La commune de Kolda a payé un lourd tribut
Kolda a eu son lot de morts et de blessés de la route, l’année dernière, selon les chiffres confiés à EnQuête par une source de la police. Aujourd’hui, ce sont les conducteurs de motos Jakarta qui y sèment la terreur.
A Kolda, il est de plus en plus fréquent d’apercevoir sur le bas-côté de la route des épaves de véhicules endommagés par suite d’accidents. Les raisons en sont l’excès de vitesse, le manque d’entretien des véhicules de transport, l’étroitesse de la chaussée, le manque de maîtrise des chauffeurs, le non-respect des charges et du code de la route. Conséquences : des vies humaines sont sacrifiées sur l’autel de l’insouciance, de l’indiscipline et du laxisme. « Entre 2015 et 2016, soit une période de 12 mois, cinq (5) personnes ont été arrachées à l’affection de leurs parents, proches et amis, dans des accidents de la route. 159 autres s’en sont sortis avec des blessures, lors de 202 accidents corporels et 68 dégâts matériels », renseigne une source policière.
L’officier attribue cette situation à la non-maîtrise du code de la route, à la méconnaissance des règles de conduite, à l’imprudence et à l’inconscience de certains conducteurs de motos Jakarta et automobilistes. Il signale un autre problème : de nombreux conducteurs de ces engins de la « mort » n’ont pas de permis de conduire.
« Complicité des agents de sécurité »
Certains usagers rencontrés parlent des accidents prémédités. Car, « certains chauffeurs roulent sans permis de conduire, certains véhicules n’ont pas de bons freins ou de bons phares, mais ils circulent de jour comme de nuit. Ils foulent au pied le B.A.-BA du code de la route. D’autres chauffeurs continuent de téléphoner au volant ». Ils ajoutent qu’en pleine circulation, « on voit des automobilistes et des motocyclistes, faiseurs de deuils, rouler côte à côte, célébrer leurs retrouvailles et échanger leurs contacts ». De ce fait, il arrive qu’ils perdent la maîtrise du volant et se retrouvent dans le décor. « Ils méritent une sanction pénale sévère », fulmine-t-on.
Cette situation est d’ailleurs dénoncée par le syndicat des transporteurs routiers de Kolda qui pointe le comportement de certains chauffeurs qui se droguent parfois avant de prendre la route. Car, dans la nuit du mercredi 20 au jeudi 21 juillet dernier, sept personnes ont été tuées et plusieurs autres blessés dans les régions de Kolda et de Sédhiou. « Quand on les sensibilise, ils nous disent qu’ils ont compris. Mais après, ils font ce qu’ils veulent. Certains chauffeurs roulent sans permis de conduire. Mais avec la complicité des agents de sécurité, il suffit qu’ils glissent quelques billets pour qu’ils les laissent passer », dénonce le responsable du syndicat.
La formation des motocyclistes reste une lettre morte
Pourtant, en novembre 2016, la police, en collaboration avec le service régional des transports terrestres, avait envisagé d’organiser des sessions de formation sur la maîtrise du code de la route à l’intention des conducteurs. L’objectif était de régulariser le secteur. Selon les acteurs, la commune de Kolda est devenue, depuis quelque temps, le pôle d’attraction des conducteurs de motos Jakarta. Et la méconnaissance du code de la route est la chose la mieux partagée entre eux. Mais depuis le départ d’Ousmane Diédhiou, commissaire de police de Kolda, cette initiative a été rangée dans les tiroirs de l’oubli.
En attendant que les « faiseurs de deuils » se ressaisissent, les usagers de la route sont invités à faire très attention avec les conducteurs de ces engins dont le hobby est de foncer à tombeau ouvert dans la ville, dans une course effrénée vers l’argent.
EMMANUEL BOUBA YANGA (KOLDA)