Publié le 28 Jan 2025 - 21:02
AFFAIRE OUMAR SOW

L’acteur politique condamné à quatre mois assortis du sursis

 

Le procès d’Oumar Sow, administrateur de société et acteur politique, s’est tenu hier, devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. Poursuivi pour avoir tenu un discours contraire aux bonnes mœurs, diffusion de fausses nouvelles et propos de nature à inciter à la discrimination ethnique, il a présenté ses excuses à la barre, en soulignant qu’il n’avait nullement l’intention de porter atteinte à la cohésion sociale.

 

Tout est parti d’une publication sur la page Facebook d’Oumar  Sow. ‘’Sonko et son Pastef nourrissent une haine envers les Peuls. Voilà la chasse aux Peuls qui démarre avec l’affaire Farba Ngom… Résistez est un droit’’, a-t-il écrit. Ces  propos partagés dans un climat politique déjà tendu ont provoqué une vague d’indignation, certains accusant l’ancien ministre conseiller de souffler sur les braises des tensions ethniques. Rapidement interpellé, Oumar Sow a dû répondre de ses actes devant la justice.

À la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, il a expliqué  le contexte de sa publication : ‘’Je suis un acteur politique et je me suis exprimé dans ce cadre. Mon intention n’était pas d’attenter à la cohésion nationale, mais de rappeler des déclarations antérieures de M. Ousmane Sonko et de M. Fadilou Keita. Dès que j’ai constaté que mon message était mal interprété, je l’ai immédiatement supprimé. Ma pensée était strictement politique, jamais ethnique.’’

Marié à deux femmes d’origines ethniques différentes, une Wolof et une Sérère, Oumar Sow a souligné son attachement à l’unité nationale, affirmant qu’il n’a jamais été dans sa nature de porter atteinte à la paix sociale.

Cependant, pour le procureur, les propos tenus par M. Sow dépassent le cadre de la liberté d’expression et représentent une atteinte grave à la cohésion nationale. ‘’En déclarant qu’il y a une chasse aux Peuls, il a non seulement diffusé de fausses nouvelles, mais également jeté le discrédit sur l’institution judiciaire. Ces propos, bien que supprimés par la suite, touchent une communauté ethnique spécifique et risquent d’attiser des tensions dangereuses’’, a-t-il affirmé. Le procureur a rappelé que les institutions sénégalaises ne peuvent tolérer de tels écarts, surtout dans un contexte où la stabilité sociale reste fragile. Il a requis une peine de six mois de prison, dont un mois ferme, ainsi qu’une amende de 300 000 F CFA.

Les avocats de la défense, Mes Barro et Alassane Cissé, ont unanimement plaidé pour une approche plus modérée de l’affaire, insistant sur le fait que leur client avait agi sans intention malveillante et avait exprimé des regrets sincères.

Pour Me Barro, ce procès représente une pente glissante pour la liberté d’expression au Sénégal : ‘’À ce rythme, on passera tout notre temps à réprimer des opinions politiques. Monsieur Sow a immédiatement supprimé son post, montrant sa bonne foi. Revenir sur cet incident avec une telle sévérité, c’est ignorer le contexte et oublier que nous avons tous besoin de dialogue et d’apaisement.’’

Maitre Cissé, quant à lui, a insisté sur l’absence d’élément moral dans l’infraction : ‘’Dès qu’il a réalisé l’impact de ses propos, il a pris ses responsabilités en supprimant la publication. Nous demandons au tribunal de tenir compte de ses regrets et de sa volonté manifeste de contribuer à la cohésion nationale. Une condamnation sévère ne ferait qu’ajouter de l’huile sur le feu.’’

Les regrets d’Oumar Sow

Dans ses dernières déclarations, Oumar Sow a exprimé ses  remords : ‘’Je comprends aujourd’hui que mes propos étaient inappropriés. Je prends l’engagement de tout faire pour renforcer l’unité nationale. J’ai voulu rectifier immédiatement mon erreur en supprimant la publication et en participant à des émissions pour clarifier mes intentions. En tant qu’acteur politique, je veux contribuer à la cohésion sociale et non à sa destruction.’’

Oumar Sow, reconnu coupable, est condamné à quatre mois de prison avec sursis. Il est contraint de payer une amende ferme de 200 000 F CFA.

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