Une coalition d’ONG internationales interpelle les autorités sénégalaises

Le consortium d’ONG « Agir Ensemble » et les Enfants Ambassadeurs du Sénégal rappellent à l’État du Sénégal l’urgence de prendre des mesures concrètes pour assurer la protection des droits des enfants conformément à ses engagements internationaux. En effet, les ONG membres du consortium Agir Ensemble, qui œuvrent pour la protection et la promotion des droits de l’enfant, sont très préoccupées par la recrudescence des violations des droits de l’enfant au Sénégal.
Le Consortium « Agir Ensemble » (Joining Forces), composé de sept ONG internationales engagées à travers un partenariat mondial pour travailler ensemble, pour et avec les enfants, en vue de faire progresser l’agenda des droits de l’enfant dans le monde à l’horizon 2030, « s’insurge contre les cas de traitements inhumains et dégradants dont sont victimes les enfants de la rue, la persistance du mariage des enfants et des mutilations génitales féminines, ainsi que les cas de violences sexuelles sur des filles mineures ». Lors d’une conférence de presse, à Kaolack, Khadim Dieng, représentant de Joining Forces au Sénégal, a déclaré : « le gouvernement doit s’assurer de l’exécution du Mémorandum des Enfants du Sénégal présenté au Premier ministre en avril 2025 ».
Ledit mémorandum, souligne M. Dieng, a fait ressortir les défis suivants : inexistence d’un Code de l’enfant ; persistance du phénomène des enfants en situation de rue ; mendicité forcée ; mauvaises conditions de vie des enfants dans certains daaras (hygiène, accès à l’eau et à l’électricité...) ; protection des enfants contre les abus en ligne ; violences sexuelles, physiques et morales faites aux enfants ; mariages d’enfants et mutilations génitales féminines ; insuffisance du budget alloué à la protection de l’enfant.
Ainsi, face à ces défis, le Premier ministre Ousmane Sonko a marqué, dit-il, la volonté politique d’améliorer la situation des enfants les plus vulnérables et marginalisés. Une volonté qui s’est matérialisée lors du Conseil des ministres du mercredi 23 avril 2025, durant lequel le chef du gouvernement est revenu sur la question. Il avait, concernant la prise en charge des enfants de la rue, exprimé la forte préoccupation du gouvernement face à ce phénomène de violation grave des droits de l’enfant garantis par la Constitution du Sénégal et les divers textes internationaux. Tout en rappelant les différentes initiatives prises par le Sénégal, notamment la « Stratégie de protection de l’enfant », le projet « Zéro enfant en situation de rue » et le « Programme de Modernisation des Daara », qui n’ont pas produit les impacts attendus. Un nouveau paradigme s’impose donc dans le contexte de la Vision Sénégal 2050, qui place l’avenir de l’enfant au cœur de la promotion d’un capital humain de qualité et de l’équité sociale.
Il faut agir maintenant !
Malgré les avancées non négligeables – indique la coalition d’ONG (ChildFund Alliance, Plan International, Save the Children International, SOS Villages d’Enfants, Terre des Hommes Fédération Internationale, World Vision et Educo) – en matière de protection de l’enfant et les nombreuses résolutions prises en ce sens, les enfants sont « de plus en plus victimes de violences de toutes sortes ». Pour venir à bout de telles pratiques et régler de manière définitive les cas de violences et de maltraitance que subissent les enfants, le consortium appelle à « l’harmonisation de la législation nationale aux traités internationaux ratifiés par l’État du Sénégal ».
Face à cette situation jugée préoccupante, les Enfants Ambassadeurs du Sénégal, représentés hier par Abdou Rahmane Niang, et le Consortium Agir Ensemble invitent l’État du Sénégal à « reprendre le travail autour du projet de Code de l’enfant pour une réflexion approfondie qui puisse permettre son amélioration et aider à accélérer son adoption ». Car, dit-il : ‘’le Code de l’enfant reste l’instrument juridique le plus sûr pour venir à bout des violences faites aux enfants, car il offre des réponses durables à des problématiques cruciales de protection des enfants, notamment les violences sexuelles, la mendicité des enfants, le mariage des enfants, etc. ».
Le Consortium Agir Ensemble plaide pour l’accélération des processus d’adoption du projet de loi portant code de l’enfant, l’institutionnalisation du Parlement national des Enfants, le vote du projet de loi portant statut des daaras et l’augmentation du budget alloué à la protection de l’enfant. Il tient à réitérer son engagement et sa disponibilité à accompagner les efforts de tous pour garantir l’effectivité de la protection et de la promotion des droits de l’enfant au Sénégal.
BACHIR KANE