LE TEMPS DE LA REFONDATION ET DU DEPLOIEMENT COLLECTIF DU « JUB, JUBAL, JUBBANTI »

C’est quoi même « Jub, Jubal, Jubbanti » ?
Sacré Sénégal où les ténors de la nouvelle opposition s’échinent à faire admettre à l’opinion nationale et internationale qu’il vaut mieux mentir, dissimuler les chiffres réels de la dette publique (pour ne pas risquer de faire pâlir l’image usurpée du pays !), que faire preuve de transparence et de sincérité pour s’engager résolument sur la voie du redressement national salutaire ! Ou que, ici aussi pour « l’image » de notre Justice, il faudrait s‘abstenir d’évoquer les brebis galeuses, lesquelles comme dans tous les corps, existent à côté des agents exemplaires et pétris de qualité. Qu’en plus, pour l’image de la vitrine démocratique sénégalaise (bien craquelée) , il faudrait laisser les insulteurs professionnels, les bonimenteurs et autres abonnés à la diffamation, continuer, au nom d’une liberté d’opinion ou de presse travestie, de polluer en toute impunité les plateaux de télé, rédactions de radio ou de journal. Car voyez-vous, nous disent-ils, « ça a toujours marché comme çà », en feignant d’oublier que c’est justement à cause de tels travers que ça n’a jamais réellement marché, ni pour le pays ni pour le peuple ! Ce n’est donc pas étonnant que ce soit ces mêmes gens qui crient à« l’incompétence notoire » pendant que la diplomatie sénégalaise se déploie sans bruit ni trompette pour donner une réalité vivante à l’option d’une coopération internationale gagnant-gagnant, d’abord avec les pays frères voisins, puis la région ouest-africaine et l’ensemble du continent africain, avant l’ouverture au monde entier dans une approche de souveraineté et de diversification des partenaires. Cela en particulier, à une époque où le modèle unique occidental, tant sociétal que démocratique, a fini d’étaler ses limites, ses impasses et son échec patent à vouloir régenter la planète au seul nom de la loi du plus fort, quitte à soutenir le génocide, l’extermination en direct voire l’effacement sans autre forme de procès de toute identité du peuple palestinien martyr !
Plusieurs siècles d‘esclavage, de domination coloniale et néocoloniale ont fait se sédimenter, dans le tréfond du tissu politique, économique, social, culturel, linguistique et idéologique sénégalais, des dégâts incommensurables. Dégâts qui nous imposent d’opérer une authentique révolution culturelle pour le changement décisif des mentalités et des comportements. Il est question en effet, de donner corps à la refondation de l’Etat et de la société, sous-tendue par un puissant mouvement à la fois individuel et collectif de
Jub, Jubal, Jubbanti .
Que signifie donc ce triptyque ? Comment le porter et le faire vivre au cœur de la dynamique de refondation de l’Etat et de la société ? L’objectif est clairement d’arriver à opérer le nécessaire redressement (Jubbanti), ce à tous les niveaux et dans les différents compartiments, en veillant à satisfaire pleinement aux deux conditions critiques que sont d’abord, incarner soi-même la droiture (Jub) ; ensuite, par- delà son propre exemple, amener les autres à pratiquer collectivement la droiture (Jubal). Plus que de simples principes moraux ou éthiques, si essentiels soient-ils, Jub-Jubal-Jubbanti, c’est cet oxygène, ce sang nourricier qui féconde et irrigue l’agenda national de transformation systémique décliné à travers la Vision Sénégal 2050.
Au regard de la situation de ruine morale, économique, financière et sociale léguée par les prédateurs du régime précédent, il est impératif pour le nouveau pouvoir, armé du triptyque Jub-Jubal-Jubbanti, de réussir à bien marcher, pas seulement sur deux mais même sur trois jambes ! En d’autres termes, être capable de voir loin et de faire voir loin ; et en même temps, grâce à des résultats concrets et immédiats- même limités, prouver le mouvement en marchant ; continuer ainsi d’entretenir la proximité avec les larges masses populaires, maintenir leur confiance à l’égard d’elles-mêmes et des nouvelles autorités, leur foi en leur capacité à changer positivement l’ordre social, dans la lucidité, la vigilance, la patience, la détermination et l’optimisme. Faut-il alors le souligner, si Jubbanti vise essentiellement à REDRESSER le chemin de la mal-gouvernance, du mal-développement et du mal-être social qui a mené à la faillite du régime précédent, il consistera aussi à NOUS RECTIFIER NOUS-MEMES, à la lumière de la critique et de l’autocritique de notre propre pratique à l’épreuve de quelque 15 mois d‘exercice du pouvoir à la tête du Sénégal.
A cet effet, les trois étapes ci-dessous doivent être considérées et articulées correctement en vue du déploiement optimal de la stratégie nationale de transformation. En effet, si l’An 1 est tout à fait normalement celui de l’analyse de l’état des lieux (la situation de référence), les années 2 et 3 sont celles de la transition pour la mise en place des nouveaux leviers ou dispositifs, à la fois politiques, institutionnels, économiques, financiers, budgétaires, culturels, sociaux, communicationnels et autres, susceptibles, durant les années 4 et 5, d’être les supports efficaces de déroulement, maitrisé au fur et à mesure, de la stratégie nationale de développement 2024-2029. Celle-ci correspond au mandat actuel du président Bassirou Diomaye Faye, en tant que premier jalon dans la mise en œuvre de l’agenda national de transformation systémique « Vision Sénégal 2050 ».
Jub-Jubal-Jubbanti et quelques chantiers prioritaires
Au terme du quinquennat en cours, il sera possible de procéder objectivement au bilan exhaustif de l’actuel mandat présidentiel, faits et chiffres à l’appui, afin d’en tirer les enseignements essentiels, positifs mais aussi négatifs, destinés à nourrir de façon féconde les étapes suivantes, dans tous les domaines et à tous les niveaux.
Sur cette voie, il sera important d’identifier et de neutraliser les inévitables forces d’inertie et de conservatisme cherchant, consciemment ou non, à freiner le processus ou à le tirer en arrière. Parmi elles, il y a la force des mauvaises habitudes tenaces, entretenues et même érigées en normes ou invariants intouchables. Il y a par exemple l’héritage et l’ancrage de « l’immuable protocole » précolonial, colonial et néocolonial, avec ses codes et ses privilèges. Il y a aussi bien souvent, dans nos propres rangs, ceux et celles qui, peut-être même en toute bonne foi, clament tout haut qu’après le défunt régime, « c’est maintenant notre tour », en d’autres termes, à nous à présent de jouir des « délices ou lambris dorés du pouvoir » !!! Souvenez-vous, dans ce sens, de ce haut responsable s’éclatant la mine réjouie, dès l’inauguration de l’alternance en 2000,: « A présent, nos soucis d’argent sont terminés ! » Mais il y a aussi et surtout les tenants du système, maintenus ou oubliés dans les rouages de « l’Etat profond » à des positions parfois insoupçonnées de décision et d’influence, au service de la perpétuation de l’ordre ancien. Une telle configuration laisse entrevoir la nécessité d’un effort, mieux d’une exigence, à la fois de formation, de vigilance ainsi que de lutte soutenue contre tous les fossoyeurs de la marche en avant du combat du peuple pour l’alternative, la souveraineté, la justice, la dignité, le progrès et l’épanouissement partagés.
Cela suppose la pleine aptitude à prendre à bras le corps les grands chantiers de la directive Jub-Jubal-Jubbanti telle qu’explicitée plus haut., c’est-à-dire, à la fois, une directive et une direction de travail pour une gouvernance vertueuse de transformation individuelle et collective. Le grand révolutionnaire russe, Vladimir Ilitch Oulianov dit Lénine, dans une tournure géniale à la fois de concision et de profondeur, résumait le socialisme en deux mots : « l’électricité et les soviets »! En d’autres termes, 1) réunir les conditions matérielles d’un développement économique soutenu et durable par la maitrise, notamment, du secteur stratégique de l’énergie, pour l’accélération de l’industrialisation structurante et la modernisation de l’agriculture, base du développement national ; 2) assurer en même temps l‘édification du pouvoir du peuple (les soviets) fondé sur la représentation directe et la responsabilisation des différents détachements du peuple, exerçant une démocratie participative, inclusive et novatrice, dans la conviction forte que « l’être humain est le capital le plus précieux ».
Le Premier Ministre Ousmane Sonko a annoncé la présentation prochaine d’un PLAN DE REDRESSEMENT NATIONAL qui devrait lui permettre, dans l’optique de REDRESSER-IMPULSER-ACCELERER, d’adresser les grands chantiers prioritaires autour desquels le peuple sénégalais, dans ses différentes composantes, est appelé à se mobiliser de façon consciente, organisée et déterminée. En attendant cette présentation, nous nous limiterons ici à quelques aspects essentiels. D’abord, la poursuite ferme de l’exercice républicain de reddition des comptes, à travers une justice indépendante et égale pour tous, afin d’amener tous les voleurs, quels qu’ils soient, à rendre gorge et, ainsi, de dissuader toute récidive ou tentation nouvelle. En même temps, assumer, au nom de l’Etat de droit véritable, la lutte résolue contre l’impunité, y compris des auteurs de crimes de sang, ce malgré les cris d’orfraie de prétendus « héros politiques intrépides » dont le discours se résume à l‘ injure, à la diffamation et à la désinformation. Ils prétendent s’élever contre ’’ les dérives dictatoriales d‘une justice des vainqueurs’’ ! Mais alors, qu‘ils commencent par nous citer un seul exemple de paye dans le monde où s’exercerait « une justice des vaincus » !
La refondation de l’Etat et de la société sur la voie tracée par les Conclusions des Assises Nationales du Sénégal et l’Avant-Projet de Constitution de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI), créera une architecture constitutionnelle et institutionnelle plus favorable à la participation et au contrôle citoyens, et plus apte à mettre fin au présidentialisme néocolonial, ce à travers la séparation fonctionnelle et l’équilibre effectif des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, afin de faire du parlement le lieu par excellence d’impulsion des politiques et du débat publics. De telles dispositions, loin de traduire une quelconque volonté d’accaparement de la part d’un prétendu « Etat pastéfien », ont déjà fait en réalité l’objet d’un large consensus national dans le cadre du processus participatif, inclusif et décentralisé conduit par feu le Professeur Amadou Makhtar Mbow de 2008 à 2013, dans le cadre des Assises et de la CNRI. Monsieur Ousmane Sonko a signé à deux reprises la Charte de Gouvernance Démocratique des Assises, en 2009 en tant que SG du Syndicat des Agents des Impôts et Domaines, puis en 2010 au nom du parti Pastef après sa création. Cerise sur le gâteau, le candidat de Pastef à la présidentielle de Mars 2024, Monsieur Bassirou Diomaye Faye alors en prison, fait partie des rares postulants à avoir signé (par le biais de son représentant le professeur Sidy Alpha Ndiaye), le Pacte de Gouvernance Démocratique, inspiré des Conclusions et Recommandations des Assises Nationales et proposé à la signature des candidats par les acteurs de la société civile sénégalaise.
Les manipulateurs et autres esprits tordus, qui prient jour et nuit pour l’existence de dissensions ou de conflits de pouvoir entre le PR et son PM, devront encore garder patience et ronger leur frein ! La révision attendue de la Constitution sera l’occasion de mettre les pendules à l’heure pour tout le monde. Révision qui, dans la foulée, permettra aussi de créer les conditions légales optimales pour les harmonisations avec les résultats issus des différentes Concertations ou Assises, les mises en cohérence et mises à jour arrivées à maturité, y compris l’abrogation de certaines dispositions législatives ou réglementaires telles que, exemples symboliques, les Articles 80 et 254 du Code Pénal ou « l’Arrêté Ousmane Ngom » du 20 juillet 2011, dispositions réputées liberticides, en vigueur depuis l’ancien système, de Senghor à Sall en passant par Diouf et Wade. A ce stade, il sera temps de valoriser pleinement des apports constitutifs de notre patrimoine historique et culturel tels que la Charte du Mande ou Le Serment des Chasseurs remontant à 1222, ou encore plus près de nous, les Recommandations de Thierno Souleymane Baal et de la révolution toroodo de 1776, en tant que principes de gouvernance et règles partagées du vivre-ensemble dans une société organisée, replacés bien évidemment dans leur contexte et leur perspective historiques.
Par ailleurs, puisque notre pays le Sénégal mise avant tout sur le capital humain, le capital le plus précieux, la refonte de notre système d’éducation et de formation reste une exigence fondamentale, articulant notamment diverses préoccupations portant, entre autres sur l’éradication de l‘analphabétisme et la promotion résolue de nos langues nationales dans tous les domaines d’activité, l’adaptation des curricula à la fois à nos valeurs, réalités et besoins, le soutien accru au développement des sciences, techniques et technologies- même si, c’est ma conviction, tous les talents sont importants pourvu qu’ils contribuent à la libération et à l’épanouissement de la nation.
Les conditions de vie, le coût de la vie et le pouvoir d’achat des larges masses populaires des villes et des campagnes occuperont sans nul doute une place importante dans le Plan de Redressement évoqué plus haut. Plan non pas imposé, comme bien souvent, par « les partenaires extérieurs », mais élaboré par nous-mêmes et pour nous-mêmes en toute souveraineté, responsabilité et connaissance de cause. Le succès de sa mise en œuvre demandera à coup sûr patience et sacrifices, portés par une communication proactive s’appuyant sur une pédagogie de la proximité et de l’inclusion, de l’exemple, de la sérénité et de la vérité.
Sous cet éclairage, il importe de cultiver un rapport proactif de confiance et de respect avec les travailleurs- ainsi qu’avec le patronat national-, leurs revendications légitimes et leurs luttes, à travers une capacité avérée d’anticipation, d’ouverture et d’écoute attentive. Une pédagogie appropriée, par l’exemple et par le haut, s’avèrera incontournable pour construire et constituer une véritable force d’entrainement : la réduction ciblée du « train de vie de l’Etat » donnera un signal fort et suffisamment éloquent quant à la volonté assumée et à l’engagement des plus hautes autorités et principaux responsables de notre pays, à prendre la tête du mouvement collectif du Jub-Jubal-Jubbanti pour la rupture et la transformation systémiques.
Jub-Jubal-Jubbanti et de nouveau, à propos du difficile changement des mentalités et des comportements
Certes, il n’est pas de bataille plus difficile à gagner que celle du changement durable et décisif des mentalités et des comportements, pour ancrer solidement la culture du mérite, de la discipline et de la citoyenneté responsable, la mystique de l’effort, du travail bien fait et de l’excellence : Changeons-nous-mêmes pour changer le Sénégal et l’Afrique, telle est la quintessence de la directive Jub-Jubal-Jubbanti. A nous tous et toutes, citoyens et citoyennes, de nous y engager, individuellement et collectivement, avec la conviction que c’est là, la voie du progrès et du salut communs, contre tous les ennemis, de l’intérieur comme de l’extérieur. Contre leurs divers lobbys ou relais médiatiques, économiques ou socio-culturels, leurs manœuvres et manigances, jusques-et y compris le recours aux tentatives de déstabilisation et l’incitation cynique aux menaces terroristes. C’est pourquoi plus que jamais, un parti fort et bien structuré, soudé au peuple sur la base d’un leadership éprouvé, l‘adhésion populaire et la mobilisation massive, consciente, organisée et déterminée restent en définitive la clé de la victoire, tant il demeure vrai que ce sont les masses qui font l’histoire.
Fait à Dakar le 09 Juillet 2025
Madieye Mbodj,
Vice-Président de Pastef-Les Patriotes