Polémique autour d’une délibération de 50 ha

Une délibération de 50 ha fait sortir les populations de Fass Beurigo de leurs gonds. Ces terres destinées à l’érection d'un camp militaire ont été, d’après les populations qui crient au scandale, affectées à la ‘’Grande muette’’ sans leur accord.
Fasse Beurigo est une commune située dans le département de Guinguinéo. Les populations s’offusquent d’une délibération portant attribution de 50 ha sur l'assiette foncière de cette si petite commune.
En effet, selon Dame Kane, notable du village et porte-parole des habitants de cette localité, "Fass Beurigo est si étroite que même des habitants peinent à trouver de l’espace pour leurs activités agricoles et d'élevage’’. Pour lui, des terres ne devraient pas être affectées à des fins autres que celles d'habitation puisque les résidents vivent déjà à l’étroit. Dame explique que l'inaccessibilité des terres a atteint un degré tel, que beaucoup de paysans en louent chaque hivernage pour cultiver. Très aberrant, selon lui. Il considère que non seulement des attributions de terres ne devraient profiter qu’aux paysans, mais que 50 ha, c’est trop pour un camp militaire dans une localité aussi enserrée que celle de Fass Beurigo.
L’inquiétude est si immense chez les populations touchées par cette délibération municipale qu’elles ont haussé le ton en envahissant les terres confisquées dont le bornage a débuté. Un des manifestants a été arrêté par la gendarmerie. Un acte jugé déplorable par les âmes de Fass Beurigo.
Ainsi, les nouvelles autorités sont interpellées sur "cette spoliation foncière". D’après les concernés "rien n’a été clairement expliqué aux populations. D'ailleurs, même les conseillers municipaux ont été bernés, car ne connaissant pas la superficie exacte qui leur a été soumise au moment du vote’’, a déclaré le porte-parole.
En clair, "le maire Mandiaye Kébé n’a pas joué franc jeu et cela est une arnaque foncière", ont assumé les habitants qui sont dans tous leurs états. Ce qui les inquiète surtout, c’est l'immensité du périmètre pour un camp militaire, alors que des zones plus vastes et non habitées existent dans la région.
En tout état de cause, la conviction la mieux partagée, ici, c’est qu’il y aurait ‘’des non-dits sur cette délibération qui remonte à deux semaines, même si depuis lors personne n'a été mis au courant et ce n’est que ce week-end end que le deal a éclaté‘’, ont confié les manifestants qui renchérissent que l’affaire s’est ébruitée quand certains conseillers municipaux se sont aperçus de l’immensité de la superficie et ont commencé à en parler.
A noter que dans cette zone comme dans d'autres contrées rurales, les conseillers municipaux sont pour la plupart des analphabètes qui ne savent ni lire ni écrire.
Tout compte fait, d’après nos sources, l'armée est bien au courant de l’attribution de ces terres de même que les autorités administratives. D'où l'appel des populations au nouveau régime afin de rétrocéder ces terres aux communautés, d’autant plus que ces pratiques "frauduleuses" sont monnaie courante dans le monde rural kaolackois.
Le maire ‘’apériste’’ de Fass Beurigo, interpellé sur ce sujet, rejette en bloc les accusations portées contre lui et parle de respect scrupuleux de la procédure d’attribution de ces 50 ha. Il ajoute que l’armée avait sollicité 100 ha, mais faute d’espace, il n’a pas donné suite à cette requête. Il renseigne également que la délibération a été adoptée avec une majorité écrasante. Pour lui qui annonce sa démission au cours de cette année, le moment serait mal choisi pour porter ce coup à cette commune dont il a été le seul maire depuis son érection en commune en 2011 et à laquelle il dit avoir tout donné. C’est, selon Mandiaye Kébé, la seule commune de la zone à disposer d’un stade électrifié. ‘’La seule maison dont je dispose dans la commune est celle qui m’a vu naître. Une concession d’héritage’’, a-t-il clarifié
Alioune Badara Diallo Kane