Trois jours de deuil national après la bousculade mortelle d'Abidjan
Une soixantaine de personnes ont été tuées et une cinquantaine d'autres blessées dans une bousculade pendant les festivités de la nuit du Nouvel An à Abidjan. Le président Alassane Ouattara a décrété un deuil national de trois jours à compter du mercredi 2 janvier. Une enquête des services de sécurité est en cours pour déterminer les circonstances exactes du drame.
Des tas de chaussures et de vêtements étaient encore éparpillés sur la chaussée, traces de la bousculade survenue vers 02h00 du matin dans le quartier administratif du Plateau (centre). Selon les autorités, plus de 50 000 personnes étaient rassemblées dans l'enceinte du stade Félix Houphouët-Boigny pour assister aux feux d'artifice de la Saint-Sylvestre.
D'après le chef des sapeurs-pompiers militaires d'Abidjan, le lieutenant-colonel Issa Sakho, la bousculade a fait « 61 » morts. De son côté, le gouvernement a parlé de « 60 morts », dont la moyenne d'âge est de 18 ans.
« C'est un véritable drame pour ce jour de l'An », « nous sommes tous sous le choc », a réagi le président Alassane Ouattara, venu sur les lieux. Il a décrété un deuil national de trois jours à compter de mercredi.
Quarante-neuf blessés, dont deux dans un état très grave, ont été évacués par les secours vers des centres hospitaliers de la capitale économique de la Côte d'Ivoire. Une cellule de crise a été mise en place pour les familles.
Enquête
L'accident a eu lieu près du grand stade de la ville, à la fin des feux d'artifice, lorsque les spectateurs repartaient vers leurs quartiers. Le ministre de l'Intérieur, Hamed Bakayoko, a affirmé que les « circonstances précises » du drame « font l'objet d'enquêtes par les services de sécurité ». Selon une responsable policière, la bousculade s'est produite quand deux flots de spectateurs se dirigeant en sens contraire se sont rencontrés, d'autant que des troncs d'arbres se trouvaient par terre.
Les secours ont « mis du temps pour arriver », a souligné une source sécuritaire interrogée par l'AFP. « Cela révèle la faible capacité de réponse ivoirienne en termes de sécurité », s'est inquiété un diplomate.
Nombreux enfants blessés
Parmi la quarantaine de blessés évacués à l'hôpital de Cocody (quartier chic du nord d'Abidjan), où s'est rendu le président Ouattara, figuraient de nombreux enfants d'une dizaine d'années, visiblement sonnés.
Zeinab, mère de famille d'une quarantaine d'années, a retrouvé à cet hôpital l'un de ses deux enfants qui l'accompagnaient pour le spectacle. Son petit garçon, allongé sur un lit, était encore groggy. La maman elle-même avait encore « mal partout » et, soulevant son grand boubou, montrait les éraflures sur son corps. « Je ne sais pas ce qui s'est passé mais je me suis retrouvée couchée par terre avec des gens qui me piétinaient, me tiraient les cheveux ou me déchiraient les vêtements ».
Pour la deuxième année consécutive, la ville d'Abidjan avait offert des feux d'artifice pour marquer le passage du Nouvel An. Ces festivités, de même que les illuminations de Noël, étaient présentées comme un symbole du renouveau du pays vanté par le régime Ouattara, après la crise postélectorale de décembre 2010-avril 2011 qui a fait environ 3 000 morts. Dans son discours de voeux lundi soir, le chef de l'État avait délivré un message résolument optimiste.
JeuneAfrique