A Sandaga, la hausse des prix plombent le commerce
Les hausses des prix des denrées alimentaires ne font pas les affaires des commerçants. Lesquels pointent du doigt le gouvernement.
Hier, à trois jours de la célébration de l'Aïd El Kebir (Tabaski), les consommateurs dakarois se faisaient encore désirer chez les commerçant visités par EnQuête. Au marché Sandaga, les entrées sont occupées par des vendeuses de légumes en mal de clientèle. Et surprise, la petite ruelle qui mène à l’intérieur du bazar est déserte alors qu'il est d'ordinaire témoin le jour d'un ballet incessant d'acheteurs et vendeurs. Les hausses des prix des denrées en serait l'une des causes.
Assis sur un réservoir d'huile dans sa boutique, Ibou Diouf, teint noir, taille élancée, égraine son chapelet. Selon ce trentenaire tout marche au ralentit. ''Cette année, rien ne marche. L'année dernière à trois jours de la fête, le marché grouillait de monde. Depuis ce matin, je n'ai rien vendu. Cette situation est causée par la hausse des prix parce qu'on n'a pas connu cela à la Korité'', de l'avis du commerçant. ''Notre cas est critique. Sans les clients, nous ne pouvons pas passer une bonne fête, parce que je n'ai pas encore acheté mon mouton. C'est vraiment triste mais nous gardons encore espoir. Avant, même avec la conjoncture, les gens venaient acheter, nous ne voyons personne maintenant'', a renchéri Souleymane Diallo assis aux côtés de son collègue.
A l’intérieur du marché, des jeunes boivent du thé. Sada Bâ commence à ranger ses affaires. Il dit être fatigué de rester toute la journée à se tourner les pouces. Ce jeune de 26 ans quitte tous les jours la banlieue dakaroise pour faire son commerce en ville. ''Ce n'est pas intéressante de quitter chez soi le matin et renter bredouille. Je viens de Pikine et puisque aujourd'hui (Ndlr, hier) les bus sont en grève, je préfère rentrer plus tôt. La hausse des prix a freiné toutes nos activités. Macky Sall devait attendre après la Tabaski pour augmenter les prix'', se lamente-t-il.
Pourtant, Sadio Barry, un autre vendeur, se réjouit des augmentations des coûts des produits. ''A 10.000 francs le sac de pommes de terre, 8500 francs celui de l'oignon et les 5 litres de l'huile à 5500 francs, on peut beaucoup gagner. Les clients viendront, je reste optimiste, sinon ils ne vont pas passer une bonne fête'', soutient-il. Mais il est vite recadré par le vieux Sadibou Sarr. Selon ce sexagénaire, certains consommateurs ne sont pas au courant de la hausse des prix. ''Il y a des clients qui ont rebroussé chemin dès qu'on leur a annoncé les prix. Plusieurs clients nous rejettent la faute, ils pensent que c'est nous qui avons augmenté les prix pour gagner plus d'argent à l'occasion de la fête. Donc, cette hausse devait vraiment attendre'', explique Sadibou Sarr.
Viviane DIATTA
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