Publié le 16 Jan 2024 - 15:26
ÉDUCATION MATAM - NABADJI CIVOL

 L’école de Wouro Yero Gnébé en abris provisoires est un repaire de serpents

 

Au village de Wouro Yero Gnébé, situé dans la commune de Nabadji Civol, dans le département de Matam, les enseignements-apprentissages se déroulent dans des abris provisoires. Les élèves suivent les cours dans un environnement peu sûr. Des serpents venimeux circulent aux abords. Une situation inquiétante qui a poussé le directeur d’école à lancer un cri du cœur pour la construction sans délai de salles de classe.

 

La question des abris provisoires dans le système éducatif est loin d’être résolue dans la région de Matam. Les enseignants et les élèves de l’école élémentaire du village de Wouro Yero Gnébé, situé à près de deux kilomètres de Nabadji Civol et de la route nationale n°2, n’ont jamais eu le privilège de connaître la joie d’évoluer dans une salle de classe conventionnelle. ‘’Nous travaillons dans des conditions misérables dans cette école, raconte le directeur de l’école, Djiby Abou Ba. Depuis la création de cette école en 2017, nous avons toujours travaillé dans des abris provisoires. Pour vous parler franchement, c’est extrêmement difficile d’évoluer dans cet espace pour le bon déroulement des enseignements-apprentissages’’, fait-il savoir.

Les conditions de travail sont extrêmes pour les enseignants en service dans ce village. Les intempéries, monnaie courante dans cette partie du Sénégal, constituent une entrave majeure pour le déroulement des cours. ‘’Il y a des périodes de l’année où nos enfants n’apprennent quasiment pas. C’est vers le mois de mai. Durant cette période, il y a beaucoup de vent qui soulève une quantité énorme de poussière. Et quand c’est le cas, les enseignants demandent souvent aux élèves de rester chez eux’’, témoigne un parent d’élèves. Des propos corroborés par un des enseignants de cette école qui explique qu’il ‘’est impossible de travailler dans des abris provisoires quand il y a des tempêtes de sable. On est obligé de suspendre les cours, malheureusement, parce qu’il n’y a pas d’alternatives. C’est un impératif pour les autorités de nous construire des salles de classe en dur’’, ajoute-t-il.

Des serpents qui se faufilent entre les pieds des potaches

Dans l’école de ce village, ce n’est pas seulement les intempéries qui constituent un obstacle majeur au déroulement des enseignements-apprentissages, les serpents et d’autres reptiles perturbent régulièrement les cours. Pire, c’est l’intégrité physique des potaches qui est en jeu. Puisque ceux qui fréquentent ces abris provisoires sont à la merci de morsures de serpents venimeux. C’est le directeur de l’école qui en fait la révélation. ‘’Il faut avoir un sens élevé du professionnalisme et du patriotisme pour accepter de travailler dans de pareilles conditions. Nous travaillons dans des situations indescriptibles. En plus d’une chaleur étouffante, il y a régulièrement des serpents qui apparaissent dans les salles de classe. Vous imaginez le risque ? Si un serpent mord un élève en classe et que par malheur cet enfant décède, vous imaginez le scandale que ça va créer ?’’, s’emporte-t-il.

Ce danger permanent, en effet, impacte directement sur la fréquentation de l’école par les jeunes filles notamment, si l’on se fie aux propos de Fama, un autre parent d’élèves. ‘’On nous parle régulièrement des serpents qui apparaissent dans ces salles de classe. C’est un danger permanent pour nos enfants. Nous sommes dans une inquiétude permanente lorsque nos enfants vont à l’école. C’est parce que nous savons que l’irréparable pourrait se produire à tout moment. Et vous savez qu’il y a des serpents dont la morsure est fatale. C’est pour éviter ces accidents que beaucoup de parents ont décidé de retenir leurs filles. Pour dire vrai, ils n'ont pas tort. Nous avons l’impression que les autorités n’accordent aucune importance à cette école et c’est dommage’’, se désole la jeune femme.

La situation alarmante de cette école élémentaire de Wouro Yero Gnébé inquiète au plus haut point les populations de ce village. Des initiatives sont en train d’être prises pour exposer le problème au maire de cette commune, Abdoulaye Sally Sall, le richissime homme politique de Boyinadji.

Djibril BA

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