Publié le 15 Oct 2014 - 02:17
3QUESTIONS A MOUHAMADOU MBODJ (FORUM CIVIL)

«Nous exigeons qu’on laisse la Justice faire son travail»

 

Le président Sall a déclaré dans J.A qu’il ne s’opposerait pas à une éventuelle poursuite contre son prédécesseur, Abdoulaye Wade. Or, des mois auparavant, il avait une position différente. Comment appréciez-vous ce changement de discours ?

D’abord, nous nous réjouissons du fait que le président de la République communique directement, et ce depuis quelques mois. Ça, la presse ne l’a pas noté. Avant, c’était des communiqués provenant de sa cellule de communication. En wolof, on dit que nul n’est mieux placé que le porteur de rêve. Cela enlève toute ambigüité à la communication. Deuxièmement élément, je ne crois pas qu’il ait dit ça. (NDRL :’’Notre intention n’est pas d’envisager une quelconque poursuite contre lui (Abdoulaye Wade) surtout qu’il bénéficie d’une immunité’’, source France 24).

Il avait dit à Rfi qu’il y a des dossiers qu’il n’avait pas fini de traiter ; c’est pourquoi il ne les a pas encore transmis à la Justice. Il se demandait : si on avait transmis tous ces dossiers, est-ce qu’on aurait le temps de tout traiter ? Ce qu’il faut retenir, c’est que sa dernière sortie dans Jeune Afrique nous met sur les principes fondateurs de la République qui est l’indépendance de la Justice. C’est-à-dire que l’Exécutif n’a aucun moyen, du point de vue de l’ordonnancement juridique, de peser sur le fonctionnement de la justice.

Mais dans les faits, c’est tout à fait le contraire…

Nous l’avons dit ainsi que d’autres Sénégalais, il faut que force reste à la loi. Laissons la Justice faire son travail. Maintenant, s’il y a des manquements constatés, nous sommes là pour élever la voix sur ces questions. Pour l’instant, la procédure est en cours, il faut laisser les juges travailler sans pression. Je ne parle pas seulement d’Abdoulaye Wade, mais de tous les rapports de la Cour des comptes, y compris le  dossier du Fesman. La Centif a saisi la Justice sur une vingtaine de cas. Maintenant, posons-nous deux questions sur le rythme de la Justice : est-ce que nos juridictions sont préparées sur les questions financières ? Y-a-t-il assez de magistrats qui ont été préparés pour gérer ces genres de dossiers ? La finance internationale est une question délicate. Le procès de Karim Wade a mobilisé une énorme expertise autour des délits.

Ce sont des réflexions de fond qui nous détacheraient de la procédure. C’est le rôle de la presse, de la société civile. Ce procès (de Karim Wade) est une première en Afrique, où l’impunité est une donnée permanente. Par exemple, la Cour des comptes note les dossiers qui connaissent une suite pénale. Ensuite, il saisit le procureur via le ministre de la Justice. Est-ce que le procureur a une équipe spécialisée en finances publiques et internationales pour l’accompagner ? C’est un enjeu. S’il ne l’a pas, il faut le construire.

On s’est rendu compte que la délinquance financière est au cœur de la gouvernance. La Cour des comptes, dans ses rapports successifs, dit qu’elle a saisi le procureur, (malheureusement) il n’y a pas de suite. Est-ce que c’est parce qu’il est le maitre des poursuites pour des raisons politiques, ou bien parce qu’il est sous l’autorité du ministre de la Justice ou bien est-ce qu’il a besoin d’une équipe forte ?

Quelle est la valeur des déclarations du président Macky Sall dans un contexte où on parle de plus en plus de retrouvailles de la famille libérale ?

Il ne faut pas faire de confusion. La presse ne doit pas suivre tous les dires des hommes politiques. On parle ici de République et du fonctionnement de la Justice. Les retrouvailles, c’est le domaine privé des libéraux. Combien de Sénégalais ne sont pas des libéraux ? Cela ne nous concerne pas. Nous contribuables, ce qui nous regarde, c’est le fonctionnement de notre République. C’est tout ! Cette question est à détacher de ce débat. En tant que citoyen, nous exigeons que l’on laisse la justice faire son travail.

PAR DAOUDA GBAYA

 
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