Après un calme relatif, Bangui replonge dans la violence
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Après une période d’accalmie relative, la violence a de nouveau enflammé ce vendredi la capitale centrafricaine, avec des fusillades à des points de contrôle, la destruction d’une mosquée et une manifestation de colère contre les troupes tchadiennes de la FOMAC/MISCA.
Après une nuit de fusillades et de coups de feu impliquant des soldats tchadiens, la violence a explosé une fois de plus, avec des foules investissant des quartiers musulmans et l’attaque d’un point de contrôle de troupes congolaises qui ont laissé 3 morts sur le carreau chez les Séléka. “Nous sommes ici pour maintenir la paix, si on nous tire dessus, nous répliquons,” a dit un soldat congolais, trois cadavres d’ex Séléka à ses pieds.
Pour ce soldat, deux pick-up remplis de ceux qu’il a identifiés comme des ex Séléka soutiens du Président Michel Djotodia ont ouvert le feu sur leur point de contrôle. De la réaction des militaires congolais, 3 morts chez les assaillants, un des véhicules en feu après un contre tir d’obus.
Aux alentours de Gobongo, une foule a cerné une mosquée et mis en pièces ses deux étages depuis la destruction du toit. Pour la foule, les musulmans ont partie liée avec les troupes tchadiennes dans la FOMAC accusés de tuer des civils. “Leur culture c’est la haine, nous nous ne sommes pas comme ça, toutes les mosquées doivent disparaître,” criait Clavert Bettare, un des manifestants. Derrière lui, des gens portant des crucifix déchirent des Corans et des livres écrits en arabe, d’autres abattent les murs…
Les musulmans composant environ 15% de de la population de la République centrafricaine vivaient jusque là en harmonie avec la majorité chrétienne du pays. Mais le coup au Printemps des rebelles Séléka principalement fait de musulmans, a enflammé les relations, et créé des tensions sectaires, suscitant en retour des attaques par des milices chrétiennes contre les quartiers musulmans; et les forces du président musulman sont également accusées de représailles.
Au milieu, il y a les troupes françaises soutenues par des contingents du Tchad, du Congo, de la Guinée Équatoriale, du Burundi et du Gabon. Les États-Unis se sont engagés à donner 100 millions de $ pour les aider et les équiper.
Des centaines de personnes, des frondes à la main, ont manifesté au marché près de l’aéroport pour exiger la démission de Djotodia et l’expulsion des soldats tchadiens, qu’ils disent le soutenir. “Nous voulons le retour de Francois Bozizé et la fin des militaires tchadiens, ce n’est pas leur pays ici.”
Jeudi, c’est dans un véhicule blindé tchadien que Djotodia est allé rencontrer Samantha Power, l’ambassadrice américaine aux Nations Unies en visite surprise à Bangui, et venue lui rappeler son engagement de se retirer après l’organisation d’élections. Et au moment ou l’avion de l’ambassadrice décollait au coucher du soleil, les coups de feu reprenaient de plus belle.
Les couloirs de l’hôpital communal de Bangui étaient bondés jeudi par les blessés d’un nouveau raid tôt le matin des milices chrétiennes contre des musulmans au Km 5. Les médecins affirment avoir traité au moins 35 personnes blessées, et il y a eu deux personnes décédées suites à leurs blessures. Un jeune homme est allongé à même le sol, 5 trous de balles dans le corps, juste une couverture d’urgence sur lui. On ne cesse de nettoyer les mares de sang….
Un soldat français à un point de contrôle pas très loin d’une mosquée détruite de nous dire “C’est compliqué aujourd’hui”.
AP/LNC