Audience spéciale pour Aïda Ndiongue et Cie
Le procès en appel dans l’affaire des phytosanitaires du Plan jaxaay se tiendra en audience spéciale, le 4 février 2016. Prévu hier, il a été renvoyé au grand bonheur des différentes parties qui d’ores et déjà affutent les armes pour ces futures joutes.
Aïda Ndiongue, Abdoul Aziz Diop, Madou Sall et Amadou Ndiaye vont devoir patienter avant d’être édifiés sur le sort que leur réserve la Cour d’Appel de Dakar. Hier, l’ex-sénatrice libérale s’est présentée tôt au palais de justice, emmitouflée dans un grand boubou ‘’cuub’’ et très à l’aise. Mais le procès prévu a fait l’objet d’un renvoi à la date du jeudi 4 février prochain. Au sortir de l’audience, Me Mbaye Jacques Ndiaye, avocat de la défense, s’en est expliqué : ‘’Le 4 févier, c’est une date assez éloignée pour permettre de convoquer les témoins et permettre aux citations de revenir. Ainsi, le dossier sera en état et tout le monde aura le temps de se constituer et de se préparer. Elle (Aïda Ndiongue) a été relaxée. L’Etat a fait un appel. Maintenant, nous attendons le 4 février et on plaidera. C’est eux (les avocats de l’Etat) qui ont fait appel. On va les écouter. On va voir ce qu’ils ont dit et pourquoi ils ont interjeté appel.’’
Si les avocats de la défense se sont donc montrés confiants, les conseils de l’Etat ont donné le ton de futures batailles, en s’étonnant du fait que des témoins ne se soient jusqu’ici jamais présentés à la barre. Comme ce fut le cas hier. Toujours est-il qu’ils ont affirmé qu’ils seront prêts à plaider à la date fixée. En effet, dans le cadre de ce procès en appel, plus d’une dizaine de témoins sont appelés à se prononcer sur les faits qui sont imputés à Aïda Ndiongue et Cie et pour lesquels ils ont déjà été relaxés.
La responsable libérale, Abdoul Aziz Diop, ancien directeur de cabinet du ministre de l’Habitat Oumar Sarr, Amadou Ndiaye et Modou Sall, respectivement agent comptable particulier et secrétaire général dudit ministère au moment des faits, vont être jugés à nouveau pour escroquerie, complicité d’escroquerie, faux et usage de faux en écriture publique et privée, exercice illégale de commerce par un fonctionnaire, détournement de deniers publics portant sur 20 milliards de francs CFA et escroquerie portant sur des deniers publics.
L’accusation reproche à l’ex-sénatrice libérale de n’avoir pas exécuté l’intégralité des marchés de tentes, bacs à ordures et motopompes destinés au Plan Jaxaay qui avait pour objectif de venir en aide aux populations de la banlieue victimes des pluies diluviennes de 2009. Aïda Ndiongue est également poursuivie pour exercice illégal de commerce, car on l’accuse de s’être présentée comme enseignante au moment des faits, alors qu’elle a démissionné de l’enseignement depuis les années 80.
Lors de leur jugement en première instance, le parquet avait requis une peine de 10 ans d’emprisonnement ferme assortie d’une amende ferme de 5 millions, ainsi que la confiscation des biens de tous les prévenus. Les avocats de l’État avaient réclamé des dommages et intérêts estimés à 25 milliards de F CFA. Mais à l’issue du procès, ils avaient été déboutés, puisque tous les prévenus avaient été relaxés. Ce qui n’était pas du goût du parquet qui avait fait appel. Seulement le maître des poursuites avait suscité une vive polémique, à travers un communiqué dans lequel la décision avait été qualifiée ‘’d’illégale et de troublante’’. Le communiqué avait soulevé une vague d’indignation de la part des libéraux, mais aussi de l’Union des magistrats du Sénégal (UMS).
CHEIKH THIAM