Idrissa Seck largue des missiles ciblés
L'ancien Premier ministre poursuit son offensive politique mais prend soin de ne pas effaroucher ses partenaires du pouvoir. Ses têtes de turc, Abdoul Mbaye et Amadou Kane, les deux banquiers du gouvernement, mais aussi Macky Sall auquel il ne demande plus de faire la lumière sur les 7 milliards de Taïwan.
L’ancien premier ministre et chef du parti Rewmi était l’invité spécial de la Rfm hier. Sur les ondes de cette radio, Idrissa Seck racontant son calvaire avec Wade, avec son passage carcéral en 2005, a même fondu en larmes. ‘’Ils m’ont sali, ont raconté du n’importe quoi, ils ont fait une propagande monstrueuse contre moi. Ensuite, des agressions physiques», rappelle-t-il. Ces agressions contre sa personne, il les raconte avec amertume. Dans sa version des faits, le maire de Thiès n’a pas ménagé le chef de l’État Macky Sall qui, lors de la création de Rewmi, s’était opposé à cette appellation. «On m’interdit d’avoir un parti politique, mais comme je l’ai rappelé tout à l’heure, celui qui est allé à la télévision dire que le Rewmi n’existera pas, c’est lui-même qui est devenu président de la République et qui m’a donné le récépissé», dit-il en souvenir, malicieux.
Abdoul Mbaye et Amadou Kane, inutiles au développement du pays
Dans son face-à-face avec nos confrères, Idrissa Seck a été impitoyable avec le Premier ministre, Abdoul Mbaye, de même qu'avec le ministre de l'Économie et des Finances, Amadou Kane. Au chef du gouvernement, le maire de Thiès assène qu'il est un banquier et comme tel, c'est quelqu'un dont la «profession est incompatible avec le développement du pays». Enfonçant le clou, il a ajouté : «ils sont là pour garder de l’argent, mais ils ne créent pas la richesse.» Quant à ses rapports avec son ancien mentor, Me Abdoulaye Wade, ils «sont totalement inexistants», précise-t-il.
Par ailleurs, sur la question de la traque des biens mal acquis, l’ancien Premier ministre s'est voulu orthodoxe. «Qu’on laisse la justice faire son travail», s’est-il contenté de dire, fustigeant les manquements ayant accompagné ce dossier. «Avant d’accuser les gens, il faut tenir le dossier et les preuves. On ne peut pas en faire un objet de campagne. Personne n’a le droit de vous dire coupable, voleur alors que le juge n’a pas dit que sur la base de… nous vous déclarons coupable», souligne Idrissa Seck. A propos de l'affaire Karim Wade, l'ancien PM ne veut même pas en parler. «J’ai beaucoup de mal à parler du cas Karim Wade parce qu’au moment où je dénonçais tout ça, personne ne m’avait compris. Je ne sais pas ce qu’il a fait, je ne veux même pas le savoir.»
Par ailleurs, le candidat classé cinquième à la présidentielle de février 2012 est encore revenu sur la question des 7 milliards de Taïwan pour laquelle il dit détenir «des dossiers». «Ces 7 milliards, je ne suis même pas sûr que Macky Sall les a vus», dit-il, avant d’ajouter : «Quand je déclare une chose, elle est documentée. J’ai dit que j’ai des documents. J’avais posé la question et c’est documenté. Et je dis que si le procureur m’appelle devant le juge, il n’y a plus de réserve, il n’y a plus de secret.»
ALIOU NGAMBY NDIAYE