Le Sénégal face aux défis des violences basées sur le genre

Le Sénégal a accompli des progrès significatifs dans la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG), mais des défis majeurs persistent et continuent de freiner l'épanouissement des femmes et des jeunes filles.
C'est le constat alarmant dressé par plusieurs experts, qui soulignent la persistance des violences sexuelles, des violences physiques et, de manière particulièrement préoccupante, des mariages précoces.
En effet, la région de Kolda, dans le sud du pays, enregistre un taux de mariages d'enfants qui atteint le chiffre effarant de 66 % pour les filles de moins de 18 ans. Un constat partagé et des appels à l'action.
Marie-Gloriose Ingabire, directrice régionale du Bureau Afrique centrale et de l'Ouest du CRDI-Canada, a insisté sur cette réalité : ‘’On a remarqué que, malgré les progrès accomplis sur la question des violences basées sur le genre, il reste toujours des défis, notamment les violences sexuelles et physiques. Par exemple, à Kolda, les mariages d'enfants touchent jusqu'à 66 % des jeunes filles de moins de 18 ans’’, a-t-elle déclaré en marge de l'ouverture d'un programme crucial.
Ce constat justifie l'urgence d'initiatives comme le programme quinquennal ‘’Amélioration de la santé de la reproduction des adolescentes au Sénégal (Ados), qui se déroule de 2020 à 2025. L'objectif principal est d'améliorer la santé de la reproduction des adolescentes tout en s'attaquant de front aux interactions avec les violences basées sur le genre.
Selon Mme Ingabire, la recherche de solutions efficaces repose sur une collaboration multisectorielle et une approche centrée sur les jeunes : ‘’Il faut travailler avec tous les secteurs et placer les jeunes au centre de toute initiative. Cela passe par la satisfaction de leurs besoins en matière d’information sur la santé de la reproduction, mais aussi par un meilleur accès aux services intégrés : services de santé, accompagnement juridique et soutien psychologique’’, a-t-elle souligné.
De son côté, Caroline Albert, directrice des programmes de développement avec le Sénégal, le Maroc et la Tunisie à l’ambassade du Canada, a mis en lumière l'importance de prioriser la santé de la reproduction des adolescentes au Sénégal. Pour elle, il s'agit d'un ‘’enjeu majeur pour l’avenir des Sénégalaises et des Sénégalais’’. Elle a également proposé des mesures concrètes, telles que la mise en place de centres d’hébergement dédiés aux femmes victimes de violences et aux jeunes filles confrontées à une grossesse précoce, une étape indispensable pour leur offrir un refuge et un soutien adéquat.
MAMADOU DIOP