Publié le 29 Jul 2021 - 17:21
AFGHANISTAN

Washington met en garde les talibans, Pékin les reçoit

 

L'Afghanistan risque de devenir un « État paria » si les talibans reprennent le pouvoir par la force, a mis en garde mercredi le secrétaire d'État américain Antony Blinken en visite à New Delhi. Au même moment, son homologue chinois Wang Yi accueillait à Pékin les rebelles afghans contre une promesse de ne pas servir de base arrière pour des attentats.

 

Depuis le début du retrait des troupes américaines d’Afghanistan, et surtout les victoires des insurgés afghans, l’Inde est vulnérable. Les militants pakistanais qui combattent avec les talibans pourraient viser ses intérêts, comme lors de l’attaque de son ambassade à Kaboul en 2008. Son ministre des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar a donc exhorté les talibans à cesser cette alliance avec le Pakistan et à reprendre les négociations.

« L’indépendance et la souveraineté ne peuvent être obtenues qu’en dehors de toute influence maligne, a insisté le chef de la diplomatie indienne. Et l'imposition de la volonté d’une partie n'est pas démocratique et ne peut pas permettre la stabilité. »

Subrahmanyam Jaishankar recevait Antony Blinken, en visite à New Delhi ce mercredi 28 juillet. Le secrétaire d’État américain a rencontré également le Premier ministre Narendra Modi. Il s'est dit lui aussi très inquiet des atrocités commises par les talibans ces derniers jours : « Les talibans disent vouloir une reconnaissance internationale, la fin des sanctions et la possibilité pour leurs dirigeants de voyager librement à l’étranger. Mais ce n’est pas en prenant le pays par la force et en violant les droits de sa population qu’ils y arriveront. En faisant cela, l’Afghanistan risque de devenir un État paria. »

Les talibans affirment ne pas vouloir prendre le contrôle du pays par la force. Mais ils ne semblent pas non plus très intéressés par les négociations en cours au Qatar.

Pékin demande des garanties aux talibans

Dans le même temps, une délégation des talibans menée par le cofondateur du mouvement, le mollah Abdul Ghani Baradar, était en visite en Chine. Comme pour la venue de responsables nord-coréens dans le pays, il a fallu attendre la fin de ce voyage officiel pour que les médias anglophones chinois y fassent allusion. Restriction sanitaire oblige, comme pour la vice-secrétaire d'État américaine lundi, la délégation talibane n'a pas été reçue à Pékin, mais dans la ville portuaire de Tianjin, à trente minutes de TGV de la capitale chinoise.

Sur fond de peintures traditionnelles et même meubles en bois laqués, Wang Yi et le Mollah Abdul Barardar sont tous les deux masqués. Le Mollah Baradar, portant une tenue traditionnelle, s'est entretenu avec le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi. En tant que « plus grand voisin de l’Afghanistan », la Chine « respecte [son] indépendance souveraine » ainsi que le principe de « non-ingérence dans les affaires intérieures de l’Afghanistan » aurait déclaré le conseiller d’état et ministre chinois des Affaires étrangères.

Une vidéo diffusée sur le compte weibo « Zhonghongwang » affilié au Bureau national du développement et de la réforme en Chine montre 9 représentants talibans debout aux côtés des diplomates chinois. Les Talibans qui ont besoin des investissements chinois en Afghanistan tentent de rassurer Pékin sur leurs intentions.

« Le retrait précipité des troupes américaines d’Afghanistan a marqué l’échec de la politique américaine » a répété Wang Yi à l’occasion de cette visite, en oubliant de préciser que ce départ a également renforcé l’insécurité des entreprises étrangères. Le 20 juin, Pékin a demandé à ses ressortissants de quitter le pays en urgence. Le retour vendredi 23 juillet des dépouilles de 9 travailleurs chinois tués dans un attentat contre un bus au Baloutchistan a montré une nouvelle fois la fragilité des compagnies d’État chinoises, y compris au Pakistan voisin.

Ce sont donc des garanties qu’a demandées une nouvelle fois la Chine aux talibans afghans. Après la reconquête éclair de vastes pans du territoire afghan par les fondamentalistes religieux, ces derniers avaient été invités par Pékin à « prendre leurs responsabilités [...] et rompre avec toutes les forces terroristes ». Un message reformulé à l’occasion de cette visite Pékin craignant que le chaos en Afghanistan ne menace la stabilité de la région autonome ouïghour, à majorité musulmane. Un soutien chinois en échange de la fin de la relation des talibans avec les séparatistes du Xinjiang.

RFI

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