Publié le 22 Aug 2014 - 01:43
CINEMA SENEGALAIS

Entre les générations, de grandes figures disparues

 

Momar Thiam était le dernier de la première génération de cinéastes sénégalais. Il a tiré sa révérence mardi matin. EnQuête revient sur les grandes pertes du monde du cinéma sénégalais, de Sembène à Momar Thiam en passant par Mambéty, Alhamdou Sy, Samba Félix Ndiaye, Khady Sylla, etc.

 

Le Sénégal est l’un des premiers pays africains dans l’industrie cinématographique. Il a vu naître son premier film avant même les indépendances avec Afrique-Sur-Seine réalisé par Paulin Soumano Vieyra. C’est un court métrage qui raconte la vie d’étudiants africains à Paris. Ainsi sont signés les débuts du cinéma sénégalais.

Les autres réalisations suivront après les indépendances. En effet, c’est au début des années 1960 que les salles noires accueillent les premiers 16 mm en noir et blanc d’auteurs sénégalais. Paulin Soumano Vieyra revient à cette époque aussi avec son documentaire intitulé ‘’Lamb’’ (ndlr : la lutte, sorti en 1963. Visionnaire, il parlait déjà en 1963 de la menace que représentaient les grands chalutiers pour la pêche dans ‘’Moole’’ (ndlr : le pêcheur) sorti en 1966.

A cette première génération appartient Ababacar Samb Makharam né en 1924 et décédé en 1987. Sa filmographie est riche de trois œuvres dont ‘’Et la neige n’était plus’’ et ‘’Kodou’’. Le réalisateur Cheikh Tidiane Aw rappelé à Dieu en mai 2009 a sorti en 1974 ‘’Le bracelet de bronze’’ dans lequel ont participé les défunts Isseu Niang et Mar Sène. Yves Badara Diagne qui a tiré sa révérence le mardi 26 novembre 2013 est également de cette génération.

Mais le plus dans ce bataillon de réalisateurs reste Ousmane Sembène, mort en 2007. A la postérité, il a légué des films comme « Guélewar » tourné avec des acteurs de renom comme feu Oumar Seck, Thierno Ndiaye Doss, Abou Camara ou ‘’Le mandat’’ avec le célèbre artiste Makhourédia Guèye. C’est à cette génération qu’appartenait aussi El hadj Momar Thiam, celui que l’on surnommait doyen du cinéma sénégalais. Avec sa disparition, le 7e art national perd tous ses pionniers.

Par ailleurs, le cinéma sénégalais n’a pas que perdu sa première génération. Il a aussi perdu beaucoup de ses figures de proue appartenant à la génération suivante. Parmi celles-ci, Djibril Diop Mambéty, le frère de Wasis Diop. L’auteur de ‘’La petite vendeuse de soleil’’ est considéré comme l’un des plus grands réalisateurs africains. D’ailleurs, l’une de ses productions, ‘’Hyènes’’, a été sélectionnée en 1992 en compétition officielle du Festival de Cannes.

Le documentariste et cinéaste Samba Félix Ndiaye est de cette même génération. Décédé le 6 novembre 2009 à Paris, il s’est beaucoup penché sur le genre documentaire. Lui aussi a joué sa partition dans le développement du cinéma sénégalais au même titre que Mahama Johnson Traoré, Thierno Faty Sow, coréalisateur, avec Sembène, du fameux ‘’Camp de Thiaroye’’. De cette génération, on compte encore deux « survivants » : Ben Diogoye Bèye, auteur de ‘’Un amour d’enfant’’, et Moussa Yoro Bathily, maître d’œuvre du long métrage « Tiya Biru » (1978) et du court-métrage ‘’Certificat d’indigence’’.

Il existe une sorte de troisième école du cinéma sénégalais, dont les représentants principaux sont Mansour Sora Wade, Moussa Sène Absa, Moussa Touré et Ousmane William Mbaye, les nouveaux monstres sacrés qui raflent les oscars en Afrique (Fespaco, Carthage, etc.) et pointent le bout du nez en Europe. Mais leur confrère Ameth Diallo n’a pas été épargné par la grande faucheuse. Et il n’est pas le seul.

Décédé à l’âge de 41 ans, El hadji Samba Sarr était très porté sur la cause des enfants. Le réalisateur de ‘’Graines que la mer emporte’’ animait des classes de cinéma pour enfants, chaque été, à la maison de la culture Douta Seck lors de camps de vacances.

Un beau matin d’octobre 2013, dans la stupeur générale, est annoncée la mort de Khady Sylla, une jeune femme prometteuse dont la sœur, Mariama, porte fort heureusement et dignement le flambeau aujourd’hui. ‘’Une simple parole’’, coréalisé par les deux sœurs, a été sélectionné au festival du film de Toronto qui s’est tenu du 4 au 14 du mois courant. Alhamdou Sy, qui a assisté beaucoup de réalisateurs dont Khady Sylla et Mambéty, était lui connu pour ‘’son calme olympien’’. Des réalisations personnelles il en compte, mais il est « parti » le 7 juin 2013… 

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