Publié le 14 Feb 2018 - 17:36
ASSISES DE L’ENTREPRISE

Le cahier de doléances du patronat

 

A voir Baïdy Agne hier aux assises de l’entreprise du  Cnp, on aurait dit un Mody Guiro ou Mademba Sock. Que ce soit l’appui de l’Etat au privé national, l’adhésion du Maroc à la Cedeao ou d’autres questions, le patronat a montré  qu’il a lui aussi son cahier de doléances.

 

Au Conseil présidentiel de l’investissement (Cpi), Mansour Kama s’était fait le porte-parole du patronat. Hier, aux assises de l’entreprise, organisées par le conseil national du patronat (Cnp), c’était Baïdy Agne la voix des employeurs. Mais on aurait dit que c’était la même personne, tant les discours se ressemblent. En fait, il est indéniable qu’à l’heure actuelle, le patronat sénégalais a principalement deux préoccupations : l’appui de l’Etat et l’adhésion du Maroc à la Cedeao. Le moins que l’on puisse dire en effet est que les employeurs ne sont pas satisfaits de la place que les tenants du pouvoir leur  ont  réservée. ‘’Lors du dernier conseil présidentiel sur la revue annuelle conjointe, j’ai sollicité le président de la République afin qu’il soutienne davantage le secteur privé national. Ça représente bien des avantages’’, soutient Baïdy Agne. Parmi ceux-ci, énumère-t-il, il y a la  souveraineté économique, la réduction du déficit de la balance commerciale, moins de soucis en matière de rapatriement des capitaux. Ça permet également de mieux circonscrire la dette extérieure, ajoute-t-il.

A l’intention du Premier ministre, le président du Cnp a précisé que l’appui de l’Etat ne se limite pas à la commande publique. Il y a également l’accès au foncier, la protection du label ‘‘Made in Sénégal’’ dans les échanges, l’encadrement des entreprises en difficultés, l’accompagnement à l’export. A l’administration, qui est souvent en difficulté avec les patrons, Baïdy Agne demande de porter un autre regard sur eux. ‘’Regardez d’abord ce que nous pouvons faire, et  faites-nous confiance’’, invite-t-il. Sur ce point, le gouvernement a réitéré l’engagement de l’Etat à rester aux côtés de ces champions nationaux. Le Premier ministre a déclaré qu’il ne s’agit pas là d’un choix, mais c’est plutôt le choix. ‘’Vous êtes l’équipe (économique) du Sénégal. Vous êtes les joueurs sur le terrain. C’est vous notre force de frappe’’, rassure Mahammed Dionne.

‘’Pourquoi voulez-vous adhérer à la Cedeao, notre marché vous est déjà ouvert’’

Mais il faudra sans doute plus que ça pour convaincre le patronat. Déjà Baïdy Agne remet en cause le mode d’organisation du conseil présidentiel sur l’investissement. De son point de vue, ce cadre ne peut être efficace que s’il est réformé. Ainsi propose-t-il à ce qu’une ou au maximum trois questions majeures soi(en)t inscrite(s) à l’ordre du jour, avec arbitrage du chef de l’Etat en cas de besoin. ‘’Il faudrait que l’Apix et le secteur privé échangent sur les modalités actuelles de l’organisation’’, préconise-t-il.

À propos de la sous-région, Baïdy Agne rappelle qu’elle a un fort potentiel économique et commercial. De ce fait, elle suscite beaucoup d’intérêts notamment de la part des pays du Maghreb arabe, particulièrement le Maroc et la Tunisie. Aux Marocains, Baïdy Agne demande : ‘’Pourquoi voulez-vous adhérer à la Cedeao ? Vous êtes déjà chez nous, notre marché vous est déjà ouvert.’’ Le président du Cnp de faire remarquer que des échanges économiques supposent la réciprocité en termes d’avantages, de profits. Ainsi, il demande aux Marocains s’ils sont prêts à abroger leurs dispositions réglementaires et législatives contraires aux textes de la Cedeao. Sont-ils prêts à appliquer les décisions de la Cour de justice de la Cedeao ? ‘’Voilà autant de questions sans réponses. Nos chefs d’Etat ont opté pour la prudence et ils ont raison’’, se félicite-t-il.

Ne pas laisser l’entreprise entre la douane et les impôts

Sur ce point également, le Pm s’est voulu rassurant. Selon Mahammed Dionne, il faudra d’abord ‘’mesurer qualitativement et quantitativement’’ les impacts de l’entrée du Maroc à la Cedeao. Bien que reconnaissant le royaume chérifien comme un pays ami, il n’en reconnaît pas moins que les intérêts économiques peuvent être divergents et que les pays de la sous-région ont besoin de plus de production de richesses, plus de croissance et de compétitivité. Sous ce rapport, il a invité le patronat à ‘’prendre part aux réunions techniques’’ de la commission de la Cedeao. Cependant, il a rappelé aux chefs d’entreprise que les Etats vont vers 2020 à une zone de libres échanges continentale (Zlec). Il faut donc être vigilant et anticiper. A ce jour, les échanges internes ne représentent que 10% du volume de commerce dans l’espace Cedeao. Ils sont évalués à 13% du total des échanges pour la zone Afrique.

La fiscalité a aussi été au menu. Le patronat attend de l’Etat plus de justice fiscale, en élargissant l’assiette. Mais aussi, il veut voir baisser la pression. ‘’Il ne faut pas laisser la santé de l’entreprise entre les mains des inspecteurs des impôts et des inspecteurs des douanes’’, invite Baïdy Agne.

BABACAR WILLANE

 

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