Les coups que prépare Macky Sall
Aussitôt après la passation de pouvoir prévue lundi, le tout nouveau Président de la République va marquer son territoire en dissolvant l'Assemblée nationale, en nommant un nouveau gouvernement et une équipe même provisoire à la Présidence de la République.
De plus en plus des voix se font entendre du côté de la Coalition Benno Bokk Yaakaar en faveur de la dissolution de l'actuelle Assemblée nationale. C'est notamment le cas d'Abdou Mbow, responsable des jeunes de l'Alliance pour la République (APR) dans les colonnes de Libération et du professeur de médecine Éva Marie Coll Seck, hier, à l'émission dominicale Grand Jury de la RFM. Eh bien, EnQuête est en mesure d'écrire que ces sorties ne sont pas fortuites et que la mesure de dissolution de l'actuelle législature est bien dans les plans de Macky Sall et qu'elle interviendrait le 6 avril au plus tard, veille du dépôt en principe des listes pour les législatives initialement prévues le 17 juin prochain.
Ce faisant, le nouveau président de la République, Macky Sall renverrait les législatives à juillet, puisque l'article 87 de la Constitution dispose qu'en cas de dissolution, ''le scrutin a lieu soixante jours au moins et quatre vingt dix jours au plus après la date de publication dudit décret''. Délai suffisant pour permettre de confectionner les listes, surtout du côté de la formation politique de Macky Sall plutôt occupée à la prestation de serment de leur leader ainsi qu'à la cérémonie de passation de service avec le sortant Abdoulaye Wade. C'est sans doute ce qu'a flairé le Parti démocratique sénégalais (Pds) qui demande le respect du calendrier républicain.
Un gouvernement restreint avec très peu de ministres d'Etat
Macky Sall ne compte pas seulement bousculer l'Hémicycle. Selon des sources dignes de foi, il va aussi comprimer de façon drastique le gouvernement. Il devrait s'en tenir à une équipe de 25 ministres comme il l'a promis tout au long de la campagne électorale. Et dans ce cadre, de hauts fonctionnaires travaillent sur des schémas visant à regrouper plusieurs ministères pour donner une grande efficacité à l'action du futur gouvernement. Le nombre de ministres d'Etat et ministres conseillers va aussi être revu à la baisse. Dans le but de marquer d'entrée le coup, le tout nouveau Président compte s'en référer au modèle des pays démocratiques d'Europe et d'Amérique. C'est ainsi qu'on cite le cas de la France ; pays qui ne compte qu'un ministre d'Etat, en l'occurrence Alain Juppé, par ailleurs ministre des Affaires étrangères. L'on se plaît aussi à évoquer les Etats-Unis qui ne comptent qu'un Secrétaire d'Etat, en la personne d'Hillary Clinton. Mais pour caser le nombre pléthorique de ses proches dont certains espèrent des postes ministériels, Macky Sall va sans doute en nommer à des postes de simples conseillers ou conseillers spéciaux. Sur les profils préférés du nouvel homme fort de l'Avenue Roume, beaucoup de noms circulent sans qu'on ne puisse rien avancer avec certitude. Le verrouillage de l'information étant devenu un mode de gestion de l'Etat.
MAMADOU L. BADJI