Publié le 25 Jan 2017 - 15:31
ATTENDU EN GAMBIE APRES SA PRESTATION DE SERMENT

Adama Barrow diffère sa venue

 

C’est à croire que le nouveau président gambien veut tout régler de Dakar avant d’atterrir en Gambie. Alors qu’une rumeur persistante l’annonçait pour hier à Banjul, son porte-parole a démenti mais a déclaré que la venue est imminente

 

Rentrera ? Rentrera pas ? Dans la capitale gambienne, le désir de voir le nouveau président est tellement fort que le porte-parole de la Coalition 2016, vainqueur de la Présidentielle, est monté au créneau pour éclaircir ce point. ‘‘Nous pensons que nous arrivons à la fin de toute cette histoire. Le Président Barrow se prépare pour les jours à venir, très prochainement même, mais pas aujourd’hui (Ndlr hier mardi)’’, a déclaré Halifa Sallah dans une conférence de presse hier à Banjul.

La raison de cette mise au point, un tweet attribué au président Barrow faisant état d’un retour au pays pour hier qui a mis la population dans tous ses états. Il ne faut pas prendre en compte le tweet publié en son nom puisque son compte officiel est Barrow Official One. Considérez que tout autre tweet émanant d’un autre compte est faux. Il a appelé pour dire qu’il mettait au point les dernières discussions avec la Cedeao pour pouvoir annoncer son arrivée. Il a avancé une date précise, mais je ne peux la dévoiler avant confirmation. De toute façon, il n’y en a plus pour longtemps’’, a assuré Halifa Sallah. Autre annonce différée, celle des membres du gouvernement.

Avant-hier lundi, Adama Barrow a nommé Fatoumata Tambajang  comme vice-présidente de la Gambie. Ancienne conseillère du président Dawda Jawara et ministre de la santé sous Jammeh (1994-95), elle a été l’une des artisans  de la coalition qui a défait le potentat gambien. Mais pour les autres membres du cabinet, le chef de l’Etat a remis la publication à plus tard. Toutefois, la formation est déjà au point, assure M. Sallah. ‘‘Toutes les institutions fonctionnent actuellement. Le plus important est la nomination d’un gouvernement et les ministres sont responsables de leurs ministères.

Dans l’actuelle Constitution gambienne qui devra être réformée, nous n’avons pas les députés qui supervisent l’action du gouvernement. Maintenant nous gérons un pays sur les principes de transparence et de reddition de comptes’’, a-t-il poursuivi, annonçant ainsi la volonté de rompre d’avec le régime hyper-présidentialiste sous lequel le pays a évolué pendant plus de vingt-deux ans. ‘‘C’était une coalition de sept partis et d’une candidature indépendante. L’accord était que le cabinet serait représentatif de toutes les parties prenantes. C’est déjà au point mais le président Barrow a pris la décision de ne pas l’annoncer pour le moment’’. 

Les mesures concernant la libération immédiate de personnes incarcérées sans motif sont actuellement mises en application. Pour le porte-parole de la coalition, la transition n’est pas supportée par une législation ordinaire. Ce qui explique tous ces retards dans les délais. ‘‘Dans tous  les pays où s’effectue un transfert de pouvoirs entre deux exécutifs sortants, il y a des instruments qui assurent la période transitoire. Ce qui veut dire qu’une fois le gouvernement mis en place, nous allons créer un tel instrument’’, a déclaré M. Sallah

Ecomig vs armée gambienne ?

Pour le moment, ce vide n’arrange pas la situation avec la superposition de deux forces armées dans un même pays. Entre l’Ecomig et les forces armées gambiennes, qui commande le pays ? Une question à laquelle le porte-parole du président Barrow a eu beaucoup de mal à répondre avec concision. ‘‘Le président Barrow qui est en charge a été informé de la situation sur le terrain. Demain (Ndlr aujourd’hui), on devrait avoir le nom de son aide militaire qui tiendra une conférence de presse pour aborder toutes ces questions’’, a finalement concédé Halifa Sallah après une première manche d’explications compliquées.

‘‘A cause du vide créé par ces troubles, il a été recommandé au président Barrow de disposer d’un secours militaire, quelqu’un de la Cedeao qui s’accommode bien du contexte militaire gambien, qui serait capable de travailler avec n’importe quel commandant’’, poursuit-il. Certaines indiscrétions déclarent que ces sont les Forces armées gambiennes qui se sont elles-mêmes livrées au saccage de certains mobiliers et objets de valeur de la State House, juste après le départ de Yahya Jammeh. Ce qui aurait provoqué le retard dans la reprise du Palais par les forces de l’Ecomig. Mais Halifa Sallah assure que Barrow va siffler la fin de la récréation. ‘‘Le président de la République est de fait le chef suprême des Armées. Ceux qui refusent obéissance à son autorité deviennent rebelles’’, conclut-il.

OUSMANE LAYE DIOP (ENVOYE SPECIAL  GAMBIE)

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