Idrissa Seck appelé à être un peu plus responsable
Pour les parlementaires de la majorité interrogés par EnQuête, il n'y a pas lieu d'exclure le président de Rewmi de la mouvance présidentielle, mais il lui est suggéré d'être un peu plus responsable dans sa démarche.
Qu’on l’aime ou pas, on aura reconnu à Idrissa Seck son habileté et sa ruse en politique. L’ancien Premier, en fin communicant, sait prendre l’initiative sur ses adversaires. Ses sorties laissent rarement jamais indifférents, y compris chez ses alliés présumés. Alors qu’on n’a pas fini d’épiloguer sur la «note salée» qu’il avait attribuée au gouvernement de Macky Sall à l’occasion de l’an un du nouveau pouvoir, le président de Rewmi a soulevé un autre débat : celui relatif à la situation financière du pays au départ d'Abdoulaye Wade.
Dans un entretien accordé à la radio Zik fm, il affirme qu’«en 2012, quand le président Abdoulaye Wade quittait la tête du pays, il a laissé dans les caisses de l’Etat une somme de 417 907 700 milliards de francs Cfa» et non des «caisses vides» comme le soutient le pouvoir. Cette sortie sur fond de «révélation» est mal appréciée par les partisans de Macky Sall qui y voient un casus belli, un autre. «Ce sont des attaques méchantes, mensongères, rancunières de monsieur Idrissa Seck contre le président de la République et le Premier ministre», a réagi Moustapha Diakhaté, président du groupe parlementaire de la coalition Benno Bokk Yaakaar (voir EnQuête d’hier). Pour le député «apériste», il est temps que le président Macky Sall mette fin au compagnonnage avec Idy, qui, à ses yeux, «a manifestement perdu tout honneur, tout sens de l’intérêt général».
Mais cette position dure du patron des députés de la mouvance présidentielle n’est pas partagée au sein du groupe parlementaire. Son collègue Cheikh Oumar Sy se dit «défavorable» à l’exclusion d’un allié même s'il regrette la sortie du leader de Rewmi. «Dans un compagnonnage, dit-il, il y a un minimum de sincérité. Si Idrissa Seck a quelque chose à dire à Macky Sall, il peut bien le faire en privé» et non sur la place publique. Pour ce membre du mouvement Bés Du Ñakk, chaque parti est libre de formuler des critiques pourvu que celles-ci soient «constructives». «Il faut que nous évitions de verser dans des attaques crypto-personnelles en posant des débat constructifs», ajoute Cheikh dit Oumar selon qui «nous ne devons pas être en campagne électorale permanente (car) les populations nous attendent ailleurs».
«Nous avons voté une loi de finance rectificative...»
Un avis partagé par son collègue Zator Mbaye pour qui «le Sénégal n’a pas besoin de ce genre de débat» dans le contexte actuel. «Nous devons nous serrer les reins et participer à la construction du pays. Si on veut faire la politique, on n’a qu’à attendre 2017», invite le responsable de l’Alliance des forces de progrès (Afp) qui encourage Macky Sall à «garder sa sérénité et à garder le cap».
En «sage», le député Doudou Issa Niasse invite les membres de la coalition présidentielle à «prendre de la hauteur» et d’exclure toute idée d’exclusion. Ce baron du parti socialiste trouve naturelles les contradictions au sein d'une coalition aussi hétéroclite que celle de Bby. «Macky Sall ne dira jamais à Idrissa Seck de se taire et vice-versa», renchérit le maire de la commune de Biscuiterie. Toutefois, il déplore, à l’instar de ses collègues, la démarche entreprise par le leader de Rewmi. «Quand Idy dit que Wade a laissé 418 milliards dans les caisses de l’Etat, ce n’est pas ce qui a été présenté aux députés de l’assemblée qui ont voté une loi de finance rectificative pour permettre aux gouvernements de faire face à la situation économique», souligne Doudou Issa Niasse.
«Je pense que s’il y avait autant d’argent dans les caisses, l’Etat n’aurait pas procédé de la sorte. Un responsable comme Idrissa Seck ne doit pas faire ce genre de déclaration». Mais pour Thierno Bocoum, son leader est loin d’amuser la galerie. Le député «rewmiste» pense que son mentor «n’a fait que s’adresser au peuple sénégalais et exhorter Macky Sall à redoubler d’efforts», dit-il. «Ce qu’on attendait de Moustapha Diakhaté, ce sont des réponses précises et non des propos orduriers de sa part», dit-il.
DAOUDA GBAYA
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