L'époux se réjouit de 15 ans de travaux forcés
Condamné en première instance aux travaux forcés à perpétuité, le berger Ndamary Mamadou Dia a été sauvé de la prison à vie. La Cour d’assises d’appel de Dakar l’a condamné à 15 ans de travaux forcés pour le meurtre de sa femme.
Lorsque Mamady Diané, le président de la Cour d’assises d’appel de Dakar, lui a notifié après délibéré qu’il avait six jours pour se pourvoir en cassation, Ndamary Mamadou Dia s’est mis à remercier les juges. ‘’Je suis satisfait de la décision’’, s’est réjoui l’accusé qui venait d’être condamné à 15 ans de travaux forcés. Seulement Mamady Diané n'a pas tort d'être satisfait, parce qu’il vient d'échapper à la prison à vie. Âgé de 38 ans, la Cour d’assises de Saint-Louis l’avait condamné en novembre 2009, aux travaux forcés à la perpétuité. Hier, le berger a demandé une réduction de la peine. Il l’a obtenue, malgré le veto de l’avocat général Abdou Karim Diop. Celui-ci voulait une confirmation du jugement de première instance. Car, le parquetier estime que Ndamary a tué délibérément son épouse, le 15 décembre 2007, dans le village de Mboule Gawdi, à Matam. L’accusé a soutenu le contraire, en se réfugiant derrière des troubles psychiques, bien que devant les gendarmes et à l’instruction, il ait déclaré qu’il soupçonnait sa femme d’infidélité. C'était à la veille de la fête de tabaski et il n’avait pas d’argent. Sa défunte femme était sortie, malgré son interdiction. ‘’Elle est revenue avec de l’argent et des cadeaux. Je lui ai demandé des comptes et on s’est disputés. Je l’ai battue et elle s’est défendue, en s’agrippant à mes parties intimes. J’ai pris mon couteau et je lui ai tranché la gorge’’, soutenait Ndamary.
''L'accusé devait être interné, après la Tabaski''
Mais hier à la barre, il a laissé entendre que son épouse était une femme exemplaire et qu’il n’a jamais eu de soupçon sur elle. Par conséquent, ce qui est arrivé est un accident puisqu’il lui a administré un coup de couteau sans réfléchir. Réfutant avoir tranché la gorge à son épouse, l’accusé a soutenu qu’il n’était pas conscient de son acte. ‘’J’étais épris de ma femme, comment je peux la tuer. J’étais simplement sous l'emprise d'une force irrésistible et je n’étais pas tout à fait conscient’’, s’est-il défendu. Et d’ajouter avec regret : ‘’Si je savais que les choses allaient finir en drame, je ne lui aurais jamais interdit de sortir.’’ Entendu, l’oncle de l’accusé a tenté d’attester la thèse d’un déficit mental. Il dit être toujours surpris par l’acte de Ndamary d’autant que, souligne-t-il, lui et son épouse étaient très épris l’un de l’autre. ‘’Comment un homme peut-il tuer sa femme et aller se coucher tranquillement ?’’, s'est-il demandé. C’est fort de ces éléments que Mes Domingo Dieng et Bruce Benoît ont sollicité une expertise médicale. Ils ont estimé que leur client méritait, depuis son arrestation, de bénéficier de l’application de l’article 50. Surtout qu’au cours de l’interrogatoire, Ndamary a été consulté à l’hôpital psychiatrique de Thiaroye et de Fann. Selon ses dires, il devait être interné, après la tabaski. Malheureusement, il a commis le crime entre-temps. C’est pourquoi à défaut d'une expertise médicale, ses conseils ont plaidé la clémence de la Cour qui a tendu la perche à Ndamary Mamadou Dia.