L’imam Ndao et ses coïnculpés transférés en isolement à la prison de Saint-Louis
L’imam Alioune Badara Ndao et deux de ses acolytes, imam Mamadou Sall et Saliou Ndiaye, ne sont plus pensionnaires à la Maison d’arrêt de Rebeuss. Ils ont été transférés à la prison de Saint-Louis, depuis hier. Leurs avocats fustigent une violation des droits de la défense.
L’imam Alioune Badara Ndao, l’imam Mamadou Sall et Saliou Ndiaye, placés sous mandat de dépôt vendredi passé, pour des actes de terrorisme présumé, sont éloignés davantage de leur famille et avocats. Car, après cinq jours passés à la Maison d’arrêt de Rebeuss, ils ont été transférés hier à la prison de Saint-Louis. ‘’Ils y sont en isolement pour des raisons sécuritaires’’, nous dit-on. Selon des informations reçues, c’est pour ‘’éviter toute manipulation’’ avec les détenus que Imam Ndao et cie ont été transférés et mis en isolement. Il s’y ajoute qu’il y a une volonté des autorités de verrouiller la procédure.
Cependant, le transfèrement des prévenus a mis leurs avocats dans tous leurs états. Car, d’après Me Babacar Cissé, conseil de l’imam Ndao, il a été fait à leur insu et il y a une violation des droits de la défense. ‘’On a transféré nos clients à notre insu. Ce qui nous empêche d’entrer en contact avec eux or nous avons besoin de les voir et de nous entretenir avec eux, tous les jours, pour peaufiner une stratégie de défense ; mais on viole allègrement nos droits et c’est illégal’’, a martelé M. Cissé au téléphone de EnQuête. Un des avocats de Mamadou Sall a abondé dans le même sens. Au-delà de la violation de leurs droits, il considère que les autorités ‘’sont en train de commettre une grave injustice en continuant à priver les prévenus de la possibilité de voir leurs conseils et leurs familles’’. Tout comme Me Cissé, notre interlocuteur estime qu’ils devaient au moins être informés par courtoisie.
Par ailleurs, le conseil d’Imam Ndao a également tenté de trouver une justification par rapport à la décision prise par l’administration pénitentiaire. Me Cissé croit savoir que les autorités ont peur, du fait qu’il y a un nombre important de demandes de permis de visite. Quoi qu’il en soit, il a relevé que cela lèse leurs clients. Et d’ajouter tout en plaidant l’innocence des prévenus : ‘’De quoi a-t-on peur ? Ce sont des gens inoffensifs qui participent au développement du Sénégal.
Imam Ndao gère un ‘’daara’’ sans l’aide de l’Etat mais on l’a arrêté avec ses coïnculpés sur la base de simples soupçons qui ne sont pas avérés.’’ Impuissant face à la situation, Me Cissé semble se résigner. Toutefois, il a tenu à mettre en garde l’Etat par rapport à une éventuelle dégradation de la santé de l’imam de Kaolack. ‘’Il était en parfaite santé quand il quittait Rebeuss, donc je tiens l’Etat pour responsable de tout ce qui peut lui arriver.’’
L’imam Ndao a été inculpé pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, acte de terrorisme, apologie du terrorisme, financement du terrorisme, blanchiment de capitaux dans le cadre d’activités terroristes en bandes organisées et complicité.
L’imam Mamadou Sall ainsi que le nommé Saliou Ndiaye et les dames Coumba Niang et Marème Sow ont été désignés comme ses complices. Idem pour Daouda Dieng qui, toutefois, a été placé sous contrôle judiciaire. Ce dernier n’a pas été relâché comme écrit précédemment.
La mesure de transfèrement ne concerne pas les deux dames qui jusqu’à hier, étaient encore détenues à la maison d’arrêt pour femmes de Liberté VI.
FATOU SY