Le marabout Babacar Konté et sa belle-famille se déchirent à la barre
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Le dossier, plaidé hier devant le tribunal de grande instance de Pikine-Guédiawaye, risque de briser à jamais des liens familiaux. Le charlatan Babacar Konté, traîné en justice par sa belle-sœur pour viol suivi de grossesse, pédophilie et charlatanisme, a vu sa femme prendre sa défense. Délibéré vendredi.
Les affaires de mœurs polluent le rôle du tribunal de grande instance de Pikine-Guédiawaye. Mais celle qui a été jugée hier, devant ladite juridiction, est assez particulière. S. Mbaye, âgée de 15 ans, a désigné l’époux de sa sœur aînée comme étant l’auteur de sa grossesse de 7 mois. En fait, la petite, élève en classe de 5e, vit chez sa tante à Sicap Baobab. Pendant les vacances scolaires, elle rend visite, très souvent, à sa mère qui habite à Keur Massar. Durant ses séjours, il lui arrive de se rendre également au quartier Case-ba pour voir sa grande sœur utérine Yandé Mbaye.
Au cours de ses visites en décembre dernier, dit-elle, son beau-frère charlatan lui a proposé des séances de prières dans la chambre où il reçoit ses clients, afin d’ouvrir sa chance dans la vie. Et c’est à ces instants que le marabout Babacar Konté aurait abusé d’elle en lui faisant croire que l’acte sexuel est un élément catalyseur du processus. ‘’Mon beau-frère trouvait toujours un moment d’intimité avec moi, soit lorsque ma sœur est occupée, soit quand elle sort pour une courte durée. La première fois, il m’avait demandé de lui apporter un verre d’eau et de formuler mes vœux afin qu’il m’aide à avoir d’excellents résultats à l’école. Il a mis un produit dans la tasse, car l’eau avait changé de couleur’’, a-t-elle narré.
La victime de soutenir qu’après l’avoir bue, elle a senti, après quelques minutes, une sorte de paralysie générale. C’est là que son bourreau s’est approché d’elle pour enlever ses habits et la violer. ‘’Après son forfait, il m’a supplié de ne rien raconter à personne. Depuis ce jour, quand que je vais chez ma sœur, il en profite pour abuser de moi et je retrouve mes esprits juste après son acte. A chaque fois, il commence par des caresses et des attouchements. Je n’ai pas osé en parler à Yandé, de peur qu’elle ne me croit pas’’, a indiqué S. Mbaye.
Lorsqu’elle est restée deux mois sans voir ses règles, elle s’est rendue à l’hôpital pour une consultation. ‘’On m’a fait savoir que j’étais enceinte. Quand j’ai annoncé la nouvelle à Serigne Babacar, il m’a donné quelque chose à boire tout en m’assurant qu’il ne va rien se passer’’, relate-t-elle.
‘’Le mari de ma sœur est un habitué des faits. Il aime trop les filles’’
Appelée à titre de simples renseignements, Nafi Mbaye, l’une des grandes sœurs de la victime, a enfoncé le prévenu. Selon elle, Bacabar Konté est un habitué des faits. ‘’Il a essayé de faire ça à ma belle-sœur qui a quitté sa chambre en vitesse. De même qu’à une des copines de la petite. Il aime trop les filles. Avant même son mariage avec ma grande sœur Yandé Diop, il me faisait des caresses, mais je l’ai arrêté net’’, a-t-elle révélé. Ainsi, la couturière de formation informe que c’est elle qui a découvert le pot aux roses. ‘’J’ai tout dit à ma mère’’, a avancé Nafi Mbaye. Selon elle, la victime culpabilisait et menaçait de se suicider. Leur maman Maïmouna Mbengue a confirmé les propos. Elle signale qu’auparavant, au mois d’avril, Nafy lui a demandé si elle a constaté que S. Mbaye passait tout son temps à dormir. ‘’Serigne Babacar me disait que, de toutes mes filles, S. Mbaye est sa préférée. Donc, c’est pour elle qu’il va formuler des prières’’.
N’ayant pas commis d’avocat, la partie civile a réclamé 500 000 F Cfa à titre de dommages et intérêts.
L’épouse du prévenu : ‘’Ma mère veut détruire mon mariage’’
Né en 1972, le marabout, père de 3 enfants, a réfuté les délits de viol suivi de grossesse, de pédophilie et de charlatanisme. Il ne reconnaît qu’avoir reçue une seule fois la plaignante dans sa chambre pour une séance de consultation. A l’en croire, tout cela est un coup monté de toutes pièces par sa belle-famille contre lui. ‘’Ma femme m’est témoin’’, argue le prévenu. Interrogée par le juge Firmin René Jim Coly, Yandé Diop, âgée de 32 ans, a fait savoir qu’elle ne croit pas à ces ‘’accusations fallacieuses’’.
‘’C’est une affaire de famille et on ne peut pas tout dire’’, lâche-t-elle. Sur insistance de l’avocat de la défense, Me Serigne Diongue, elle finit par livrer sa part de vérité : ‘’Rien ne peut se passer chez moi sans que personne ne soit au courant. Je ne quitte jamais chez moi, si ce n’est pour aller chez ma mère. S. Mbaye a dit qu’elle a saigné. Mais si elle a été abusée, je l’aurais su. Je ne dis que la vérité, car je suis plus préoccupée par l’avenir de mes petites sœurs que tout autre chose. Ma mère veut détruire mon mariage, comme elle l’a fait avec mes deux précédentes unions.’’
Pour le parquet, ce fait est ‘’bizarre’’, puisque le prévenu a soutenu avoir une relation normale avec sa belle-famille. Toutefois, il a requis l’application de la loi. Le conseil de Babacar Konté a affirmé qu’il n’y a pas de viol dans ce dossier. Me Serigne Diongue a plaidé la relaxe pure et simple au bénéfice du doute. Néanmoins, il a précisé que pour des affaires de ce genre, le tribunal ordonne un test d’Adn, le temps que le prévenu reste en prison. Ceci, pour déterminer qui est le père de l’enfant.
Le juge a mis l’affaire en délibéré pour vendredi prochain.
AWA FAYE