Gérer la carrière d’un artiste, ça s’apprend
Un atelier sur le management artistique est ouvert à des étudiants par les organisateurs de la 3e édition des Journées musicales de Carthage (JMC). Pendant trois jours, les formateurs Mounij Kabaaj et Quentin Coupin, managers de ‘’Ginger Sounds’’, vont partager leurs expériences avec ces étudiants.
Au Sénégal, beaucoup de gens s’autoproclament managers d’artistes. Aussi, certains artistes s’en accommodent-ils et ne cherchent même pas loin des fois. Ils prennent un ami, un frère ou même le mari. Pourtant, le management de la carrière artistique est un métier qui s’apprend…’’ tel qu’expliqué à un groupe d’étudiants en formation. Ils essaient de se familiariser avec ce métier au cours d’atelier initié par les organisateurs de la 3e édition des Journées musicales de Carthage (JMC). Ainsi, même s’« il n’y a pas de règles universelles », comme l’avoue le Marocain Mounir Kabbaj, un des formateurs, rencontré au Palais des Congrès de Tunis, ‘’il n’y a pas de méthodologie définitive et unique dans le secteur de la musique. Si l’artiste est bon en business, s’il sait gérer, négocier, parler de lui et se vendre, il peut le faire’’, reconnaît Quentin Coupin, qui assure cette initiation avec M. Kabbaj.
Seulement, il y a tout de même ‘’des règles d’intelligence, une capacité de rebond et de réactivité à avoir’’. Ce qui peut manquer à un musicien de renom. Encore que même si l’artiste est bien calé en business, il peut ne pas savoir certaines choses. ‘’Quand on est un très grand artiste, on peut parfois faire de très grosses erreurs qui peuvent avoir de très grosses conséquences qui vous font passer d’un stade de notoriété très, très importante à rien du tout. Ce qui est terrible’’, prévient Quentin Coupin.
Aussi, pour Mounir Kabbaj tout comme son duettiste dans cet atelier, ‘’le manager n’est pas le serviteur de l’artiste’’. Il est plutôt, considèrent-ils, ‘’son alter ego business’’. Par conséquent, c’est à lui de s’occuper de tout ce qui peut ‘’polluer’’ l’artiste. C’est-à-dire les contrats et tous les papiers administratifs. Cependant, ce n’est pas tout le monde qui peut négocier un contrat artistique ou chercher des dates pour les artistes. Car pour cela, il faut avoir un réseau et certaines aptitudes. ‘’Quand on devient un grand artiste, c’est bien de prendre quelqu’un qui te permet de prendre du recul, d’avoir une vision stratégique’’, conseille M. Kabbaj.
‘’Il faut prendre quelqu’un qui est déjà du métier et qui forcément a un réseau aussi. Un manager, ce n’est pas quelqu’un qui est là pour filer un coup de main. C’est quelqu’un qui a une vision à long terme et une vision globale’’, ajoute-t-il. Le manager doit savoir où il veut amener son artiste, quel créneau utiliser pour cela et quand le faire. ‘’Le manager n’est pas quelqu’un qui s’occupe juste de problèmes quotidiens. Il doit savoir amener l’artiste le plus loin possible. Le management est une véritable profession, ce n’est pas que du plaisir. C’est aussi beaucoup de choses complexes à gérer’’, explique Mounir Kabbaj.
Par ailleurs, ce duo souhaite, au cours de cette formation, faire comprendre aux jeunes que le management d’artiste est un métier sérieux. Il va également leur parler de la musique. ‘’On leur fait un tour sur les différents métiers de la musique. On parle du label, etc. Parce que c’est le bon management d’artiste qui fait marcher l’industrie de la musique’’, soutient Mounir Kabbaj. ‘’L’idée est de donner, le temps de quatre demi-journées, des clés de ce métier. On essaie de synthétiser les choses les plus importantes pour leur donner le maximum d’outils qu’ils pourront utiliser dans leurs premières négociations. Parce qu’on n’a pas le temps d’aller dans les détails’’, explique pour sa part Quentin Coupin.
BIGUE BOB