Publié le 11 Jul 2023 - 14:39
A.K. FOFANA SUR LA RECRUDESCENCE DES INCENDIES DANS LES MARCHÉS

L’heure est à la modernisation des modes de gestion

 

Face à la recrudescence des incendies dans les marchés, il urge, selon le ministre du Commerce, de la Consommation et des PME, de moderniser  les modes de gestion.

 

Sur les instructions du président de la République, le ministre du Commerce, de la Consommation et des PME a rendu visite, hier, aux sinistrés du marché Zinc de Pikine. Il y a de cela quelques jours,  plus précisément dans la nuit du jeudi au vendredi derniers, une partie de ce marché situé dans la banlieue dakaroise a pris feu.

Pour Abdou Karim Fofana, il s'agit d'un incendie d'une grande ampleur, qui a emporté plus de 112 cantines, selon le constat des sapeurs-pompiers, dès les premières heures du drame. Beaucoup de tabliers ont perdu leurs étals. C'est une situation difficile. N'eût été l’ardeur  des soldats du feu qui ont mobilisé plus de 13 véhicules équipés avec un personnel, le feu aurait pu se propager dans d'autres segments du marché. Ce sont des dégâts très importants qui ont été constatés. ‘’Je suis venu voir, écouter et apporter toute la compassion de la République aux commerçants du marché Zinc. Nous les rassurons. L'État sera à leurs côtés.

D'ailleurs, ça a toujours été le cas, car depuis cinq ans, le président de la République appelle à la modernisation des marchés avec la mise en place d'un programme qui permet de mettre à niveau ces lieux de commerce dans le cadre d'un partenariat public-privé, mais aussi entre les communes, l'État et les acteurs. Il faut moderniser les marchés et leur modèle de gestion. C'est un marché qui fait au minimum 8 000 m2. Donc, il y a de quoi développer un nouveau projet, mais sur la base d'un partenariat qui permettra de le rendre plus moderne pour permettre aux acteurs de travailler. Dans l'immédiat, l'État constate d'abord et écoute. Après, nous allons travailler ensemble avec les services compétents pour voir un peu quelle devrait être l'attitude de l'État. Je ne peux vous dire ici même ce que nous allons faire. Mais nous allons travailler de façon sérieuse, à tête reposée, et voir ce que nous pouvons faire’’, a précisé le ministre.

 Mais il assure avoir entendu les cris de détresse et de cœur des délégués du marché. Il y en a beaucoup qui ont perdu leurs capitaux et leurs revenus. ‘'Nous allons travailler avec nos collègues du gouvernement pour faire en sorte qu'une solution adéquate puisse être trouvée, mais aussi appuyer dans les meilleurs délais les acteurs du marché dans le cadre de la solidarité. Le Sénégal compte des milliers de marchés. Pour la plupart, ce sont des marchés qui ont été construits à l'époque coloniale pour les grandes villes où postcoloniale, dans les années 1970. Ce sont des marchés qui ne répondent plus aux normes de notre époque. Il faut entamer un grand programme. Le président l'a fait. C'est le cas à Ziguinchor, Tamba, Diaobé, Médina Baye et Diourbel. On a déjà commencé, mais ce n'est pas facile, car il faut une compréhension mutuelle de la philosophie du projet. Il faut que chacun fasse des concessions. Souvent, pour ce genre de projet, il y a des résistances de la part des commerçants qui se posent beaucoup de questions’’, a expliqué M. Fofana.

Alors que, selon lui, ce n'est pas uniquement une question de construction, mais de gestion parce que les bâtiments peuvent durer plus de 50 ans, mais la réalité est que le mode de gestion nécessite une organisation et une entente. C'est le gros chantier. Le plus difficile à ses yeux, ce n'est pas de construire, mais de gérer dans une bonne intelligence avec  les acteurs. ‘’Il faut savoir aussi que dans un marché, il faut des règles qui doivent être respectées.

On ne peut pas procéder n’importe comment à des branchements électriques. Souvent, ce sont nos comportements qui sont à l'origine de certaines choses. Vous allez dans d'autres pays, il y a des marchés qui sont tricentenaires et qui n'ont pas ces problèmes. Ici, on n’a pas qu’un problème d'infrastructures à moderniser, mais il faut également revoir les attitudes et les modes de gestion. Un marché doit avoir un délégué et un gestionnaire. Quelqu'un qui est responsable. C'est un peu le défi qu’on essaie de relever. Nous appelons les communes et les acteurs à s'entendre sur un modèle. Sinon, il faut le constater, je ne suis pas fataliste, chaque mois, on ira constater des dégâts de cette nature. L'État peut bien faire les choses de façon autoritaire, mais ce que nous souhaitons c'est avoir une concertation, des décisions concertées avec les acteurs commerçants qui sont dans la grande famille du commerce’’, a indiqué le ministre.

‘’Nous allons également au niveau du Comité national d'entreprise, essayer d'accompagner la structuration de ces commerçants’’

Venue accompagner le ministre Abdou Karim Fofana, la directrice générale de l'Agence sénégalaise pour la promotion des exportations (Asepex) a soutenu qu’il faut inviter les commerçants, délégués, à poursuivre leur dynamique d'organisation, renforcer le professionnalisme. Car si ce n'est pas fait, il y aura toujours des incidents de ce genre.

Selon Zahra Iyane Thiam, il faut renforcer leur capacité, leur donner des cours de gestion, de sécurité pour éviter ce genre de situation. ‘’Nous allons également au niveau du Comité national d'entreprise, essayer d'accompagner la structuration de ces commerçants. Nous allons accompagner les PME à se regrouper autour de structures solidaires pour avoir la capacité d'être à niveau. Nous pourrons à ce niveau le tirer vers le marché local. C'est tout le sens de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) où il faut que nous puissions peser tout notre poids pour mettre aux normes nos entreprises et nos PME pour qu'elles puissent être à même de participer à tout ce qui se fait au niveau national et sous-régional’’, a promis la DG de l’Asepex.

CHEIKH THIAM

 

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