Bonjour, 2019 !
Le 20 (mars) a donc vécu et le ‘’Oui’’ y a vaincu ! Pourrait-on dire. Ce fut loin cependant, bien loin d’être facile et l’on s’en doutait un peu. C’est que cette victoire en annonce une autre encore beaucoup plus importante, politiquement et, aussi médiatiquement parlant. Car si cette victoire de Macky Sall peut être perçue comme le troisième tour de la présidentielle de 2012, elle peut être considérée, aussi, comme le premier de celle de 2019 ! Et c’est ce que j’esquissais ici il y a quelques semaines de cela.
S’agissant du troisième tour concernant 2012, l’image en était évidente : une bonne partie des battus, du premier tour d’alors, s’est liguée alliée aux vaincus du second, pour former un front du ‘’Non’’ ! Une véritable salade russe !
Que pouvaient bien avoir de commun, en effet, Idrissa Seck et Oumar Sarr ou Karim Wade, Sy Djamil et Abdoulaye Baldé ou Diop Decroix et Malick Gakou avec chacun de ces gens-là. Rien de rien, à la vérité, sinon l’envie, furieuse et irrépressible, de chasser Macky Sall de son fauteuil et de s’y installer très vite à sa place. C’était un peu court et c’était surtout peu digeste ce pourquoi les Sénégalais, qui sont loin d’être sots, ont refusé de s’y laisser prendre et dans une notable majorité.
C’est à dessein qu’ici je ne parle ni de Khalifa Sall ni de Aïssata Tall Sall. Et ce n’est pas parce qu’ils sont ou furent des camarades mais parce que, eux se sont trouvés, quelque part, comme contraints et forcés : Non pas cependant par leur propre histoire (ou leurs propres ambitions) mais par celle-là qui s’écrit en majuscule et avec un grand ‘’H’’. Le Parti socialiste, en effet, a des responsabilités particulières, bien singulières même, dans ce pays. Il l’a dirigé, seul, pendant 40 longues années, c’est vrai et l’a laissé tomber ensuite entre les mains de Wade qui l’a proprement démoli, dézingué ! Ce n’est pas rien de tout ça car cela veut dire que sa responsabilité est grande, voire déterminante, dans tout ce qui ne marche pas ou va mal dans ce pays !
Le devoir du Ps est donc de se racheter aux yeux du peuple sénégalais. C’est ce qu’il a fait en aidant, de toutes ses forces, à débarrasser le pays des Wade et de leur régime et aussi en apportant avec esprit de suite, franchise et grande loyauté son soutien au Président Macky Sall que nos compatriotes ont choisi pour remplacer celui qui était comme leur ‘’buur-rot’’, si je puis me permettre ce très mauvais jeu de mots. C’est à tout cela que s’est attaché Ousmane Tanor Dieng et il a le mérite, historique, d’avoir maintenu le parti en vie et valide, c’est-à-dire debout en dépit des bourrasques, des ouragans, des tempêtes. Mais il ne peut empêcher toutefois qu’un parti doive vivre et qu’un parti comme le Ps, dès lors qu’il est valide, ne peut pas se suffire de seulement survivre !
C’est pourquoi, tous au Ps devraient méditer la métaphore du glaive et du bouclier qui avait eu tant cours en France à la fin de la dernière guerre mondiale. D’une part défendre et protéger, c’est essentiel, c’est vital mais, d’autre part, il est tout aussi essentiel et vital de se mettre en mesure, fourbir ses armes et se préparer à la grande bataille à venir : à savoir celle où, Macky Sall, sa mission historique glorieusement déterminée, ne sera pas de sa personne.
C’est là ce que je vois et c’est en cela que je crois afin de réconcilier, enfin, le Sénégal avec lui-même mais dans ce qu’il a de meilleur et non de pire comme ce fut le cas il y a peu. Abdoulaye Wade, en effet, n’est pas moins sénégalais que nous tous ou, si l’on préfère, nous ne le sommes pas plus que lui. Bien des choses qu’on a eu à lui reprocher sont présentes chez beaucoup d’entre nous, sinon dans chacun ! Son goût pour l’argent, les louanges et les louangeurs, son amour immodéré du pouvoir et sa croyance absolue en son infaillibilité et à son omnipotence et surtout la certitude qu’il avait de pouvoir tromper tout le monde tout le temps en les roulant dans la farine, c’est très sénégalais, ça ! C’est tout nous, tant que ça marche et, sinon, c’est l’autre !
Ce que je veux dire, c’est que Tanor et Khalifa Sall, ce sont exactement les deux faces d’une même médaille. Et ces deux faces doivent non seulement exister telles qu’elles sont, mais encore, le rester, le demeurer, afin que la médaille, elle-même, puisse avoir quelque valeur que ce soit. Je ne fais pas là l’éloge de la duplicité et l’apologie du double langage. Mais de l’honnêteté et de la loyauté les plus complètes au contraire et aussi, vertu et qualité rares en politique de la bienveillance parce que de la sagesse. J’indique là une position difficile mais c’est Diouf qui nous rappelait toujours que c’était justement le difficile qui était le vrai et le seul chemin.
Pourquoi est-ce donc difficile, aussi difficile ? Parce qu’il faut convaincre tout le monde que l’arbre que l’on voit est absolument distinct et isolé de la forêt qu’il pourrait cacher et qu’il cache effectivement. Convaincre de cela le Président Sall et ses amis, Ousmane Tanor et ses inconditionnels, Khalifa Sall et ses adeptes, cela fait beaucoup de monde mais c’est une tâche sacrée comme celle qui consiste, et c’est encore beaucoup plus difficile, à en faire de même avec les Sénégalais qui pourraient prendre cela comme une nouvelle ruse, une nouvelle combine entre politiciens.
Or ce n’est pas cela du tout et même, c’est tout le contraire, le seul moyen qui existe en fait pour leur éviter de tomber, à nouveau, entre les mains de prédateurs et aventuriers, amateurs ou de métier. Il y a meilleur sort, dans la vie, qu’être une simple proie pour les beaux parleurs et les nations sont, quelquefois, comme les jolies filles : elles résistent bien difficilement aux discours mielleux tout comme aux discours fiévreux.
Par ABDOU SALAM KANE