Publié le 9 Mar 2013 - 10:05
ABDOULAYE WILANE, PORTE-PAROLE ADJOINT DU PARTI SOCIALISTE

«L'élection du Secrétaire général ne se fera pas au prochain congrès»

 

A peine annoncée la date du prochain congrès du Parti socialiste, au mois de juillet prochain, les manœuvres semblent avoir commencé au sommet. Dans un entretien accordé hier à EnQuête, Abdoulaye Wilane, porte-parole adjoint, balise le format d'élection du futur secrétaire général du parti et n'exclut pas qu'Ousmane Tanor Dieng soit candidat à la présidentielle de...2017.

 

 

Quels sont les grands enjeux du prochain congrès du Parti socialiste ?

 

Il n'y a pas de congrès du Parti socialiste qui est en perspective. Ce qui est en perspective dans l'immédiat, c'est d'abord la finalisation de la vente des cartes. Et dans ce cadre, nous avons demandé à toutes les bases d'organiser des opérations coups de poing pour que partout où on n'a pas atteint un seuil de 75%, que nous essayions de l'atteindre, et là où on a atteint un seuil de 75%, essayer de le booster jusqu'à 90 ou 100%. Après cela, nous allons renouveler comité par comité. Un comité fait 25 personnes et peut compter jusqu'à 100 personnes. Quand on aura fini de renouveler les comités, nous irons à un palier supérieur : les sections, puis les coordinations avant de renouveler les régions. C'est après tout ce travail qu'on va finaliser le congrès qui n'est rien d'autre qu'une grande messe, un fort moment symbolique, d'animation, de mobilisation et de validation des renouvellements.

 

L'élection d'un nouveau secrétaire général ?

 

L'élection du Secrétaire général du parti ne se fera pas au congrès. Elle se fera dans un corps électoral suffisamment représentatif, c'est-à-dire les commissions administratives de coordination qui sont composées de 200 personnes. Ce sont ces dernières qui vont élire le patron du parti. Donc vraiment, ce tapage médiatique que les uns et les autres se font sur le congrès, ce sont des gens qui parlent sans connaître le cursus.

 

Le poste d'Ousmane Tanor Dieng est quand même en jeu non ?

 

Comme je l'ai dit tantôt, l'élection du Secrétaire général du parti se fera lorsqu'on aura fini de faire les renouvellements. Une circulaire va lancer l'appel à candidatures. A ce moment, tous ceux qui voudront être candidats et qui remplieront les critères, parce qu'en la matière, nous avons établi des critères à remplir en amont, vont postuler. Il y aura un dispositif mis en place qui va choisir les candidats et programmer les candidats à la candidature. À partir de ce moment, les candidats retenus auront un délai de campagne et iront en élection pour désigner le secrétaire général du parti.

 

Quels sont ces critères ?

 

Il faudra vous adresser à Serigne Mbaye Thiam pour avoir ces critères. Moi, en ce qui me concerne, je ne peux vous parler que des critères de 2007.

 

Quels sont-ils, ces critères de 2007 ?

 

Je ne les ai pas tous en tête. Mais je sais qu'il faut être présenté par une coordination ou par une unité de coordination ou par une union régionale. Il faut également avoir des états de service et une certaine durée de militantisme. Parce que n'importe qui ne peut pas venir et être candidat à la tête du parti. Il faut remplir certaines conditions de légitimité au pluriel.

 

Les nouveaux critères ne viseraient-ils pas à verrouiller l'élection du Secrétaire général ?

 

Non pas du tout ! Aujourd'hui, tous les membres du Bureau politique, du bureau des Jeunesses socialistes et du bureau du Mouvement national des femmes socialistes, sont éligibles. Ce dont nous sommes contre, c'est de faire une année seulement dans le parti et vouloir prétendre au poste de Secrétaire général. C'est inadmissible ! Il faut partir des statuts du parti et de son règlement intérieur car un parti, c'est une histoire, des us et coutumes.

 

Avant la présidentielle de l'année dernière, Ousmane Tanor Dieng avait bien dit qu'il passerait la main.

 

Ce qu'il avait dit est clair et il l'a repris récemment à l'émission Grand jury diffusé sur la Rfm. Il a indiqué que pour la présidentielle, c'était sa dernière candidature. Cette déclaration n'engage que lui en tant que Ousmane Tanor Dieng, cela n'engage pas le Ps. Cela, dans la mesure où il n'y a pas de clauses, de dispositions ou d'articles dans nos règlements qui disent cela. Maintenant pour la gestion du parti, il n'a jamais dit qu'il quitterait la tête du Ps.

 

On pourrait être dans un cas où Tanor Dieng resterait à la tête du parti et que le Ps aurait un autre candidat à la prochaine présidentielle ?

 

Tout cela est possible. À l'heure où je vous parle, je ne sais pas de quoi demain sera fait. Ce que je peux dire, c'est que le moment venu, le Ps aura un Secrétaire général et un Bureau politique. Maintenant, quel Secrétaire général, quel bureau politique ? J'ignore si nous aurons le même type de secrétariat général que celui qu'on a présentement, ou si nous allons vers des réformes qui vont amoindrir ses pouvoirs et prérogatives, ou encore si on va avoir un Bureau politique avec des secrétaires nationaux hiérarchisés. Pour l'instant, je ne sais pas car le débat n'est pas encore à l'ordre du jour au sein du parti... J'ajoute à cela que, être Secrétaire général du parti ne veut pas dire forcément être le candidat du parti. En France, François Hollande qui est aujourd'hui le président de la République française n'était pas Secrétaire général du Ps au moment où on le désignait candidat.

 

Tanor Dieng avait quand même déclaré publiquement que la présidentielle de 2012 était sa dernière élection...

 

L'homme propose, Dieu dispose...

 

Se pourrait-il qu'il revienne sur cet engagement ?

 

Il avait dit, je le répète : si cela ne dépend que de moi, je ne vais plus me présenter comme candidat à la candidature présidentielle. Non, il n'a pas dit cela exactement. Dans l'interview de Jeune Afrique, ses propos étaient textuellement : «Je suis depuis longtemps au PS et j'y resterai jusqu'au bout. En revanche, je ne me présenterai pas indéfiniment et, quoi qu'il arrive le 26 février, ce sera ma dernière candidature. (…) Que je perde ou que je sois élu, je laisserai la place. Il faut préparer les jeunes générations.» Je sais très bien ce que vous dites. Je l'ai lu. Il allait préparer la relève, il pensait aux plus jeunes camarades dont Khalifa Sall, Aïssata Tall Sall et l’énumération n'était pas restrictive. Il a eu d'autres occasions où il est allé jusqu'à Barthélemy Dias, moi-même et d'autres. Nous sommes en démocratie et où il n'y a pas de recul qui soit possible. Tous les camarades actuellement membres du bureau politique, de la jeunesse socialiste ou du Mouvement national des femmes, peuvent être candidats à la candidature.

 

Pour le cas spécifique de Tanor, sa renonciation à être encore candidat est claire non ?

 

Au risque de faire dans la prophétie, attendez que les questions se posent.

 

Ce n'est pas de la prophétie, vous le savez parfaitement...

 

Vous êtes libre de le rappeler mais je vous répète que cette déclaration n'engage que lui. Ce n'est pas le parti qui l'a dit. On ne peut pas mettre Dakar dans une bouteille.

 

Les promesses n'engagent que ceux qui y croient alors ?

 

Je n'ai jamais dit cela. Ce que je dis est un constat : ce que Ousmane Tanor Dieng a dit, n'engage que lui. J'assume ce que j'ai dit.

 

Vous êtes dans une stratégie de rectification ?

 

Nous n'avons à rectifier rien du tout. Nous assumons notre parcours, nous assumons nos projets parce que nous les réfléchissons et nous les partageons avec les Sénégalais qui croient à notre offre politique.

 

 

ASSANE MBAYE & MOMAR DIENG

 

 

 

 

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