Les avocats de l’Etat ruent dans les brancards
Le Collectif des avocats de l’Etat n’apprécie pas la conclusion du Groupe de travail des Nations Unies sur l’affaire Karim Wade. Dans un communiqué parvenu hier à EnQuête, les avocats du Sénégal trouvent infondé le rejet de sa demande de réexamen de l’avis.
Le Collectif des avocats de l’Etat est très remonté contre le Groupe de travail des Nations unies après la publication de son deuxième avis sur la détention de l’ancien ministre de l’Energie, Karim Wade. Dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction, les robes noires s’insurgent contre cette décision. Ils contestent ainsi toute idée de confirmation de l’avis. Selon eux, les experts de l’ONU font de la désinformation en parlant de confirmation. ‘’Il s’agit là d’une manipulation destinée à tromper l’opinion publique’’, soutiennent-ils.
Me Felix Sow et ses confrères dénoncent ainsi le rejet de la demande de réexamen du premier avis émis par ledit Groupe de travail. A leurs yeux, cette décision n’est pas fondée car n’ayant pas pris en considération les nombreuses allégations soulevées par l’Etat. ‘’Il ne s’agit par conséquent nullement d’une quelconque confirmation qui aurait supposé que la demande de l’Etat du Sénégal ait été examinée au fond’’, affirment-ils. D’ailleurs, ils disent ne pas être surpris par la position des experts onusiens. Pour le Collectif des avocats de l’Etat, le Groupe de travail a toujours affiché un comportement ‘’partial’’ et ‘’injuste’’ entre les deux parties. ‘’Le principe du contradictoire n’a pas été respecté à l’égard de l’Etat du Sénégal’’, dénoncent-ils. Et cela, poursuivent-ils, malgré les nombreuses informations actualisées transmises par le Sénégal au Groupe de travail.
Les avocats de l’Etat soutiennent par ailleurs que les experts de l’ONU ont commis beaucoup de manquements dans cette affaire. ‘’Le Groupe n’a pas veillé au respect des articles 2 et 5 du Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civiques et politiques’’, indiquent-ils. Et les avocats d’ajouter: ‘’Le Groupe, en refusant de recevoir les observations de l’Etat du Sénégal en le privant de la possibilité de prendre connaissance des ‘’informations actualisées’’, a violé le principe de l’égalité des armes et n’a pas veillé à la balance des intérêts‘’.
Aussi, les robes noires rappellent qu’au moment de la saisine du Groupe de travail, la Cour de justice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cedeao) avait déjà, dans un arrêt rendu le 19 juillet 2014, jugé légales l’arrestation et la détention de Karim Wade. Ce qui est, à leurs yeux suffisant pour prouver le respect des droits du fils de l’ancien Président Wade. D’après les avocats de l’Etat, le Groupe a fait une mauvaise observation de la procédure d’instruction et de jugement de Karim Wade. Ainsi, ils estiment que la Chambre criminelle a clos le débat sur cette affaire dans son arrêt du 20 août 2015 relatif à la demande de mise en liberté d’office présentée par les avocats de Karim Wade. La Cour suprême avait déclaré que l’avis du Groupe de travail n’était pas contraignant.
MAMADOU DIALLO