Publié le 7 Aug 2012 - 22:45
CONFIDENCES DE PRISONNIERS SÉNÉGALAIS

L'enfer des geôles mauritaniennes

 

Les prisonniers sénégalais de la prison de Dar Naim vivent dans de mauvaises conditions de détention. Profitant de la visite des responsables de la communauté sénégalaise, ils ont laissé entendre leurs misères.

 

 

Ils sont une quarantaine de Sénégalais à souffrir le martyre dans la prison de Dar Naim, dans la banlieue de Nouakchott, à 15 km du centre ville. Ils ont profité de la visite des autorités sénégalaises, dans le cadre d'une opération Ramadan, pour étaler leurs misères. Diakhaté A., Ndiaye S. et Khadim D. ont eu l'occasion de dénoncer leurs mauvaises conditions carcérales et demandé de l'aide. ''Nous souhaitons que nos conditions de détention soient améliorées et que l’on pense à notre jugement pour décider de notre sort'', a laissé entendre Diakhaté qui vient de boucler un an de séjour carcéral préventif. D'autres attendent depuis plus longtemps d'être édifiés sur leur sort. Ce que dénonce Ndiaye S : ''Certains ont fait deux ans de détention préventive, d’autres plus.''

 

 

Ces prisonniers fondent beaucoup d'espoir sur les autorités sénégalaises pour sortir de cette galère. Ils l'ont clairement signifié. ''Nous demandons une assistance judiciaire à nos autorités. Nous sommes là, par erreur. Car certains sont accusés de vol à tort, d’autres pour des motifs légers'', a-t-il indiqué, le visage triste. Leur codétenu Khadim D. ne dit pas autre chose. Il est accusé de vol de portables. Depuis un an et trois mois, il est sans jugement. ''Ici, ce n’est pas notre place, dit-il, amer. Notre séjour carcéral est très dur, en tant qu’étrangers, surtout dans un pays où il fait si chaud''. Cette situation est encore pire pour leurs familles respectives qui ont besoin d'eux. À cela s'ajoutent d'autres misères. ''J’ai pris un avocat qui m’a escroqué'', raconte Khadim D. A en croire notre interlocuteur, des prisonniers congolais ont été graciés, alors que les Sénégalais ont été laissés en rade. ''Le régime de Wade n’a rien fait pour nous'', soutient-il.

 

 

Aussi fondent-ils beaucoup d'espoir sur le nouveau régime. Les détenus sénégalais en Mauritanie sont au nombre de 75 : Nouadhibou (12 dont 3 femmes), Aleg (22) et Nouakchott (41 dont une femme). Ils espèrent que le Président Macky Sall mettra à profit sa visite projetée en Mauritanie, après le Ramadan, pour discuter avec son homologue mauritanien de leur sort. En effet, les détentions préventives sont un sérieux problème en Mauritanie. Le bâtonnier de l’ordre national des avocats de Mauritanie, Me Ahmed Salem Bouhoubeyni, indiquait dans un rapport sur la justice publié le 4 août 2012 que des ''prisonniers attendent encore de comparaître devant un juge, depuis 2006''. En Mauritanie, ''une personne peut attendre 6 ans pour être jugée''. Dans ce rapport, il pointait du doigt les tares de la justice mauritanienne, en fustigeant ''le recours à la torture et aux traitements cruels inhumains et dégradants, le règne de l’arbitraire, les violations des droits de l’Homme et le recul des libertés''.

 

 

Ibou Badiane

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