Publié le 12 Feb 2024 - 14:50
 REPORT DE LA PRÉSIDENTIELLE

Macky Sall au banc de la communauté internationale

 

La communauté internationale fait pression sur le régime de Macky Sall pour le respect du calendrier républicain, après le report de la Présidentielle. Ce coup de pression de la CEDEAO pourrait déstabiliser le régime de plus en plus isolé sur la scène internationale. 

 

Macky Sall qui, pendant longtemps, été le chouchou des Occidentaux, voit ses soutiens au sein la communauté internationale s’effriter au gré des réactions des chancelleries occidentales. Si, au lendemain de sa décision de reporter le scrutin présidentiel le 3 février dernier, les puissances occidentales avaient fait preuve de prudence en condamnant sur le bout des lèvres le report, il faut dire que, depuis lors, elles ont durci leur position. Face à la levée de boucliers de l’opinion publique africaine, des organisations des Nations Unies et des partis politiques comme la France insoumise, le principal partenaire stratégique et économique du Sénégal s’est totalement démarqué du régime de Macky Sall.

Lors de sa prise de parole devant l’Assemblée nationale française, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a demandé explicitement au gouvernement sénégalais ‘’d’organiser la Présidentielle conformément à la Constitution’’ et d’assurer le respect du calendrier républicain.

Par ailleurs, la couverture médiatique assurée par les médias français (France 24, TV5 et LCI) semble indiquer que Paris entend prendre ses distances avec un de ses ex-protégés, de peur d’une montée du sentiment antifrançais dans le pays. L’Élysée suit ce dossier de très près, au regard des nombreux intérêts économiques de la France au Sénégal.

Selon le journaliste Antoine Glaser, Paris, consciente de la situation au Sahel, a lancé un ouf de soulagement en voyant les États-Unis monter en première ligne dans ce dossier du report de la Présidentielle. Depuis le début de la crise, Washington s’est montrée critique envers le régime de Macky Sall estimant même que le vote du Parlement sénégalais qui entérine le report de la Présidentielle et qui prolonge le mandat du président Macky Sall n'est pas “légitime". Le département d’État a aussi dénoncé les coupures d’Internet et appelé au rétablissement du calendrier républicain dans les plus brefs délais. 

"Les États-Unis sont profondément préoccupés par les mesures prises pour repousser l'élection présidentielle du 25 février au Sénégal, et qui vont à l'encontre de la forte tradition démocratique" du pays, a affirmé le département d'État dans un communiqué le 7 février dernier.

L’Union européenne et l’Allemagne ont aussi fermement condamné le report, tout en appelant au respect du calendrier républicain.

Coup de pression de la CEDEAO contre le report ? 

Néanmoins, pour les spécialistes, le vrai coup de massue contre le régime de Macky est venu de la CEDEAO. L’organisation communautaire qui, à travers son président en exercice, le chef d’État bissau-guinéen Umaru Sissoco Embalo, dans un premier temps, avait félicité Macky Sall, va très vite rétropédaler pour condamner le report. Le président de la Commission de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest,  Omar Touray, a indiqué dans son dernier communiqué, le 6 février, que l'organisation régionale appelait à ‘’prendre de toute urgence les mesures nécessaires pour rétablir le calendrier électoral’’.

Une sortie qui a passablement irrité la présidence sénégalaise qui n’a pas apprécié d’être mise au banc de la communauté ouest-africaine. 

 Par ailleurs, la dernière rencontre des ministres des Affaires étrangères des pays membres de la CEDEAO, je jeudi 8 février à Abuja, n’a pas accouché de grandes décisions concernant le Sénégal. Une non-prise de décision qui ne semble pas faire l’unanimité au sein de la communauté régionale. 

‘’On observe aujourd’hui que le Sénégal aussi est en difficulté. Ce qu’on observe au Sénégal et qui est regrettable est de nature à nous interroger sur les communautés auxquelles nous appartenons. Est-ce que la CEDEAO et l’UEMOA, cette fois-ci, vont condamner ou non ? Quand on condamne, on dit qu’il ne faut pas condamner. Quand on sanctionne, on dit qu’il ne faut pas sanctionner. Il faut faire quoi ?’’, s’est interrogé Patrice Talon, lors d’une conférence de presse à Cotonou, le 8 février 2024.

La persistance de la crise pourrait pousser la CEDEAO à sanctionner le Sénégal pour manquement grave aux règles démocratiques. Un moyen pour les responsables de la CEDEAO d’éviter le procès de deux poids et deux mesures dans l’espace ouest-africain.

Ainsi, le CEDEAO continue d’être accusée d’être trop complaisante avec les coups d’État constitutionnels qui ont eu lieu en Côte d’Ivoire en 2020 et en Guinée en 2021. 

Nathaniel Olympio, Président de Kekeli, Cercle d’études stratégiques sur l’Afrique de l’Ouest, indique que ‘’compte tenu de l’importance du Sénégal au sein de l’organisation communautaire, c’est une situation difficile pour la CEDEAO qui joue sa crédibilité. Tout le monde l’observe, et son salut viendra de son respect de la volonté du peuple’’, dit-il avant d’indiquer que la pression interne serait le mieux à même de faire infléchir le régime de Macky Sall.  ‘’La pression vient d’abord de l’intérieur, les Sénégalais n’acceptent pas cette forfaiture. Religieux, syndicats, organisations de la société civile, tous s’organisent pour faire échec à cette initiative, comme ils l’ont réussi en 2000 contre Abdou Diouf et en 2012 quand le président Abdoulaye Wade cherchait à imposer son fils à sa succession, puis à forcer un troisième mandat. On peut faire confiance au peuple sénégalais, car il sait barrer la route à ce type d’aventure. Un cycle qui revient tous les 12 ans, donc l’expérience est là. Le chef de l’État fait l’unanimité contre lui, je ne vois pas comment il pourrait réussir cette folle aventure’’, observe M. Olympio.

 

Mamadou Makhfouse NGOM 

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