Publié le 19 Sep 2025 - 19:08
AUDIT NATIONAL DES TITRES MINIERS

Birame Soulèye Diop révèle l’existence de 228 sites clandestins

 

Pour la première fois depuis l’indépendance, le Sénégal organise des journées portes-ouvertes sur le secteur des mines, couvrant l’ensemble du territoire national. Le lancement officiel a eu lieu ce mercredi à Thiès, en présence du ministre de l'Énergie, du Pétrole et des Mines, Birame Soulèye Diop, qui s’est prononcé sur l’audit national des titres miniers conduit en 2024-2025 dans les 14 régions du pays.

 

La cérémonie s’est tenue en présence du gouverneur de la région de Thiès, des préfets, sous-préfets, maires de communes, partenaires techniques et financiers, ainsi que des représentants de la société civile et des opérateurs miniers. Ces journées, qui s’étendront sur une semaine, se dérouleront dans les directions régionales de l’énergie et des mines de Thiès, Dakar et dans les autres régions. Elles offriront un espace d’échanges et de dialogue entre les différents acteurs : opérateurs privés, collectivités locales, communautés impactées et autorités publiques.

« Ces journées ne sont pas seulement un lancement symbolique. Elles traduisent notre volonté de bâtir un cadre de dialogue ouvert, inclusif et pédagogique autour du secteur minier », a souligné le ministre de l'Énergie, du Pétrole et des Mines, Birame Soulèye Diop. Qui revenant sur l’audit national des titres miniers conduit en 2024-2025 dans les 14 régions du pays, a rappelé que les résultats ont mis en évidence des failles importantes : 94 % d’irrégularités administratives constatées, 848 sites visités dont 228 clandestins, et 275 titres jugés inactifs.

A ses yeux, « ces constats ne doivent pas être perçus comme des sanctions, mais comme des opportunités pour travailler ensemble et trouver des solutions durables ».

Les contributions minières ont progressé de 325 %, 2024 et 2025 

Ce faisant, le ministre a réaffirmé l’engagement de l’État à défendre les intérêts des populations locales : « Pour ceux qui n’ont pas de voix, nous serons leur défenseur et leur avocat. Nous accompagnerons les opérateurs pour qu’ils se conforment aux prescriptions légales, dans le respect de l’environnement et de la durabilité. »

Il a rappelé que l’exploitation minière ne doit pas se réduire à une logique de production et de recettes, mais constituer un levier de développement équilibré. « La première responsabilité d’un projet minier doit être vis-à-vis des populations locales qui vivent à proximité et qui doivent en être les premiers bénéficiaires, aux côtés des investisseurs », insiste Birame Soulèye Diop.

Il annonce que les efforts de régulation commencent à porter leurs fruits. Entre le premier trimestre 2024 et le premier trimestre 2025, les contributions minières ont progressé de 325 %. De plus, renseigne le ministre, le taux de conformité des dossiers de demande de titres a fortement évolué : il est passé de 6 % lors de la première commission d’instruction à 66 % à la huitième commission.

« Nous avons désormais une administration qui veille au grain et des partenaires conscients de l’obligation de se conformer à la loi », déclare la tutelle.

L'interpellation du maire de la ville de Thiès Babacar Diop à l'endroit des entreprises minières

À l’ouverture officielle des Journées portes-ouvertes sur le secteur minier, un rendez-vous majeur de réflexion et d’échanges sur l’impact de l’activité extractive au Sénégal, le maire de la commune, Dr Babacar Diop, a livré un message fort en direction des entreprises opérant dans le domaine.

Dès son allocution, l’édile de Thiès a tenu à rappeler la nécessité d’une exploitation minière responsable, respectueuse de l’environnement et des populations : « Les entreprises doivent respecter notre environnement. Elles ne doivent pas détruire nos routes, nos infrastructures ferroviaires et, encore moins, les vies humaines. Et pourtant, elles brassent des milliards », a-t-il regretté.

Avec des mots empreints d’émotion, Dr Diop a lancé un « appel du cœur » au ministre présent ainsi qu’aux acteurs du secteur : « C’est un plaidoyer pour plus de justice sociale et pour que l’on pense enfin à ces populations démunies qui subissent au quotidien les conséquences de cette exploitation. »

Par ailleurs, le maire de Thiès a insisté sur la primauté de la nature et de la vie sur les considérations financières. A ses yeux, « il y a des choses que l’argent ne peut pas acheter. On ne peut acheter ni le vent, ni le soleil, ni la pluie », a-t-il martelé. Des propos largement salués par l’assistance, qui mettent une nouvelle fois en lumière les défis cruciaux liés à la cohabitation entre développement économique et préservation de l’environnement dans les zones minières du pays.

Ndeye Diallo (Thiès)

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