Publié le 16 Oct 2015 - 19:24
CONSTRUCTION D’INFRASTRUCTURES DANS LES UNIVERSITES

De la volonté, des retards et la nécessité de vigilance

 

Dire que le ministère de l’Enseignement supérieur n’a rien fait serait sans doute du nihilisme. Au terme de la tournée du ministre Mary Teuw Niane, l’on se rend compte que des efforts considérables sont en train de se faire en termes d’infrastructures et de dotation en matériels. Cependant, des retards considérables sont parfois notés dans l’exécution des travaux. Il s’y ajoute que les mauvaises habitudes des entreprises, conséquences de ces retards, se font encore sentir. D’où la nécessité d’avoir un suivi très serré.

 

Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a bouclé mardi sa tournée de six jours à travers les régions abritant des universités et centres de formation. Un périple qui l’a conduit à Ziguinchor, Kolda, Diourbel, Bambey, Thiès et Saint-Louis.  Les différentes étapes ont permis à Mary Teuw Niane et à sa délégation de constater l’évolution des chantiers. Le premier constat à ce niveau est qu’il existe aujourd’hui une volonté réelle de doter les universités sénégalaises d’infrastructures et de matériels.

Une volonté qui se traduit également en actes visibles dans les différentes localités. Il existe en effet des dizaines de projets dont l’objectif est de créer des conditions de travail optimales pour les étudiants et les enseignants. Les salles en construction se comptent par  centaines à travers le Sénégal. Les unes servent de salles de TP ou de cours, les autres de bureaux pour les enseignants. Un nombre important d’amphithéâtres allant de 150 places à plus de 1000 places sont aussi en cours ou déjà terminés. Tout cela sans compter les espaces numériques ouverts destinés à l’Université virtuelle du Sénégal et l’ISEP de Thiès. Des institutions sont également dotées de matériels pour des centaines de millions. L’Université de Bambey par exemple a même du matériel, sans que les locaux ne soient prêts.

Tout le long du parcours, Mary Teuw Niane n’a cessé de le répéter et d’insister sur la comparaison. L’Etat va injecter 302 milliards en 5 ans dans l’enseignement supérieur. Cela représente le double de ce qui a été fait de l’indépendance à nos jours. C’est sans doute ce qui a séduit les représentants des différentes institutions publiques ou privées invitées. Les parlementaires, les parents d’élèves, la COSYDEP ont tous décerné un satisfecit au ministre.

Mais la tournée aura permis de relever aussi une forte inégalité entre les universités, les régions de façon générale. Sur les différents chantiers en cours, il ne fait aucun doute que Saint-Louis est l’université la mieux pourvue. Non seulement les infrastructures sont très importants en nombre, mais elles sont pratiquement à la phase terminale, pour ne pas dire qu’elles sont déjà terminées. Dans une énumération qui ne prétend pas à l’exhaustivité, il y a 19 salles de TP, un grand bâtiment d’un amphi de 1000 places, un auditorium de 1000 places et 21 salles destinées à des cours ou servant de bureau.

Des retards considérables

Un amphi de 500 places accompagné de salles de classe. Sans compter les 16 classes de 70 places chacune dont les 4 sont déjà livrées et les 12 en phase finale. Dans cette liste figurent également les trois salles préfabriquées de 250 places chacune, ainsi que l’extension de la BU qui lui permettra de passer de 400 à 1200 places, si jamais les travaux se terminent.

L’université de Dakar a aussi sa part non négligeable. Le bâtiment de la faculté de médecine composé d’un amphi de 800 places et de salles de TP et bureaux est presque terminé. La construction de 10 salles de TP pour la faculté des Sciences a déjà démarré. L’institut Confucius avance bien. La réfection des amphis A et B de la faculté de Droit a débuté. L’université a aussi de nouveaux locaux. Il s’agit des 14 villas libérées par l’armée française et baptisées UCAD III. Les 7 écoles doctorales et d’autres institutions y sont logées. Une série de réfections est prévue. Sont concernés : le rectorat et l’office du bac, l’amphi Mbaye Guèye, l’auditorium, les amphis communs…

L’université Assane Seck de Ziguinchor par contre n’est pas bien servie, du moins en termes de réalisation. En effet, si tous les chantiers étaient achevés, Ziguinchor aurait de quoi se consoler. Au cours de la visite du ministre, les étudiants ne cessaient de se plaindre dans les coulisses, du fait que leur université a accusé les retards les plus importants dans l’exécution des travaux. Près de 80 salles sont en construction à travers les différents instituts et UFR, en plus de deux amphis de 500 places, un de 800 places et au moins 7 amphis de 150 places. Le problème fondamental, c’est que la quasi-totalité de ces chantiers sont à l’arrêt ou n’ont pas encore démarré.

Kolda qui est la région sœur connaît un meilleur sort. Deux de ses trois chantiers sont à un rythme appréciable. L’université de Bambey n’est pas loin de la même situation que connaît Ziguinchor. Certes deux blocs pédagogiques sont achevés en plus de la cité des enseignants qui avance à grand pas, sans compter l’ENO de Diourbel, mais son projet phare qui est le PGF-sup a du mal à prendre forme ainsi que sa bibliothèque qui date de 2008 et non encore terminée.

L’université de Thiès vient fermer la marche. Babacar Dieng du SAES a sans doute raison de dire que de toutes les universités, Thiès est celle qui ressemble le moins à une université. En dehors de l’ex-ONCAD et de l’hôtel des rails, pratiquement aucun chantier n’est terminé. Tous le long de la visite, on n’a presque pas vu une nouvelle construction qui prend forme. Tous les nouveaux chantiers, bien que nombreux, sont à l’étape de terrassement, et les anciens à l’arrêt. Pourtant Thiès a fortement besoin d’infrastructures, car l’université loue des maisons pour fonctionner. D’après le recteur, 70 millions annuels sont payés pour la location.

Des entreprises tricheuses

Entre outre, il y a un grand défi que le ministère et ses partenaires doivent relever : celui de l’achèvement des chantiers. Dans toutes les universités, il y a eu des chantiers qui sont en retard. Certains projets qui datent de 2008 et même au-delà ne sont pas encore finis. Ce n’est pas pour rien qu’à Ziguinchor, Mary Teuw Niane s’en est pris violemment à l’agence de construction des bâtiments et édifices publics. Particulièrement à sa directrice Socé Diop Dionne. ‘’Je devais organiser cette visite en septembre. Je l’ai annulé parce qu’elle devait effectuer le pèlerinage  à La Mecque. J’ai attendu son retour pour le faire, mais je ne l’ai pas vue. Lorsque l’agence gère pour le ministère plus de 40 milliards de budget en infrastructures, je crois qu’elle doit être là. Je ne peux pas comprendre qu’elle ne soit pas ici, et qu’on nous envoie des agents subalternes.’’

Il est donc important d’être vigilant sur la suite des chantiers. Car, en dépit des retards, il y a certains indices qui indiquent que les mauvaises habitudes ne sont pas loin. Dans beaucoup de chantiers, les entreprises ont fait semblant de travailler, alors que ce n’est pas le cas. A Thiès, par exemple, au palais des congrès, l’entreprise GETRAN a attendu la visite du ministre pour déposer quelques camions de sables sur le site. Il suffit de jeter un coup d’œil pour voir les traces des pneus. Ce même subterfuge a été remarqué dans le centre médico-social de Bambey.

Toujours à Thiès, dans le cadre du projet PGF-sup, une fois sur le terrain, l’on se rend compte que les ouvriers étaient venus tromper la vigilance du ministre et non travailler. Les quelques coups de pioches reçus par le sol l’ont été le jour même. Et enfin à Bambey, l’entreprise a envoyé des éléments de charpente pour la toiture à la veille de l’arrivée du ministre. Tout cela sans compter les velléités de changer les normes techniques retenues depuis l’appel d’offres. C’est dire donc qu’il y a certes une volonté accompagnée d’un investissement important, mais que si le suivi n’est pas fait correctement, tout peut tomber à l’eau, au grand dam de la communauté universitaire.

Seydi Ababacar Ndiaye 

‘’Le SAES a préféré recevoir plutôt qu’accompagner le ministre’’

La tournée du ministre de l’Enseignement supérieur était une réponse à une invitation du SAES. En effet, c’est le syndicat des enseignants du supérieur qui  avait suggéré à Mary Teuw Niane d’effectuer une visite de terrain sur les chantiers en cours dans les différentes universités. Le syndicat ne pouvait donc pas manquer d’être invité. Si le SUDES a envoyé un représentant, il a été constaté que le SAES n’était pas membre de la délégation. Joint par téléphone, le secrétaire général Seydi Ababacar Ndiaye déclare : ‘’le SAES a préféré recevoir plutôt qu’accompagner le ministre.’’

En fait, explique-t-il, le format proposé par le ministère ne lui convient pas. Le syndicat avait demandé qu’il y ait le ministre et son cabinet, les enseignants et les facilitateurs. Ce qui n’a pas été le cas. ‘’Nous ne pouvons pas accepter d’être noyés dans une délégation de 65 personnes. Nous avons trouvé la délégation un peu extravagante’’. Ainsi, le SAES a retenu l’option de laisser les sections locales exposer les problèmes, eux qui connaissent mieux ce qui se passe. Notre interlocuteur précise qu’il ne s’agit pas d’une démarche conflictuelle. D’ailleurs, le Saes se félicite du fait qu’avec la pression des nouveaux bacheliers, le ministre a compris qu’il est urgent de terminer les infrastructures. 

BABACAR WILLANE

 

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