Paris et Washington persistent et signent
Retour de bâton pour Wade, malgré les accusations d'ingérence de ses ministres d'abord Ousmane Ngom (Intérieur) puis Madické Niang (Affaires étrangères) dirigées contre les États-Unis et la France. Appliquant sans doute au président sénégalais sa logique en Libye et en Côte d'Ivoire, entre autres, Paris et Washington ont réitéré leur position sur Wade, candidat à un troisième mandat successif lors de la présidentielle du 26 février 2012.
Avant-hier, au lendemain de la manifestation du M-23 dispersée par la police dégénérant en affrontements meurtriers (mort d'un étudiant), les deux puissances ont signifié à Wade tout le danger qu'il fait courir au Sénégal. Devant les députés français, le ministre des Affaires étrangères de la France, Alain Juppé a déclaré : "Nous avons regretté que certaines sensibilités ne soient pas représentées. Nous avons même souhaité que le passage de générations soit organisé. Je préfère vous dire que le message a été entendu à Dakar (…) et enfin nous avons, bien sûr, appelé à la retenue et à l'absence de toute violence", rapporte la presse française.
Comme si le cas sénégalais nourrit le débat politique dans l'Hexagone, la sortie de Juppé semble un début de réponse au Parti socialiste français. Lequel constate, dans un communiqué daté du 31 janvier dernier, ''le décalage important entre la position américaine et les déclarations très timides du gouvernement français qui, depuis plusieurs années, n’a jamais ménagé son soutien au gouvernement sénégalais actuel''. Message reçu par le gouvernement de Nicolas Sarkozy qui a du coup émis sur la même longueur d'onde que l'administration Obama.
Dans un communiqué parvenu à EnQuête, hier, l'ambassade des États-Unis au Sénégal a condamné les récentes violences survenues dans le pays et exige du gouvernement du Sénégal qu'il prenne ''toutes les mesures nécessaires pour assurer la tenue d’une élection présidentielle libre, juste et transparente''. Cette missive entre en droite ligne de la sortie du porte-parole du département d'État américain, Victoria Nuland : ''Le message que nous lui (Abdoulaye Wade) adressons reste le même : L'attitude digne d'un chef d'État serait de céder la place à la prochaine génération", déclarait-elle lundi.
Les sorties concertées des États-Unis et de la France sont ainsi une réponse ferme à la mise en garde à eux faite par le ministre de l'Intérieur Ousmane Ngom, d'arrêter de se prononcer sur les affaires intérieures sénégalaises. Le ministre déclarait, avant-hier : ''Nous ne pouvons recevoir d'injonction de la part de qui que ce soit. Les Américains et les Français sont très mal placés pour nous dire la conduite à tenir, car le Sénégal est un pays libre et souverain''. Le patron des flics sénégalais poursuivait en ces termes : ''Ce ne sont pas les Américains ou les Français qui votent au Sénégal, ce n'est pas à eux de nous dicter ce que nous devons faire''. Kadhafi et Gbagbo soutenaientt la même chose...