Publié le 14 Nov 2012 - 00:37
CIA, HÉROS DE GUERRE, SEXE, RIVALITÉ FÉMININE

 Les ingrédients du scandale à l'américaine

 

 

Un militaire respecté, une femme (voire deux) très ambitieuse, les services secrets et une possible atteinte à la sécurité nationale : la relation entre David Petraeus et Paula Broadwell a tous les ingrédients américains de l'affaire d'Etat.

 

LE CASTING

 

Un héros de la guerre d'Irak devenu patron des espions

 

Général le plus médiatique de l'armée américaine, commandant de la mythique 101e division aéroportée lors de la guerre d'Irak en 2003, David Petraeus est  notamment considéré comme l'artisan de la stratégie gagnante dans le pays à partir de 2007. A la tête de la coalition, il avait alors préconisé de renforcer les effectifs ("the surge") tout en impliquant les responsables provinciaux irakiens dans la lutte contre Al-Qaïda.

 

Dans la même optique, Barack Obama, avec qui les relations étaient parfois tendues, l'avait propulsé en 2010 à la tête des forces internationales en Afghanistan pour combattre les talibans. Sur ce point, son bilan est plus mitigé. En juin 2011, David Petraeus, à qui les observateurs prêtaient des ambitions politiques, a pris la tête de la CIA. Son expérience de la lutte contre Al-Qaïda était en effet perçue comme un atout pour une agence de renseignement essentiellement chargée aujourd'hui de lutter contre le terrorisme.

 

C'est dire si la relation extraconjugale de David Petraeus avec Paula Broadwell a fait tomber le mythe, surtout dans un pays puritain où les valeurs morales sont autant importantes que la qualité du travail effectué. L'assassinat de l'ambassadeur américain en Libye en septembre dernier avait cependant déjà écorné les dysfonctionnements de la CIA, et donc les erreurs de David Petraeus.

 

Une femme ambitieuse

 

Agée de 40 ans, Paula Broadwell, celle par qui le scandale est arrivé, est souvent décrite comme brillante, élégante, sûre d'elle et surtout ambitieuse. En 2006, alors étudiante à Harvard, elle n'avait pas hésité à aborder David Petraeus, venu donner une conférence. En 2008, elle décide d'écrire la biographie du général. Elle le suivra officiellement dans de nombreux déplacements, au point de vivre pendant un an en Afghanistan, où il est alors affecté. Leur liaison aurait commencé après le départ du général de l'armée et au plus tard deux mois après sa prise de poste à la CIA en juin 2011. Elle se serait terminée il y a quatre mois.

 

Une seconde femme

 

Agée de 37 ans, Jill Kelley, agent de liaison sociale" avec une base aérienne en Floride, connaissait David Petraeus depuis longtemps. Les dates de leur liaison ne sont pas encore établies avec certitude.

 

LE SCENARIO

 

Une bataille de femmes

 

Paula Broadwell et Jill Kelley étaient  "en concurrence" pour David Petraeus. C'est du moins ce que laissent penser des e-mails anonymes envoyés par la première à la seconde : "Je sais ce que tu as fait, va-t-en, éloigne-toi de mon mec", aurait notamment écrit Paula Broadwell, selon le New York Post.

 

Une découverte fortuite

 

La "love affair" entre le général et Paula Broadwell a été découverte par hasard après que Jill Kelley, s'estimant menacée par les e-mails de sa concurrente anonyme, a demandé à un agent du FBI, ami personnel, d'enquêter et d'être protégée. Petit à petit, malgré l'anonymat de ces courriels, l'enquête est remontée jusqu'à David Petraeus. Selon des responsables policiers cités par le Washington Post, il aurait été interrogé par la police fédérale "il y a deux semaines" pour savoir s'il était au courant de l'attitude de Paula Broadwell et si la sécurité nationale, étant donné sa fonction, aurait pu être remise en question par leur liaison.

 

DES IMPLICATIONS POLITIQUES

 

Une atteinte à la sécurité nationale ?

 

David Petraeus a-t-il donc pu faire des "confidences sur l'oreiller" ou bien se faire subtiliser des documents par Paula Broadwell (la remarque est la même pour son autre maîtresse) ? Celle-ci aurait-t-elle pu être manipulée par un service étranger ? Officiellement, la réponse est non, selon la présidente de la commission du renseignement du Sénat américain, la démocrate Dianne Feinstein.

 

Une chronologie qui pose question

 

Le "timing" de la révélation de l'affaire avec l'élection présidentielle, soulève des interrogations. Le FBI a  commencé à enquêter sur les e-mails pendant l'été avant de remonter assez vite à Petraeus. Mais, étant donné l'aspect sensible du dossier, ses responsables, ainsi que ceux du ministère de la Justice, prévenus à la "fin de l'été" selon le New York Times, n'en ont informé personne -pas même la commission du renseignement du Sénat- jusqu'à la semaine dernière. L'administration a-t-elle alors attendu de révéler l'affaire après la bataille entre Barack Obama et Mitt Romney ? Juste avant le scrutin, un scandale impliquant de fait la sécurité nationale aurait en effet pu faire mauvais effet pour le président sortant.

 

Le New York Times explique en fait que le FBI n'aurait "bouclé" le dossier concluant à la non-implication du général qu'à 17h le mardi 6 novembre, le jour de l'élection ! Mais, entre-temps, l'agent du FBI qui a débuté l'enquête avait prévenu Eric Cantor, le leader des républicains à la Chambre des représentants. Celui-ci a alors appelé le patron du FBI le 31 octobre. Ce coup de fil est-il à l'origine de l'accélération de la révélation de l'affaire ?

 

 

LA THEORIE DU COMPLOT

 

Une audition menacée

 

David Petraeus devait être entendu jeudi par la commission du renseignement du Sénat sur la mort de l'ambassadeur américain en Libye, tué le 11 septembre dernier lors de l'attaque du consulat de Benghazi. L'enquête a pour l'instant montré les dysfonctionnements de la CIA mais aussi ceux de l'administration Obama. Sa démission pourrait lui éviter d'être interrogé puisque c'est son remplaçant par intérim, Mike Morrell, qui doit se  présenter devant les parlementaires.

D'où le lien rapidement établi par les "conspirationnistes" entre Benghazi et le scandale sexuel. Pour désamorcer la polémique, Dianne Feinstein indique cependant que malgré sa démission, David Petraeus pourrait devoir se déplacer. Son audition est réclamée par le Parti républicain.

 

Tf1.fr

 

 

 

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