L'affaire Khadim Ba portée à l'international

L'ambassadeur de la paix des Nations Unies met en garde le Sénégal contre les retombées économiques et les dommages à la réputation du patron de Locafrique, Khadim Ba, emprisonné depuis octobre 2024. Dans un communiqué, le Dr Michael K. Obeng informe que le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire examine actuellement le cas Khadim Ba.
L'affaire Khadim Ba, patron de Locafrique, prend une tournure internationale. L'ambassadeur de la paix des Nations Unies, le Dr Michael K. Obeng, fondateur de Restore Worldwide, lance un appel urgent aux institutions mondiales et avertit que la crédibilité du Sénégal, en tant qu'État démocratique, est menacée par la détention ‘’illégale’’ du "philanthrope" et chef d'entreprise Khadim Ba.
Dans un communiqué, il fustige que M. Ba, administrateur non exécutif et membre du Conseil d'administration de DerMond Oil & Gas, et l'homme derrière une initiative d'aide médicale de 5 millions de dollars au Sénégal, soit détenu à la prison centrale de Dakar, depuis le 4 octobre 2024, "malgré, écrit-il, l'absence de preuves crédibles à l'appui des accusations portées contre lui".
Pour rappel, Khadim Ba est poursuivi pour trois chefs d’accusation : importation sans déclaration portant sur 63,052 milliards F CFA, non-rapatriement de 44,601 milliards et escroquerie sur les deniers publics à hauteur de 63,052 milliards F CFA.
Selon le Dr Michael K. Obeng, ‘’la communauté internationale ne peut rester les bras croisés tandis qu'un homme qui a tant donné sert de bouc émissaire politique. Il s'agit désormais d'un problème mondial et non plus seulement d'une injustice locale’’.
D'après le communiqué, en février 2025, l'expert nommé par le tribunal, Gory Ndiaye, a publié un rapport qui démontait le dossier de l'État : il ressort qu'il n'y a aucune infraction douanière, car la raffinerie Sar et Total Energies ont déclaré toutes les importations et payé les droits. Le rapport, ajoute-t-on, n'a décelé aucune malversation financière et que toutes les transactions sont conformes à la réglementation de la BCEAO.
Également qu’il n’y a aucune preuve de contrebande ou de fraude et que les rapports douaniers 180/181 ne montrent aucune indication d’acte répréhensible.
‘’Malgré cela, écrit le Dr Michael K. Obeng, Khadim Ba est détenu en vertu de l’article 344 du Code des douanes du Sénégal, une loi conçue pour les contrebandiers arrêtés et non pour les dirigeants d’entreprise".
Il informe, donc, que le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire examine actuellement le cas de Khadim Ba. Car les observateurs affirment que sa détention est motivée par des raisons économiques et politiques : "Il a acquis une participation de 34 % dans la raffinerie de pétrole Sar en 2019, par le biais du groupe Locafrique. Ses actions auraient été diluées à 0,5 % sans compensation après des différends avec le gouvernement" renseigne la note.
Impact économique sur les investisseurs
D'après l'analyste économique ouest-africain, Jean-Luc Mbaye, la gestion de cette affaire par le Sénégal envoie un signal dangereux aux investisseurs internationaux. ‘’Lorsque les tribunaux ignorent les preuves et détiennent arbitrairement des chefs d'entreprise, la confiance dans le marché s'érode rapidement. Cela menace non seulement les réputations individuelles, mais aussi l'ensemble du climat des affaires dans la région’’, dit-il.
Le communiqué énumère plusieurs violations de procédure comprenant un délai de huit mois, avant la première audience de Ba ; le refus d'accès à un avocat ; le maintien en détention malgré des preuves à décharge. ‘’Il ne s'agit pas seulement d'une erreur juridique, mais d'une atteinte à la réputation démocratique du Sénégal’’, assure le Dr Obeng qui souligne que ‘’les investisseurs internationaux, les organismes de défense des Droits de l'homme et les partenaires diplomatiques sont attentifs".
F. BAKARY CAMARA