Serigne Mb. Ndiaye défie le pouvoir (suite)
Wade est allé récemment en Arabie Saoudite. Mais d'après la presse, son avion a été bloqué à l’aéroport durant plusieurs heures. Pouvez-vous revenir sur affaire ?
Le président devait voyager à 9 heures, l’avion avait des problèmes d’autorisation pour atterrir sur le territoire soudanais qui, comme vous le savez, est une zone de conflit. L'aéronef n’a pas obtenu d’autorisation jusqu’à 14 heures, le plan de vol a été changé. Le président était chez lui à ce moment là. Il a quitté le domicile à 14 h 30, puis arrivé à l’aéroport, il a été accueilli, le temps que le véhicule vienne et le transporte jusqu’à son avion. Et il est parti. C’est tout. C’est après son départ que j’ai appris à travers les ondes de Zik fm que le président a été bloqué de 9 à 15 h. Ils ont cité Farba Senghor, et Abdoulaye Faye qui devaient faire partie du voyage. Ce qui était faux (…)
Des proches de Wade auraient été interdits de voyage ce jour là. On a parlé de Baye Moussé Bâ dit Bro.
Je l’ai appris, j’en ai même discuté avec eux. Dans un premier temps, ils ont saisi leur avocat lequel a saisi le Doyen des juges d’après ce qui m’a été rapporté. Car le procureur leur avait donné une autorisation de voyager jusqu’au 15 juin. Alors, ils ont envoyé leur titre de voyage et les formalités ont été faites. C’est à partir du Palais qu’on leur a dit qu’ils ne pouvaient pas voyager. Mais ça arrive, c’est la vie.
Aux législatives, vous serez en rangs dispersés après la fronde ayant conduit à la naissance de l’Alliance Bokk Guis Guis. Comment en êtes-vous arrivé là ?
Je ne suis pas ébranlé par des situations comme celle-là. Je n’aurais pas souhaité un seul départ dans le contexte actuel. Une séparation est toujours difficile d’autant que pour beaucoup d’entre eux, nous avons eu d’excellentes relations. Mais quand çà arrive il faut la gérer. Le départ de certains m’a surpris.
Lesquels d’entre eux ?
Comme Pape Diop. S’il y a quelqu’un que je fréquentais et avec qui je discutais sur beaucoup de chose, c’est lui. Et au soir du 25 mars, il me disait : moi j’avais une seule ambition, c’était d’accompagner le président. S’il perd les élections, je m’arrête là. Il me le disait tout le temps. Je lui disais : «non, grand, on a besoin de toi». Il me dit : «Moi je ne suis pas un homme politique, je suis un homme d’affaire». C’est un militant de la première heure, il faut le rappeler. Je suis de ceux qui pensent que Pape Diop avait son avenir dans le Pds.
Les frondeurs reprochent à Wade d’avoir investi les proches de son fils...
Ces reproches ne sont pas fondés. Après la défaite, il a appelé tout le monde pour dire : «ma carrière politique est derrière moi. Mais par honnêteté je me dois de vous accompagner jusqu’aux élections législatives.»
Ne fallait-il pas organiser la transition à ce moment là ?
On est en train d’organiser la transition. Il nous a dit que toutes les grosses pointures doivent aller se battre au niveau départemental. Soit ils gagnent, à défaut d’engranger beaucoup de voies pour permettre aux jeunes et cadres d’être bien présents à l’Assemblée pour pérenniser la parti. Donc Pape Diop devait diriger la liste à Dakar, Mamadou Seck à Pikine, etc. Au départ, tout le monde était d’accord. Et justement, il y a eu revirement de situation et personne n’a voulu aller sur la liste départementale. Je n’ai rien compris. Pourtant, je ne suis sur aucune liste. Est-ce qu’ils sont plus méritant que moi ? Non (…)
Votre avenir politique dans le Pds ?
J’ai des ambitions politiques bien que je ne l’exprime pas tout de suite et maintenant.
Pourquoi n’avez-vous pas cherché à être investi ?
Je pense que le président à beaucoup fait pour moi sans que je n’aie rien demandé. Au moment où il avait des choses à distribuer, il m’avait servi et bien servi. Non pas avec un ministère de souveraineté, ou ministre d’Etat, mais il m’a permis et me permet de porter sa voix, d’être à ses côtés. Je passe toute la journée avec lui. On apprend beaucoup avec lui. C’est un homme d’une générosité exceptionnelle. Je ne parle pas en termes d’argent. Et s’il y a des gens qui ont bénéficié de ses largesses, ce n’est pas son entourage contrairement à ce que l’on pense.
A vous, on attribue un patrimoine immobilier important.
Ce n’est pas vrai. Mais j’aimerais bien en disposer ! On a dit sur le net que j’ai acheté une maison à 300 millions aux Almadies. Celui qui l’a écrit a dit un château mais tout le monde sait qu’un château coûte au moins un milliard de francs. Ceci est donc faux.
Qu’en est-il alors, selon vous ?
En vérité, je ne possède qu’une seule maison qui n’est ni aux Almadies ni ailleurs. Je l'ai acquise par la grâce de Dieu dans des conditions très dures.
Elle se trouve où cette maison ?
Je n’en dirais pas davantage. Je répète que ceux qui ont bénéficié des largesses de Wade, ne sont pas dans son entourage. La générosité dont je parle est affective (…)
Vous l'avez eue comment ?
Je n’ai rien à cacher. J’avais une maison que j’avais acquise à la cité Conachap depuis 1994. C’était connu de tous. A un moment donné, j’avais obtenu un prêt pour transformer la maison. Je l’avais confiée à un entrepreneur mais les travaux duraient. A un moment donné, il y a un Sénégalais établi en Espagne qui vendait une maison. Quelqu’un m’a mis en rapport avec lui, je lui ai donné la mienne qui était en construction et un terrain, lui m’a donné une maison et un peu d’argent.
C’est la maison des Almadies
Non cette maison, je l’ai louée. C’est pour vous dire que je n’ai rien à cacher.
Vous aviez annoncé la création de deux sociétés. Où est-ce que vous avez trouvé l’argent ?
La création d’une société, c’est quoi ? Vous déposez un million de francs chez le notaire. Il fait toutes les formalités pour environ 300 000 francs Cfa et vous retourne le reste. C’est ça la création d’une société. Pourquoi je veux créer ces sociétés plutôt que d’aller travailler ailleurs ? J’ai eu beaucoup d’offres par le truchement du président Wade. Mais il y a un certain nombres de personnes qui étaient avec moi dans mon cabinet, je préfère gagner honnêtement ma vie avec eux. J’ai toujours fait l’option de rester chez moi.
Vos activités ?
Nous avons démarré, et nos locaux sont situés vers le stade Léopold Sédar Senghor. La première société intervient dans la communication, la médiation et le règlement de conflit, dans l'événementiel, l'analyse et le conseil notamment au plan culturel et sportif. L'autre société est dans le Btp.
Pourquoi le Btp alors que vous n’êtes pas un homme du milieu ?
On réussit là où on a envie de réussir. J’ai vu des gens qui ont réussi dans ce secteur sans être des hommes du milieu. Serigne Diop disait : il n'y a que le sérieux qui fait votre promotion. Le reste est une question de réseau que le président nous a aidé à tisser.
(première partie de l'entretien)
DAOUDA GBAYA