Publié le 16 Oct 2014 - 16:49
CHEIKH HADJIBOU SOUMARE (PRESIDENT DE LA COMMISSION DE L’UEMOA)

“D’ici un an, une réglementation sur les PPP sera prête dans l’Uemoa”

 

Cheikh Hadjibou Soumaré, le président de la commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), a accordé une interview à Acteurs publics. À Paris lors de la réunion de la zone franc, le 3 octobre, il a signé une convention avec Adetef, un des acteurs publics français de la coopération internationale, pour développer les partenariats public-privé (PPP).

 

Vous venez de signer une convention avec Adetef pour élaborer une réglementation en matière de PPP. En quoi est-ce un pas important pour les pays de l’Uemoa ?

Les financements innovants sont devenus un problème important pour les budgets des États, qui ne peuvent pas tout faire, de même que pour les organisations internationales qui nous suivent, pour qui c’est également une contrainte. Il est donc important de se faire accompagner pour avoir un cadre juridique commun et savoir comment nous organiser en matière réglementaire. Sinon, chaque État se dotera de sa propre réglementation car ils ont tous des besoins de financements.

Les PPP sont-ils une solution pour l’Afrique ?

C’est la solution la plus avancée en termes de financement pour les infrastructures en matière d’énergie, de ferroviaire, d’aéroports, de routes, etc. Et comme je l’ai dit, elles nécessitent d’énormes ressources que peuvent de moins en moins supporter les États ou l’aide internationale. Or l’Uemoa en particulier et l’Afrique en général ont besoin d’accélérer leur développement. Nous avons donc besoin d’investisseurs privés pour accompagner et développer tous ces projets d’infrastructures. Il faut, par exemple, que l’énergie soit disponible. Car dans certains pays, elle ne l’est pas ou bien à un coût élevé, ce qui a forcément un impact économique et social.

Quels projets sont-ils aujourd’hui bloqués par manque de financements et qui pourraient être relancés par des PPP ?

C’est par exemple la boucle ferroviaire Abidjan-Ouagadougou-Niamey-Cotonou, qui demande la construction de plus de 1 000 kilomètres de voies ferrées nouvelles. Ou encore la modernisation de la ligne ferroviaire Dakar-Bamako, l’autoroute Abidjan-Ouagadougou. À elle seule, l’Uemoa ne peut financer ces investissements, ils sont trop lourds.

Pourtant, il existe déjà des PPP au sein de l’Uemoa. Pourquoi une réglementation communautaire s’impose-t-elle aujourd’hui ?

En effet, dans mon pays, le Sénégal, il y a eu un PPP avec Eiffage pour la construction de l’autoroute Dakar-Thiès. Et c’est effectivement une réussite. Mais aujourd’hui, il n’y a pas de réglementation communautaire dans ce domaine, alors qu’il existe dans chaque État un embryon de réglementation. L’Uemoa est un espace économique commun, ce n’est donc pas acceptable. Il nous faut un cadre juridique commun pour normaliser cela et rassurer les investisseurs privés.

Cette réglementation doit être souple et ne pas être conçue comme un frein pour les investisseurs. Les PPP sont des contrats à long terme, il faut leur apporter des assurances. Nous ne voulons pas réinventer la roue en matière de réglementation des PPP, c’est pourquoi nous avons signé cet accord avec Adetef. Car nous devons aller très vite pour être au rendez-vous des investissements à réaliser pour le développement de l’Uemoa.

À quelle échéance cette réglementation sur les PPP sera-t-elle adoptée ?

Un assistant technique, avocat de formation, est mis à notre disposition pour un an. Je pense donc que c’est à l’horizon d’une année que cette réglementation sera prête.

Des critiques s’élèvent pour affirmer que les PPP ne sont pas une solution miracle pour l’Afrique, ne serait-ce que parce que les États n’ont pas encore de compétences affirmées dans l’élaboration et le suivi des PPP, face à des acteurs privés très affûtés. Comment y remédier ?

Lorsque vous vous lancez dans quelque chose de neuf, vous rencontrez toujours des insuffisances. C’est sûr qu’il nous faudra des ressources. Et les besoins de formation sont inclus dans l’accord que nous venons de signer. Mais il est aussi de la responsabilité des États de chercher les meilleurs conseillers dans ce domaine, dans le monde s’il le faut – il y a de très nombreux cabinets – et de mobiliser les moyens pour former les Africains aux PPP.

Acteurspublics.com

 

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