Jacob Zuma reconduit à la présidence pour un 2nd mandat
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Dans la foulée de la victoire de l'ANC aux élections du 7 mai, le président Jacob Zuma a été reconduit mercredi par les députés à la tête de l'Afrique du Sud, mais l'incertitude demeure quant à sa future orientation politique.
Critiqué, l'ANC a reculé aux législatives, mais le parti qui pour de nombreux Sud-Africains a vaincu le régime ségrégationniste de l'apartheid a tout de même recueilli 62,15% des voix. Avec une majorité de 249 sièges sur 400 à l'Assemblée nationale, la reconduction de son leader pour diriger le pays n'était qu'une formalité.
Jacob Zuma sera officiellement investi pour son second mandat samedi lors d'une cérémonie à Pretoria. Sa réélection à la tête de l'Etat a été d'autant plus vite expédiée, sans réel vote, que les partis de l'opposition n'avaient présenté personne contre lui.
Ils contestent pourtant la personnalité de celui qui dirige le pays depuis 2009, qu'un diplomate étranger comparait récemment à un "cafard capable de résister à une catastrophe nucléaire".
Jacob Zuma est en effet critiqué pour la corruption et les gaspillages de son gouvernement, et plus récemment pour avoir fait rénover sa résidence privée aux frais du contribuable pour 17 millions d'euros. Mais il tient l'appareil du parti dominant, et a survécu à tous les scandales.
Seul fait majeur de la journée de mercredi, le parti du jeune leader populiste Julius Malema a fait une entrée en scène fracassante. Après avoir dansé sur les marches du Parlement et entonné des chants révolutionnaires, les 25 élus des "Combattants pour la liberté économique" ont prêté serment, entièrement vêtus de rouge et en bottes d'ouvriers - contrairement à leurs nouveaux collègues en tenues traditionnelles africaines, tailleurs ou costumes-cravates.
L'air goguenard, ils ont donné un avant-goût de la verve anti-capitaliste et du style provocateur que l'ancien leader de la jeunesse exclu de l'ANC promet de déployer à l'Assemblée.
Avec plus d'un million de voix, "Juju" a su rebondir et capter la soif de changement des plus déshérités. Il a notamment remporté plus de 20% des suffrages à Rustenburg (nord), le bassin minier paralysé par une grève sans précédent depuis janvier.
Dans un pays dont la population active augmente bien plus vite que le nombre d'emplois, la question pour Jacob Zuma est maintenant de savoir s'il va agir avec plus de fermeté pour déplacer plus le centre de gravité économique vers la majorité, autrement dit vers les Sud-Africains noirs qui vivent toujours dans la pauvreté vingt ans après la fin de l'apartheid.
Car ce débat économique de fond a été étouffé par la réconciliation des années Mandela et le virage libéral pris par l'ANC depuis qu'il est arrivé aux affaires en 1990...
AFP