues années de paralysie, la grève des agents des collectivités territoriales a enfin pris fin. Les guichets des services d’état civil peuvent désormais de nouveau accueillir les usagers en quête d’actes de naissance, de certificats de mariage ou d’autres documents administratifs. Ce retour à la normale est une véritable bouffée d’oxygène pour les populations, mais aussi pour les agents grévistes, soulagés de retrouver leur statut et leurs droits.

Trois années de grève : l’épreuve des usagers

Le soulagement est palpable dans les centres administratifs de l’intérieur du pays comme à Dakar. Pendant trois années, les citoyens ont été contraints à des solutions alternatives, souvent coûteuses et inefficaces. L’arrêt de travail a mis en lumière les difficultés structurelles de la fonction publique locale, marquée par un manque de reconnaissance, de moyens et de perspectives. Le protocole d’accord signé ce 10 juillet entre l’État et Inter Syndicaliste des travailleurs des collectivités territoriales vient clore un long cycle de tension et de blocage.

Le ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des territoires, Moussa Balla Fofana, a salué « la maturité et la détermination des partenaires sociaux, dont la mobilisation a toujours été portée par le sens du service public ». Il a également rendu hommage au ministère des Finances et du Budget et à celui de la Fonction publique, pour leur appui technique déterminant dans la finalisation de cet accord.

Le ministre a insisté sur la portée du protocole signé, le qualifiant de « nouveau départ » pour les relations entre l’État, les collectivités territoriales et leurs agents. « Ce protocole ne marque pas une fin, mais un nouveau départ. C’est l’acte fondateur d’une coopération renforcée entre l’État, les collectivités territoriales et leurs agents, dans le respect des droits et des engagements mutuels », a-t-il déclaré.

Une avancée significative pour les travailleurs

L’accord entérine l’alignement des salaires de 1 155 fonctionnaires des Collectivités territoriales sur la grille salariale de la Fonction publique d’État. Les augmentations varient entre 80 000 et 300 000 francs CFA, selon les grades. En complément, une indemnité transitoire mensuelle de 80 000 francs CFA est prévue pour 6 458 agents certifiés. Cette mesure sera déployée progressivement sur une période de trois ans, dans une logique d’intégration durable au sein de la fonction publique locale.

Afin de soutenir les collectivités les plus impactées, un fonds spécial de 1,5 milliard de FCFA a été mis à disposition par l’État. Cependant, ce soutien financier sera conditionné à une gestion rigoureuse contractualisée par une convention avec la tutelle. « Il n’est plus question de ce saupoudrage, mais soutenons avec un encadrement sérieux », a insisté le ministre Fofana.

Les syndicats, quant à eux, ont accueilli l’accord avec prudence mais satisfaction. Ils soulignent que cette crise aurait pu être évitée si l’État avait pris en compte plus tôt les revendications légitimes des agents. L’intersyndicale regrette que le gouvernement ait eu la célérité de satisfaire les doléances des élus locaux, comme en témoigne le décret 2024-22 du 10 janvier 2024, qui révise à la hausse les indemnités des conseillers départementaux. « Cela montre que l’État pouvait agir vite quand il le voulait », déplore un syndicaliste.

L’accord signé est qualifié d’historique par de nombreux observateurs. Il ouvre la voie à une réforme structurelle de la gestion des ressources humaines dans les collectivités territoriales et ambitionne de construire une administration locale équitable, efficace et au service des citoyens. Une page se tourne, mais l’histoire reste à écrire.

« Ce protocole ne marque pas une fin, mais un nouveau départ. C’est l’acte fondateur d’une coopération renforcée entre l’État, les collectivités territoriales et leurs agents, dans le respect des droits et des engagements mutuels », a déclaré le ministre.

Cet accord, qualifié d’historique par plusieurs observateurs, vient consacrer un changement de cap dans la gestion des ressources humaines locales et conforte l’ambition gouvernementale de bâtir une administration territoriale efficace, équitable et au service des citoyens.

Pour rappel, cette situation avait été causée par le retard de l’État à vider cette crise des territoires engendrée par les grèves des travailleurs des collectivités territoriales. L’intersyndicale regrette le fait que le gouvernement ait pu trouver du temps à satisfaire les élus locaux, comme en atteste le projet de décret 2024-22 du 10 janvier 2024, abrogeant et remplaçant le décret 2014-1223 du 24 septembre 2014 fixant les taux maxima des indemnités et frais alloués au bureau du conseil départemental, aux conseillers et aux membres de la délégation spéciale du conseil départemental.

Au-delà du soulagement immédiat des citoyens et des agents, cette sortie de crise ouvre un nouveau chapitre dans la gouvernance territoriale au Sénégal. Le dialogue social, longtemps mis à l’épreuve, s’est finalement imposé comme socle d’un compromis durable. Pour les syndicats, l’accord n’efface pas les frustrations accumulées, mais marque une reconnaissance symbolique et budgétaire du rôle stratégique des agents locaux. Et pour l’État, il s’agit désormais de traduire cette avancée en engagements tenus et en réformes soutenues. Le service public local reprend vie. Reste à maintenir la confiance pour qu’il ne retombe plus jamais en léthargie.

AMADOU CAMARA GUEYE

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